FNH N° 1106

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SANTÉ

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 27 & VENDREDI 28 AVRIL 2023

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la responsabilité sociale des hôpitaux en Afrique, révélés par notre travail, sont nombreux et intriqués. Nous les avons regroupés en quatre grandes catégories. • Les facteurs liés aux patients - Les facteurs sociodémographiques, notamment le niveau d’instruction et le contexte culturel du patient ont

un impact sur le déroule- ment des soins selon les médecins. En effet, ces derniers rapportaient des conduites entravant la prise en charge thérapeu- tique, tels le recours à la médecine traditionnelle et

Au Maroc, 36.500 patients bénéficient d’hémodialyse chronique, et les pays d’Afrique du Nord desservent 93% de la population africaine sous dialyse du continent.

aux herboristes, ainsi que des difficul- tés de compréhension des protocoles thérapeutiques. Ces constats étaient plus observés selon les médecins interrogés chez les patients de faible niveau d’instruction et pourraient être liées à l’environnement socioculturel et aux croyances des patients. - La coopération des patients : L’observance thérapeutique et l’ad- hérence aux recommandations des soignants en termes de régime ali- mentaire, prescription médicamen- teuse et respect des rendez-vous de consultation et d’hospitalisation, sont étroitement liés aux facteurs sociodé- mographiques des patients selon les médecins et ont un impact direct sur la qualité des soins. - Type et sévérité de la maladie : Les pathologies sévères ou requérant des protocoles thérapeutiques complexes ou de longue durée représentent un véritable défi pour les médecins afri- cains. Du fait du manque de moyens logistiques et financiers et la non- adhérence subséquente des patients et leurs familles. • Les facteurs liés aux médecins - La motivation et l’engagement des médecins est un facteur détermi- nant de la qualité des soins selon les médecins interrogés, qui estimaient par ailleurs que les conditions et l’en- vironnement de l’hôpital étaient insa- tisfaisants pour les soignants. - L’absence de plusieurs spécialités : chirurgie vasculaire, réanimation, ser- vice de laboratoire, anatomie patholo- gique, radiologie… - La fuite des cerveaux est un problème majeur en Afrique, rapporté notamment par les néphrologues subsahariens.

• Les facteurs liés à la structure hos- pitalière - Leadership et gouvernance : la ges- tion et l’organisation de la structure hospitalière. - Les infrastructures inadaptées, le nombre insuffisant d’hôpitaux spécia- lisés, la non-disponibilité et la non- production locale des médicaments et outils diagnostiques. • Les facteurs liés au système de santé - Les ressources limitées, les faibles budgets alloués à la santé dans plu- sieurs pays du continent ainsi que l’absence de couverture sanitaire uni- verselle. - Absence d’un système de réfé- rence bien établi des patients, d’où les références tardives des patients aux stades avancés de l’insuffisance rénale chronique ou en urgence pour des complications évitables. Ainsi, ces facteurs entravant, selon les médecins, la responsabilité sociale dans les hôpitaux africains pourraient être globalement synthétisés comme suit : - Le sous-effectif des professionnels de santé concerne la fuite des cerveaux et l’absence de nombreuses spéciali- tés médico-chirurgicales. - Le faible nombre d’hôpitaux et des structures de soins. - Le coût des soins et l’absence de cou- verture sanitaire universelle. - Leadership et gouvernance. - Le financement de la santé dans la région africaine. - La faiblesse des systèmes nationaux

d'information et de recherche. - La pénurie des technologies de l'in- formation et des communications. F.N.H. : Avec cet ouvrage scien- tifique, votre engagement de médecin-néphrologue a pris le dessus sur Intissar Haddiya, la romancière. Le ressenti est-il le même entre la réalité du terrain et la fiction de la narration pro- prement littéraire ? Pr I. H. : Vous savez, je suis à la fois médecin enseignante-chercheuse et romancière. Et ces deux facettes de ma personne cohabitent depuis très longtemps, sans qu’aucune ne prenne le dessus sur l’autre. La médecine, c’est ce rêve d’enfant que j’ai vu se concréti- ser au prix de beaucoup d’efforts et que j’exerce concrètement au quotidien en étant utile pour mes patients. Pour ce qui est de l’écriture, c’est une passion qui m’a accompagnée depuis long- temps. Sa dimension cathartique m’a toujours été d’une précieuse aide aux moments les plus délicats. Ce sont là deux facettes de ma personne qui sont indissociables. Deux passions qui se complètent. Mon écriture a certes beau- coup gagné en inspiration et en matu- rité du fait de mon exercice de médecin hospitalier. Car l’art de soigner, de sou- lager la douleur, être le réceptacle de la vulnérabilité humaine dans ses diverses composantes, confèrent, à la longue, un regard plus intense, plus profond sur la vie et nombre d’interrogations surtout. ◆

En Afrique, 60 à 70% des dépenses de santé sont assu- rées direc- tement par les ménages (versus une moyenne mondiale de 46%).

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