FNH N° 1146 Full

8

VENDREDI 29 MARS 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

BOURSE & FINANCES

perte d'influence croissante de la France en Afrique. Mais là où certains voient des défis, d'autres voient des oppor- tunités. Les banques marocaines ont rapidement identifié le vide (lucratif) laissé par le désenga- gement des banques françaises et ont intensifié leurs efforts pour étendre leur présence en Afrique. Ces derniers ne cessent de gagner du terrain sur ce marché. Attijariwafa bank, Bank of Africa et la BCP contrôlent désormais près de 22% du marché de l'UE- MOA, soit plus du double de leur part de marché en 2007. En Afrique, les groupes ban- caires marocains sont présents à travers 45 filiales et 4 succursales réparties au niveau de 10 pays en Afrique de l’Ouest (dont 8 dans la zone UEMOA), 6 pays en Afrique centrale, 6 en Afrique de l’Est, 3 en Afrique du Nord et 2 pays en Afrique australe, selon le rapport sur la supervision bancaire de Bank Al-Maghrib.

 Le retrait progressif des banques françaises d'Afrique a ouvert de nouvelles pers- pectives pour

les banques marocaines.

Afrique

participations sur le continent, notamment au Gabon, au Mali et aux Comores. Les chiffres sont parlants : la part de marché des banques fran- çaises en Afrique de l'Ouest a fondu de moitié en 15 ans, pas- sant de 27% en 2007 à 11,6% en 2022. Cette tendance est loin de s'inverser, avec des cessions récentes de la part de la Société Générale au Congo, en Guinée Équatoriale, en Mauritanie et au Tchad, annoncées en juin der- nier. E Comment les banques marocaines profitent du désengagement français Longtemps dominé par les mastodontes français, le marché bancaire africain voit aujourd'hui une montée en puissance des banques marocaines, qui tirent profit du retrait progressif des acteurs hexagonaux. Explications. Par Y. Seddik

Les chiffres parlent d'eux-mêmes

Les chiffres du rapport de la com- mission bancaire de l'UEMOA pour l’année 2022 sont sans équi- voque : les banques marocaines dominent désormais le marché bancaire ouest-africain. Plus en détail, le rapport indique que sur les 25 principaux établissements bancaires présents dans la région de l'UEMOA, 20,2% de la part de marché, 22% des dépôts, 21% des crédits octroyés à la clientèle et 24,6% du résultat net global sont concentrés entre les mains des acteurs marocains. Ils repré- sentent également 27,3% des implantations, 22,9% des GAB, 28,1% des comptes bancaires et 22,7% des effectifs, démontrant ainsi leur influence grandissante dans la région. Il faut dire que l'un des principaux atouts des banques marocaines est leur proximité géographique et culturelle avec l'Afrique. Cette proximité facilite la compréhen- sion des marchés locaux, ainsi que l'établissement de relations commerciales solides avec les

n Afrique, le vent tourne pour les banques françaises. Autrefois leaders incontestés du marché bancaire africain, elles se retirent progressivement pour laisser la place à des acteurs locaux et panafricains plus agiles et mieux adaptés aux réalités du terrain. Après la crise financière de 2008, Crédit Agricole a été le premier établissement français à se désengager de ses filiales en Afrique de l'Ouest. En 2018, le groupe mutualiste BPCE (Banque Populaire, Caisse d'Épargne, Natixis) a suivi en cédant la majorité de ses banques afri- caines. BNP Paribas a également adopté une stratégie similaire en se séparant de plusieurs de ses

groupes à se recentrer sur leurs marchés domestiques face à des pressions réglementaires de plus en plus accrues. Ensuite, la faible rentabilité de certaines filiales africaines a également pesé, tout comme la concurrence des banques panafricaines et l'émer- gence de nouveaux acteurs, notamment marocains, chinois et turcs. L'environnement géopolitique en Afrique n'est pas non plus étran- ger à ce désengagement. Les tensions politiques et sociales dans certains pays ont incité les banques françaises à adop- ter une approche plus prudente. Enfin, ce retrait des institutions françaises va de pair avec la

Plusieurs facteurs expliquent en effet cette réduction de voilure. Tout d'abord, la crise financière de 2008 a mis fin à une expan- sion tous azimuts, poussant les

www.fnh.ma

Made with FlippingBook flipbook maker