Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc
Du 25 décembre 2025 - 8 DH - N° 1220
PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC
Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli
Législatives 2026
Climat
Un mouvement fragmenté des sociétés cotées
Qui dirigera le prochain gouvernement ?
Entretien avec Sofia Harouchi, Regional Lead Utopies Maroc
P. 38/39
P.12 à 15
P. 8/9
Emploi
Pénurie de RAM
Sursaut hydrique
«Nous sommes très loin des prévisions de la SNE»
Le Maroc agricole reprend espoir
Le marché IT sous tension, les prix s’envolent
Entretien avec Lahcen El Amli, professeur universitaire d’économie.
P.28 à 35
P.18
P. 16/40
Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma
SOMMAIRE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 25 DÉCEMBRE 2025
Voyons voir : Bensaid, le CNP et la fin du tripatouil- lage institutionnel Ça se passe au Maroc 4 6 ACTUALITÉ
36 L'UNIVERS DES TPME
Editorial
Entretien avec Meriam Ghandi : Medinapp, «L’impact principal réside dans la démocratisa- tion de l’accès au savoir patrimonial»
BOURSE & FINANCES
Bourse : Le marché des taux donne le coup d’envoi du rallye de fin d’année Loi de Finances 2026 : La photographie finale vue de près Marché actions : 2025, une année à part dans l’histoire de la Bourse de Casablanca Climat : Un mouvement engagé mais encore fragmenté des sociétés cotées Entretien avec Sofia Harouchi : Gouvernance, «Le climat est désormais discuté au niveau des comités exécutifs et des CA de nombreuses entre- prises cotées» Pénurie de RAM : Le marché IT sous tension, les prix s’envolent TPE : Bank of Africa et Mastercard musclent leur offre
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Fatima Ouriaghli Directeur général, Responsable de la publication
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POLITIQUE
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Législatives 2026 : Qui dirigera le prochain gouvernement Entretien avec Charifa Lemouir : Législatives 2026, «Il est difficile d’imaginer une reconduction à l’identique de la majorité actuelle»
Foot
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A Un certain jour de CAN
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u stade Moulay Abdellah de Rabat, la Coupe d’Afrique des nations 2025 a démarré, le dimanche 21 décembre, comme une fête que l’on attendait depuis très longtemps. La cérémonie d’ouverture n’a pas lésiné sur les couleurs, les symboles et les émotions. Un voyage chorégraphié et lumineux, célébrant l’unité, la diversité et la résilience du football africain. Le moment était chargé d’un symbole fort porté par le Prince héritier Moulay El Hassan. Sous la pluie, sourire discret et mine conviviale, il a été salué par une ovation nourrie d’un public venu très nombreux, imprégnant le coup d’envoi de la CAN d’une charge émo- tionnelle profonde. Incarnation d’une continuité sereine et moderne, il a donné à cet instant une dimension particulière, mêlant solennité de la fonction et proximité naturelle avec le public. A 20 heures, le football africain a pris possession du Royaume. Le Maroc a battu les Comores (2-0) sans briller d’emblée, mais en libé- rant tout un peuple à mesure que les minutes passaient. Peu importe, au fond. Ce soir-là, le score comptait autant que l’ambiance, avec des tribunes pleines malgré les trombes d’eau, des chants et des «Dima Maghreb» scandés par des supporters marocains très enthousiastes. Jusqu’au 18 janvier, le pays va vibrer au rythme du ballon rond, et personne ne s’en plaindra. On parle désormais composition d’équipe et schéma tactique, et on refait également les matchs autour d’un café ou d’un thé à la menthe. On s’autorise l’émotion brute, la joie d’un but, la frustration d’une occasion manquée et l’excitation d’un match à suspense. Les débats économiques, les finances publiques, les courbes et les statistiques sont donc momentanément mis entre parenthèses. Au profit du foot qui reprend ses droits dans ses dimensions populaire, passionnelle et fédératrice. Il rassemble des peuples qui partagent une même passion et ont tous la même ambition, celle d’être sur le toit de l’Afrique. Le Sénégal de Sadio Mané, l’Egypte de Mohamed Salah, la Côte d’Ivoire de Franck Kessié, le Nigeria de Victor Osimhen, la République Démocratique du Congo de Chancel Mbemba et, surtout, le Maroc de Achraf Hakimi… ont tous en partage ce rêve de brandir la coupe. C’est pourquoi la rivalité est réelle et féroce. Mais elle reste canton- née au rectangle vert. Pas ailleurs. Car au-delà de la volonté des uns et des autres de soulever le trophée, il ne faut pas oublier l’esprit qui gouverne cette compétition continentale : un tournoi sportif au terme duquel le football africain doit sortir davantage grandi et dont on aimerait se souvenir comme une fête collective réussie, porteuse d’émotions intenses et de gestes sublimes, à l’image du but marqué par le Marocain Ayoub El Kaabi. u
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ECONOMIE
Pénurie de RAM : Les assembleurs de PC gaming pris en étau par la réorientation indus-trielle
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Sursaut hydrique : Le Maroc agricole reprend espoir Maroc - Chine : Un rééquilibrage commercial est-il possible ? Entretien avec Hassan Edman : Partenariat Maroc – Chine, «Des mesures et mécanismes visant à pré- server le tissu industriel local paraissent impéra- tifs» Immobilier locatif : Pourquoi il faut réformer le cadre législatif Entretien avec Said Tahiri : Tourisme, «Le Maroc aborde cette fin d’année sur une dynamique très solide» Entretien avec Alice Lhabouz : Entrepreneuriat, «Le Maroc apparaît de plus en plus comme une terre d’innovation» Entretien avec Lahcen El Amli : Emploi, «Nous sommes très loin des prévisions de la Stratégie nationale de l’emploi élaborée en 2014»
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DEVELOPPEMENT DURABLE
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Transition bas carbone : Après l’ambition, les moyens Entretien avec Oussama Ritahi : CDN 3.0, «Pour tenir la cible de –53% d’émissions d’ici 2035, le Maroc devra opérer d’importants réajustements structurels»
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• Directeur des rédactions & Développement : David William • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Ibtissam Zerrouk, Désy Mbakou • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine • Mise en page : Zakaria Beladal
• Assistante de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Les imprimeries du Matin • Distribution : Sochpress • Tirage 5.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05 • S.A.R.L. au capital de 5.000.000,00 DH - C.N.S.S. 600 50 62 I.F. 1022303 - Patente 35770001 - ICE N° : 001526693000021
• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com
VOYONS VOIR
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Bensaid, le CNP et la fin du tripatouillage institutionnel
taux étant déjà inscrits dans l’architecture juridique existante. Ce choix, critiqué par certains groupes syndicaux, révèle en réalité une volonté de rester dans une logique de continuité institutionnelle plutôt que de rup- ture symbolique. 139 amendements déposés Le volume des amendements déposés, soit 139 au total, témoigne toutefois d’un malaise persistant. Les syndicats, les groupes parle- mentaires et même des conseillers non affiliés ont cherché à infléchir la philosophie du texte, en particulier sur la composition du Conseil et le mode de scrutin. Le cœur de la controverse se situe au niveau des 19 membres, répartis entre éditeurs (9 sièges), journalistes (7) et représentants d’institutions (3). Pour les organisations professionnelles, cet équilibre reste biaisé et ne reflète pas suffi- samment le poids du journaliste dans l’éco- système médiatique. Pour le gouvernement, au contraire, cette configuration garantit une gouvernance équilibrée, évitant l’inefficacité d’un Conseil pléthorique. Le rejet des propo- sitions visant à élargir le nombre de membres à 21 ou 23 s’inscrit dans cette même logique. Les syndicats, les groupes parlementaires et même des conseillers non affiliés ont cherché à infléchir la philosophie du texte. oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)
Bensaid privilégie une instance resserrée, capable de décider et d’agir, plutôt qu’un organe élargi où la représentativité accrue risquerait de diluer la responsabilité. Même raisonnement concernant l’amendement visant l’introduction de «journalistes sages» : le ministre estime que la sagesse, l’expertise et l’expérience sont déjà incarnées dans la catégorie existante des membres aux profils reconnus, sans qu’il soit nécessaire de créer des sous-collèges aux contours flous. Sur le mode de scrutin, le ministre défend la responsabilité personnelle et la transparence, en ce sens que l’individualisation du vote est censée rompre avec les arrangements internes et les alliances conjoncturelles qui risquent d’affaiblir la légitimité du Conseil. Au-delà de la composition du CNP, le projet de loi touche la capacité de la profession à gérer ses conflits en interne. Le maintien d’une procédure de médiation et d’arbitrage facultative, alignée sur la loi relative à l’arbi- trage et à la médiation conventionnelle, traduit la volonté de ne pas transformer le Conseil en une juridiction parallèle. Là encore, Bensaid insiste sur la précision du dispositif proposé, d’autant qu’il offre suffisamment de garanties sans enfermer les acteurs dans des méca- nismes lourds ou contraignants. Au-delà du CNP L’enjeu réel de cette réforme dépasse large- ment le périmètre institutionnel du Conseil national de la presse. Il concerne la survie même d’un secteur confronté à la fragilisation de son modèle économique, à la concurrence sauvage des plateformes numériques et à la montée des contenus non régulés. Dans ce contexte, l’autorégulation n’est plus un luxe, mais une condition de crédibilité. Un CNP faible, contesté ou paralysé ouvre la voie soit à l’ingérence directe de l’Etat, soit à l’anarchie en termes d’information. Le pari du gouvernement est donc de renforcer l’institu- tion pour éviter ces deux écueils. C’est dire qu’en défendant ce projet avec constance, Mohamed Mehdi Bensaid envoie un message clair : l’Etat fixe le cadre et la profession doit désormais prendre ses res- ponsabilités. Le Conseil national de la presse version 026.25 n’est ni une panacée ni un remède miracle. Mais il marque la fin d’une zone grise et d’un bricolage institutionnel qui ont trop longtemps affaibli la régulation du secteur. ◆
L
Par D. William
e vote serré enregistré à la Commission de l’enseignement et des affaires culturelles et sociales, lundi dernier à la Chambre des conseillers, dit beaucoup de la nature du pro- jet de loi n° 026.25. En effet, avec six voix pour et cinq contre, la réorganisation du Conseil national de la presse (CNP) ne laisse personne indifférent, parce qu’elle touche au cœur d’un secteur hautement symbolique et stratégique dans toute démocratie. Derrière les amende- ments et les débats procéduraux, c’est une question fondamentale qui traverse ce texte : comment instaurer une autorégulation cré- dible dans un paysage médiatique bouleversé par la crise économique, la révolution numé- rique et l’érosion de la confiance publique ? Le ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaid, a choisi d’assumer pleinement ce chantier, défendant bec et ongles un projet qu’il considère comme une mise à niveau nécessaire, voire inévitable. Son approche vise clairement à corriger les failles du pré- cédent dispositif sans remettre en cause le principe même de l’autorégulation, mais en la dotant enfin d’outils juridiques, institutionnels et réglementaires cohérents. Pour le ministre, il s’agit d’une réforme technique au service de la stabilité du secteur. D’où son refus catégorique d’introduire un préambule, jugé inutile dans un texte de réorganisation, le socle constitutionnel et les droits fondamen-
ÇA SE PASSE AU MAROC
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 25 DÉCEMBRE 2025
Aides sociales directes
Bourse de Casablanca
Le Conseil de gouvernement adopte un projet de décret relatif à l’accès à l’aide exceptionnelle
Nasser Seddiqi prend les commandes, un profil marché à l’épreuve du terrain
L e Conseil de gouvernement a adopté, mardi, le projet de décret n°2.25.1064 relatif à l’accès à l’aide exceptionnelle dans le cadre du régime des aides sociales directes, présenté par le ministre délégué chargé du Budget. Ce projet vise à activer les dispo- sitions de l’article 16 de la loi n°
L a Bourse de Casablanca change de Directeur général. Le Conseil d’ad- ministration a nommé à l’una- nimité Nasser Seddiqi à la tête de l’institution, avec une prise de fonctions fixée au 19 jan- vier 2026, selon le communiqué diffusé le 23 décembre. Cette nomination s’inscrit dans la continuité du récent mouve- ment au sommet de l’écosys- tème financier. Elle fait suite au
58.23 relative au programme de soutien social direct, à travers la détermination des montants, des conditions et des critères d’octroi, ainsi que des modalités d’attribution de l’aide spécifique destinée aux enfants orphelins et aux enfants abandonnés héber- gés dans les établissements de protection sociale. Il tient compte de la spécificité de cette catégorie, tout en garantissant le principe d’égalité avec les autres enfants bénéficiaires des aides prévues dans le cadre du programme de soutien social direct, précise la même source. Le montant mensuel de cette aide a été fixé à 500 dirhams, versés sur un compte ouvert au nom de l’enfant auprès de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), confor- mément aux textes législatifs régissant la gestion des fonds des mineurs. À sa majorité légale, le bénéficiaire pourra retirer l’intégralité du montant déposé, sans que le total perçu ne soit inférieur à 10.000 dirhams. En cas de départ défini- tif de l’enfant bénéficiaire de l’établissement ou à l’atteinte de l’âge de la majorité légale, l’enfant concerné ou, le cas échéant, son représentant légal sera informé de l’ensemble des données relatives au compte. ■
départ de Tarik Senhaji, nommé à la présidence de l’Autorité maro- caine du marché des capitaux (AMMC), et referme une séquence de transition ouverte à l’automne. Avant lui, la Bourse avait été dirigée pendant plus d’une décennie par Karim Hajji, figure cen- trale des grandes réformes de la place dans les années 2010. Le choix de Nasser Seddiqi tranche par son ancrage. Le nouveau Directeur général est d’abord un fin technicien du marché, rompu aux questions de supervision et de gouvernance. Il totalise plus de 25 ans d’expérience en régulation financière, gestion d’actifs et architecture des marchés. Il occupait en effet le poste de directeur du pôle Métiers au sein de l’AMMC. À ce titre, il supervisait les marchés, les émetteurs et la gestion d’actifs, avec une exposi- tion directe aux sujets structurants de la place. Son parcours est étroitement lié aux chantiers en cours : mise en place du marché à terme, travaux sur la finance durable, coordination des acteurs et alignement avec les standards internationaux. Il a d’ailleurs présidé l’Instance de coordination du marché à terme entre 2022 et 2025, période clé de préparation des infrastructures et des règles de ce compartiment. L’arrivée d’un profil issu du régulateur intervient à un moment charnière pour la Bourse de Casablanca. Après plusieurs années de modernisation institutionnelle, la place est désormais jugée sur des livrables concrets : profondeur de marché, liquidité, diversification des instruments et retour d’un flux plus régulier d’introductions en Bourse. Le lancement effectif du marché des dérivés, très attendu par les professionnels, constitue donc l’un des tests majeurs de la prochaine mandature. De même, l’élargissement de la base d’investisseurs (notamment domes- tiques), avec le retour en force des IPO, reste un enjeu central dans un marché qui connaît une dynamique inédite. ■
Secteur des taxis
Une feuille de route pour une réforme équilibrée S elon le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, après l’achèvement des phases de diagnostic et d’analyse des expériences internationales, les experts s’at- tellent actuellement à l’élaboration de scénarios et de recommandations pour la réforme du secteur des taxis. Les résultats seront communiqués aux acteurs concer- nés avant leur mise en œuvre. Le parc national compte environ 77.200 taxis, dont 44.650 grands taxis et 32.550 petits taxis, employant près de 180.000 chauffeurs. Une feuille de route intégrée a permis d’améliorer la régulation, de renforcer le professionnalisme et de moderniser le parc, avec le renouvellement de 80% des véhicules et la réduction de leur âge moyen de 25 à 8 ans, avant la suspension temporaire du programme. L’étude porte également sur l’amélioration de la qualité des services et le respect des règles, alors que le secteur continue de faire face à des contraintes liées à la qualité des prestations, au cadre juridique et à l’adoption limitée des outils numériques. ■
Secteur bancaire : Solidité financière consolidée
L e secteur bancaire marocain continue de ren- forcer ses fondamentaux financiers, selon le Comité de coordination et de surveillance des risques systémiques (CCSRS), réuni mardi au siège de Bank Al-Maghrib à Rabat. Le Comité souligne une rentabilité soutenue et une bonne adéquation des fonds propres. À fin juin 2025, le résultat net du secteur a progressé de 25% en base sociale, porté
par les activités de marché et d’intermédiation. Cette performance a consolidé la solvabilité, avec un ratio moyen de fonds propres de catégorie 1 de 13,8% et un ratio global de 16,4%, largement supérieurs aux seuils réglementaires. En base consolidée, ces ratios s’établissent respectivement à 12,3% et 14,3%. Les tests de résistance menés par Bank Al-Maghrib confirment la résilience du secteur et le respect des
exigences prudentielles, tandis que le ratio de liqui- dité demeure au-dessus du minimum réglementaire. Le besoin de liquidité bancaire devrait toutefois atteindre 158 milliards de dirhams en 2027. Malgré ce contexte, le crédit au secteur non financier devrait s’accélérer, alors que le taux des créances en souf- france reste élevé à 8,7% à fin septembre 2025, pour un taux de provisionnement de 69%. ■
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BOURSE & FINANCES
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Casablanca affiche une pro- gression plus marquée depuis mercredi. L’indice de référence a franchi une résistance inter- médiaire située autour de 18.700 points, atteignant ainsi un plus haut d’un mois. Un signal tech- nique qui renforce l’idée d’un possible rallye de fin d’année, soutenu par des fondamentaux macroéconomiques en amélio- ration. Mardi dernier, Bank Al-Maghrib avait contribué à ce mouve- ment de confiance en relevant une nouvelle fois ses prévisions de croissance pour l’année en cours, désormais attendue à 5%. Dans le même temps, la Banque centrale a revu à la baisse ses anticipations d’inflation, confir- mant une trajectoire plus favo- rable des prix. Cette double révi- sion constitue une configuration particulièrement porteuse pour les marchés financiers. Croissance robuste, inflation maî- trisée et détente des taux forment ainsi un environnement propice à une poursuite de l’amélioration des conditions financières. Dans ce contexte, les investisseurs continuent d’anticiper au moins une nouvelle baisse du taux directeur en 2026, un scénario qui renforcerait encore l’attrac- tivité des actifs financiers, aussi bien obligataires qu’actions. À court terme, la convergence de ces signaux positifs conforte l’idée que le marché des taux joue un rôle déclencheur dans la dynamique actuelle, ouvrant la voie à une fin d’année plus ani- mée sur la place casablancaise, après plusieurs mois marqués par une volatilité contenue et des volumes modérés. ◆
L’opération de rachat de bons de Trésor porterait sur un montant compris entre 5 et 7 milliards de dirhams.
Bourse Le marché des taux donne le coup d’envoi du rallye de fin d’année S Le mouvement de détente observé ces deux dernières semaines sur le marché obligataire marocain s’est nettement accéléré ces dernières séances, à mesure que les opérateurs s’informaient sur une éventuelle opération de rachat de bons du Trésor par la Direction du Trésor et des finances extérieures (DTFE). Par Y. Seddik elon les opérateurs, le Trésor envisagerait des rachats de titres sur le marché dès ce jeudi 25 décembre. Cette perspective apporte un regain de visibilité et redonne de l’élan à un mar- ché obligataire resté en retrait ces dernières semaines, dans un contexte d’attentisme généralisé. L’opération de rachat de bons de Trésor porterait sur un montant compris entre 5 et 7 milliards de dirhams, envoyant un nouveau signal positif sur la solidité de la situation des finances publiques. Ces opérations permettent au Trésor de racheter des obliga- tions en circulation sur le mar- ché pour améliorer son profil de dette. Elles sont opérées souvent dans un contexte favorable des finances publiques et permettent d'envoyer des signaux positifs sur la bonne santé financière de l'Etat. Cette amélioration du climat obli- gataire agit également comme un catalyseur pour le marché actions. Profitant de ce contexte plus favorable, la Bourse de
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de douane, touchant notamment les produits industriels, pharmaceutiques, chimiques et certains équipements électroménagers. Ces modifications visent à adapter le tarif douanier à l’évolution de l’appareil productif et aux exi- gences techniques et sanitaires. Par ailleurs, le régime préférentiel appliqué à l’importation d’animaux domestiques vivants est reconduit jusqu’à fin 2026, dans la limite de 300.000 têtes de bovins et 10.000 têtes de camélidés. Cette mesure vise à stabiliser l’offre sur le marché national et à limiter les tensions sur les prix.
Un exercice d’équilibre entre
4. F iscalité indirecte : clarification et anticipation
réduction du déficit et financement des politiques publiques.
La Loi de Finances 2026 poursuit la réforme de la fiscalité indirecte, en particulier dans le secteur énergétique. Les règles relatives au marquage, à la mise à la consommation et au contrôle des carburants sont précisées et harmonisées. Certaines dispositions, notamment celles liées à la généralisation du marquage des produits énergétiques, voient leur entrée en vigueur dif- férée à 2028, afin de permettre aux opérateurs et à l’administration d’adapter leurs dispositifs techniques. Cette approche graduelle vise à sécuriser la transition tout en limitant les risques de perturbation du marché.
Loi de Finances 2026 La photographie finale vue de près Promulguée en décembre 2025 et désormais en vigueur, la Loi de Finances 2026 s’inscrit dans un contexte de consolidation budgétaire sous fortes contraintes sociales et macroéconomiques. Avec un budget global de plus de 760 milliards de dirhams, un déficit ciblé à 3% du PIB et une montée en charge affirmée de l’État social, le texte combine discipline financière, renforcement du contrôle fiscal et maintien d’un effort soutenu d’investissement public. Décryptage. Par Y. Seddik
5. U ne réforme fiscale dense au niveau du C ode général des impôts
La Loi de Finances 2026 se caractérise par l’ampleur des modifications apportées au Code général des impôts. Plusieurs dizaines d’articles sont amendés, couvrant l’impôt sur les sociétés, l’impôt sur le revenu, la retenue à la source, les exonérations et le traitement fiscal de certains produits financiers. Parmi les évolutions notables, figurent l’adap- tation des règles de retenue à la source sur certaines rémunérations et produits de loca- tion, la clarification de régimes d’exonération permanente ou temporaire et l’introduction de mesures incitatives ciblées, notamment en faveur des sociétés sportives. Le texte prévoit également des dispositions sociales, telles que l’abattement accordé aux contribuables âgés d’au moins 65 ans cessant définitivement leur activité professionnelle, dans la limite d’un plafond de 1 million de dirhams sur les plus-values concernées.
1. U n cadre général de continuité budgétaire et de discipline financière
2. R enforcement du contrôle douanier et modernisation des procédures
Comme chaque année, la Loi de Finances auto- rise la poursuite de la perception des impôts, taxes et revenus affectés à l’État, aux collecti- vités territoriales et aux établissements publics. Pour 2026, le total des charges de l’État est estimé à 761,3 milliards de dirhams, dont 527,6 milliards pour le budget général, 167,5 milliards pour les comptes spéciaux du Trésor et près de 2 milliards pour les SEGMA. Le texte réaffirme le principe de légalité fiscale, interdisant toute contribution non prévue par la loi, et autorise le gouvernement à recourir à l’emprunt afin d’assurer l’équilibre des finances publiques. L’amortissement de la dette publique à moyen et long terme atteindra 64,2 milliards de dirhams en 2026, illustrant le poids persis- tant du service de la dette. L’objectif affiché est une réduction du déficit budgétaire à 3% du PIB contre 3,5% en 2025, grâce à une progression maîtrisée des dépenses (+5,54%) et une hausse plus dynamique des ressources (+8,32%), tirée principalement par les recettes fiscales.
La Loi de Finances 2026 renforce sensible- ment le dispositif douanier, dans un contexte de lutte accrue contre la fraude et la contre- bande. Plusieurs dispositions du Code des douanes et impôts indirects sont révisées afin d’élargir la définition des infractions, d’alourdir certaines sanctions et de renforcer les capaci- tés de contrôle. L’administration des douanes est explicitement autorisée à recourir à des technologies avancées de surveillance et de contrôle, tandis que les obligations déclara- tives sont renforcées, notamment en matière de destination effective des marchandises importées. L’objectif est double : sécuriser les recettes douanières et améliorer la traçabilité des flux commerciaux.
6. U n signal clair en faveur de la traçabilité et de la conformité
3. A justements ciblés des droits de douane et des régimes préférentiels
Au-delà des ajustements techniques, la Loi de Finances 2026 marque un tournant en matière de gouvernance fiscale. La priorité est don-
Sur le plan tarifaire, la Loi de Finances 2026 procède à de nombreux ajustements des droits
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née à la conformité, à la transparence et à la modernisation de l’administration, notamment à travers la généralisation progressive des plateformes électroniques et le renforcement des obligations déclaratives. Cette orientation vise à réduire l’informel, à sécuriser les recettes publiques et à améliorer l’efficacité du système fiscal, sans recourir à une hausse frontale de la pression fiscale. Sans constituer une rupture majeure, la Loi de Finances 2026 s’inscrit dans une logique de consolidation maîtrisée. Elle combine réduc- tion progressive du déficit, montée en charge de l’État social et maintien d’un effort soutenu d’investissement public, dans un contexte de marges budgétaires étroites. Pour les entreprises, les opérateurs du com- merce extérieur et les contribuables, le texte appelle à une lecture attentive et à une adap- tation progressive à un cadre fiscal et régle- mentaire plus exigeant, mais aussi plus struc- turé.
Dans le même temps, le budget 2026 consacre une montée en charge significative de l’État social. La masse salariale de l’État progresse de 15,06 milliards de dirhams pour atteindre 195,3 milliards, sous l’effet combiné des revalorisations issues du dialogue social et de la création de près de 36.900 postes budgétaires, concentrés principalement dans l’éducation, la santé et les administrations de souveraineté. Les crédits alloués à l’éducation nationale atteignent 97,1 milliards de dirhams, tandis que ceux de la santé et de la protection sociale s’élèvent à 42,4 milliards, en hausse de 30% sur un an. Cet effort social s’accompagne du maintien d’un investissement public soutenu, notam- ment dans les infrastructures, la gestion des ressources en eau et le soutien à l’investisse- ment productif. La gestion de l’eau mobilise à elle seule plus de 11 milliards de dirhams en crédits de paiement, tandis que les grands chantiers d’équipement et de transport demeurent des postes structurants du bud- get. L’ensemble traduit un arbitrage précis : préserver les équilibres macroéconomiques tout en finançant les priorités sociales et les leviers de croissance à moyen terme. ◆
Parmi les évolutions notables, figure l’adaptation des règles de retenue à la source sur certaines rémunérations et produits de location.
2026 s’inscrit dans une logique de consoli- dation progressive des finances publiques. Le budget général concentre l’essentiel de l’effort, avec 527,6 milliards de dirhams, tan- dis que les comptes spéciaux du Trésor mobilisent 167,5 milliards. À cela s’ajoute un amortissement de la dette publique à moyen et long terme de 64,2 milliards de dirhams, illustrant le poids durable du service de la dette dans la structure budgétaire. Outre une prévision de croissance de 4,5% en 2026, sous l’hypothèse d’une production céréalière 70 millions de quintaux, l’exécutif affiche l’objectif de ramener le déficit budgé- taire à 3% du PIB contre 3,5% en 2025. Cette amélioration repose sur un différentiel assumé entre la progression des ressources de l’État, attendues en hausse de 8,32%, et celle des dépenses, contenue à 5,54%. Le dynamisme des recettes fiscales constitue le principal levier de cet ajustement, dans un contexte de renforcement du contrôle et de la conformité.
L’État entre rigueur et montée en charge sociale
Avec des charges totales estimées à 761,3 milliards de dirhams, le budget de l’État pour
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l’appétit pour le risque et la rotation. Ce regain d’intérêt s’est aussi traduit par un retour massif de la liquidité. Arrêté au 22 décembre, le volume échangé sur le marché central dépasse 110 milliards de dirhams, soit une hausse de 94% par rap- port à l’année précédente. Des niveaux rarement observés à Casablanca. Cette fois, la hausse des cours ne s’est pas faite dans un marché creux. Elle a été accompagnée, nour- rie, parfois amplifiée par une participation active, notam- ment celle des investisseurs particuliers. Leur retour, par son ampleur, constitue l’un des faits marquants de l’an- née. L’autre grande réussite de 2025 reste sans conteste le marché primaire. Trois intro- ductions en Bourse en l’espace de quelques mois -Vicenne, Cash Plus et SGTM- ont suffi à changer la perception du marché. Les opérations ont suscité un engouement inédit, avec des taux de sursous- cription records. Au total, le volume des IPO dépasse 6 milliards de dirhams, en pro- gression de 452% par rap- port à l’an dernier. Un chiffre qui, au-delà de son ampleur, envoie un message fort : la Bourse redevient une option crédible de financement pour les entreprises. Le ton avait d’ailleurs été donné dès le début de l’an- née. En janvier, le Masi enre- gistrait la meilleure perfor- mance boursière mondiale, surpassant une quarantaine de grands indices interna- tionaux suivis par les princi- paux fournisseurs de données financières. Un signal fort, qui a attiré l’attention bien au- delà du marché domestique et qui a servi de catalyseur à la séquence haussière qui a suivi. Cette séquence, justement, n’a pas été linéaire. 2025 n’a pas été une marche triom- phale sans accroc. Le mar- ché a connu des phases de
L’année 2025 n’a pas seulement fait monter
le marché, elle l’a transformé en profondeur.
Marché actions 2025, une année à part dans l’histoire de la Bourse de Casablanca I Performance proche de 30%, records de volumes, retour massif des investisseurs particuliers, renaissance du marché primaire et franchissement du seuil symbolique des 1.000 milliards de dirhams de capitalisation. En 2025, la Bourse de Casablanca a signé l’un de ses millésimes les plus complets, alliant ampleur du mouvement et profondeur du marché, sans céder à l’excès. Par Y. Seddik
l y a des années où le marché avance, d’autres où il marque le pas. Et puis, plus rarement, des années qui laissent une trace. 2025 fait partie de cette catégorie. Non pas seulement pour la performance affichée, mais pour la somme de dyna- miques qu’elle a réunies. Hausse, volumes, participa- tion, marché primaire, profon- deur : rarement la Bourse de Casablanca aura coché autant de cases en l’espace de douze mois. À fin décembre, le constat est clair. Le Masi affiche une
progression de 28,22% (au 22 décembre) à 18.941,74 points, après avoir inscrit de nou- veaux plus hauts historiques au-delà des 20.000 points, culminant autour de 20.300 points. La capitalisation bour- sière atteint 1.039 milliards de dirhams, un niveau symbo- lique qui marque un change- ment d’échelle pour la place. Peu d’années, dans l’histoire récente du marché, peuvent se targuer d’un tel bilan. Mais réduire 2025 à un simple chiffre de performance serait passer à côté de l’essentiel.
Ce qui distingue cette année, c’est la qualité du mouvement. La hausse a été large. Sur les 24 secteurs cotés, seuls quatre terminent l’année en territoire négatif. À l’inverse, plusieurs compartiments ont affiché des performances à deux, parfois trois chiffres. Pas moins de 11 valeurs enregistrent une pro- gression annuelle supérieure à 100%, avec des cas extrêmes, comme Stroc Industrie, dont l’évolution frôle les +500%. Un parcours spectaculaire, certes spéculatif, mais révélateur d’un marché qui a retrouvé de
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une chose est certaine : 2025 n’a pas été une année comme les autres. Elle restera comme un millésime à part dans l’histoire de la Bourse de Casablanca. La question, désormais, n’est pas tant de savoir si l’année a été réussie (elle l’a été), mais si les bases posées permettront d’ins- crire cette dynamique dans la durée. La réponse appartient déjà à 2026. ◆
respiration, des corrections techniques, des moments de doute (avril et septembre). L’automne, et en particulier le mois de novembre, a marqué un temps d’arrêt plus pronon- cé. Le Masi y a enregistré la plus forte baisse mensuelle de l’année, autour de -5%, rappe- lant que même les cycles les plus solides ne progressent jamais en ligne droite. Pour autant, ces phases de consolidation n’ont jamais remis en cause la structure de fond. Les supports ont tenu, les volumes sont restés pré- sents, et les fondamentaux ont continué de jouer leur rôle d’ancrage. Le bilan des résul- tats trimestriels, notamment au troisième trimestre, s’est révélé globalement conforme aux attentes, avec une crois- sance des chiffres d’affaires supérieure à 5%, confirmant que la hausse des cours repo- sait sur une base économique réelle, avec des perspectives favorables pour tous les sec- teurs, en particulier le BTP qui connaît une dynamique sans précédent. Autre élément clé de cette année hors norme : le change- ment de dimension du marché. Le franchissement du seuil des 1.000 milliards de dirhams de capitalisation, même s’il n’a pas été linéaire, a modifié la perception de la place. La Bourse de Casablanca gagne en visibilité, en lisibilité et en crédibilité, tant auprès des investisseurs locaux qu’inter- nationaux. La profondeur du marché s’est améliorée, les échanges se sont concentrés sur de véritables locomotives, et la rotation sectorielle a gagné en fluidité. Il serait toutefois excessif de parler d’euphorie. La fin d’année s’est inscrite dans un climat plus mesuré. À l’ap- proche de 2026, les arbitrages se sont multipliés, la prudence est revenue sur certains seg- ments devenus exigeants en termes de valorisation, et la sélectivité s’est imposée. Un signe, peut-être, de maturité
Trois introductions en Bourse en l’espace de quelques mois (Vicenne, Cash Plus et SGTM) ont suffi à changer la perception du marché.
retrouvée. C’est là, sans doute, l’un des enseignements majeurs de 2025. Le marché a su monter, corriger, digérer, repartir, sans jamais basculer dans l’excès généralisé. Rarement (voire
jamais) une année aura com- biné performance, liquidité, dynamique IPO et élargisse- ment de la base d’investis- seurs avec une telle cohé- rence. À l’heure de tourner la page,
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d’amorçage. Si 30% des entre- prises étudiées déclarent avoir réalisé un bilan carbone, une part significative n’en précise ni le périmètre ni le résultat détail- lé. Il est toutefois encourageant de constater que plus de 40% des bilans carbone couvrent explicitement le scope 3, géné- ralement de façon partielle. Ce périmètre correspond aux émissions indirectes générées en amont et en aval de la chaîne de valeur, directement liées aux biens et services ache- tés ou vendus par l’entreprise, incluant notamment les achats, le transport et la distribution, ainsi que l’utilisation et la fin de vie des produits. Au-delà de la mesure, l’exercice de pilotage reste cependant limité : seules douze entreprises affichent des objectifs chiffrés de réduction des émissions de gaz à effet de serre, avec des périmètres pas toujours précisés. Émergence de politiques climat. La publication d’une poli- tique climat est en revanche plus répandue avec plus d’un quart des entreprises qui en communiquent une, sans que celle-ci ne soit systématique- ment adossée à des objectifs de décarbonation. Les plans d’atténuation opérationnels sont encore plus fréquents: plus de 40% des sociétés mettent en avant des actions concrètes significatives, allant du solaire photovol- taïque à l’économie circulaire, en passant par la biomasse, l’optimisation logistique ou la construction durable. Ces ini- tiatives traduisent une prise de conscience croissante, mais elles restent souvent ciblées, sans intégration dans une tra- jectoire chiffrée à moyen ou long terme. Le maillon faible demeure l’an- ticipation des risques. Seules quatre entreprises déclarent avoir mené une analyse des risques climatiques, et aucune ne communique sur un plan d’adaptation. Dans un pays exposé à la raréfaction de
Seules quatre entreprises déclarent avoir mené une analyse des risques
climatiques, et aucune ne
communique sur un plan d’adaptation.
Climat Un mouvement engagé mais encore fragmenté des sociétés cotées Alors que le Maroc précise sa trajectoire climatique en ajoutant une échéance à l’horizon 2035, une étude d’Utopies Maroc dresse un état des lieux des pratiques climat des entreprises cotées.
A
Par A. Hlimi
mesure que le Maroc affine sa Stratégie nationale bas car- bone et met en œuvre sa NDC 3.0 (troisième génération des Contributions déterminées au niveau national que les pays doivent soumettre dans le cadre de l'Accord de Paris), la question du rôle des grandes entreprises devient centrale. Acteurs struc- turants de l’économie nationale, cotées ou non, et dotées d’un fort pouvoir d’entraînement sur leurs chaînes de valeur, elles sont appelées à transformer leurs engagements climatiques en leviers opérationnels. L’étude climat menée par Utopies sur 72 sociétés cotées à la Bourse
de Casablanca, sur la base de leur rapport ESG, apporte à cet égard un éclairage inédit sur le degré réel de maturité climatique du tissu économique marocain. Premier constat : la dynamique ESG progresse, même si, sur le terrain des pratiques, l’étude révèle une hétérogénéité mar- quée. Seule une légère majo- rité des entreprises analysées indique avoir réalisé une ana- lyse de matérialité, pourtant structurante pour la définition de la stratégie ESG et inscrite dans les exigences réglemen- taires depuis cinq ans. Ce taux est néanmoins en progression par rapport à 2020, où seul un
tiers des entreprises décla- raient avoir mené cet exercice. Signe de maturité et d’antici- pation, quatre d’entre elles vont jusqu’à intégrer la double matérialité, issue de la nouvelle directive européenne CSRD. La gouvernance ESG progresse également : près de 60% des sociétés communiquent sur leur organisation RSE et certaines se dotent d’un comité spécia- lisé dédié émanant du conseil d’administration.
Climat : une trajectoire encore peu pilotée
Le climat, en tant que pilier spécifique, demeure à un stade
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condition de traduire ses ambi- tions climatiques en exigences claires et cohérentes pour la place financière. À l’heure où le Maroc ren- force ses engagements inter- nationaux, l’alignement des entreprises cotées sur une tra- jectoire bas carbone robuste apparaît moins comme une option que comme une condi- tion de crédibilité économique et financière à moyen terme. ◆
l’eau, aux épisodes clima- tiques extrêmes et aux ten- sions sur les ressources natu- relles, cette absence interroge sur la capacité des entreprises à intégrer le climat comme un risque financier à part entière. D'autant plus que sur les der- nières années, le changement climatique a pesé sur la pro- fitabilité réelle de certaines entreprises. Une montée en puissance en cours Au total, le diagnostic posé par Utopies est celui d’une transi- tion engagée mais incomplète. Le climat n’est pas encore pleinement intégré comme un enjeu stratégique, mesu- rable même si la Bourse de Casablanca dispose de pion- niers crédibles et de signaux encourageants. Les banques jouent, à cet égard, un rôle structurant dans la transformation du climat en enjeu de matérialité financière. Les nouvelles directives de la Bank Al-Maghrib publiées en 2025 sur la communication des risques financiers liés au chan- gement climatique et sur le reporting des expositions cli- matiques des grands emprun- teurs suggèrent en effet une montée en puissance progres- sive de la contrainte réglemen- taire, susceptible d’essaimer bien au-delà du seul secteur Créé en 1993, Utopies est un cabi- net de conseil et think tank pion- nier de la transformation durable des entreprises. Présent au Maroc depuis 2017, Utopies Maroc accompagne les acteurs écono- miques dans l’intégration des enjeux ESG au cœur de leur stra- tégie, avec une expertise recon- nue sur les enjeux climatiques. Le cabinet intervient notamment sur le bilan carbone, les trajectoires de décarbonation, l’analyse des risques climatiques et d’impact sur la biodiversité. Son approche articule exigence de reporting, vision stratégique et feuille de route opérationnelle, afin de faire de la durabilité un levier de per- formance, de résilience et de créa- tion de valeur durable. Utopies Maroc
Le Maroc figure parmi les tout premiers pays au monde de l’indice Climate Change Performance Index.
bancaire. Le Maroc figure, par ailleurs, parmi les tout premiers pays au monde de l’indice Climate Change Performance Index (CCPI), se classant dans le top 3 des performances effectives
des pays, ce qui traduit la cré- dibilité et la cohérence de sa trajectoire climatique au regard des standards internationaux. Ce constat suggère que l’État, actionnaire ou régulateur, peut jouer un rôle d’accélérateur, à
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