FNH N° 1220

BOURSE & FINANCES

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 25 DÉCEMBRE 2025

d’amorçage. Si 30% des entre- prises étudiées déclarent avoir réalisé un bilan carbone, une part significative n’en précise ni le périmètre ni le résultat détail- lé. Il est toutefois encourageant de constater que plus de 40% des bilans carbone couvrent explicitement le scope 3, géné- ralement de façon partielle. Ce périmètre correspond aux émissions indirectes générées en amont et en aval de la chaîne de valeur, directement liées aux biens et services ache- tés ou vendus par l’entreprise, incluant notamment les achats, le transport et la distribution, ainsi que l’utilisation et la fin de vie des produits. Au-delà de la mesure, l’exercice de pilotage reste cependant limité : seules douze entreprises affichent des objectifs chiffrés de réduction des émissions de gaz à effet de serre, avec des périmètres pas toujours précisés. Émergence de politiques climat. La publication d’une poli- tique climat est en revanche plus répandue avec plus d’un quart des entreprises qui en communiquent une, sans que celle-ci ne soit systématique- ment adossée à des objectifs de décarbonation. Les plans d’atténuation opérationnels sont encore plus fréquents: plus de 40% des sociétés mettent en avant des actions concrètes significatives, allant du solaire photovol- taïque à l’économie circulaire, en passant par la biomasse, l’optimisation logistique ou la construction durable. Ces ini- tiatives traduisent une prise de conscience croissante, mais elles restent souvent ciblées, sans intégration dans une tra- jectoire chiffrée à moyen ou long terme. Le maillon faible demeure l’an- ticipation des risques. Seules quatre entreprises déclarent avoir mené une analyse des risques climatiques, et aucune ne communique sur un plan d’adaptation. Dans un pays exposé à la raréfaction de

 Seules quatre entreprises déclarent avoir mené une analyse des risques

climatiques, et aucune ne

communique sur un plan d’adaptation.

Climat Un mouvement engagé mais encore fragmenté des sociétés cotées Alors que le Maroc précise sa trajectoire climatique en ajoutant une échéance à l’horizon 2035, une étude d’Utopies Maroc dresse un état des lieux des pratiques climat des entreprises cotées.

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Par A. Hlimi

mesure que le Maroc affine sa Stratégie nationale bas car- bone et met en œuvre sa NDC 3.0 (troisième génération des Contributions déterminées au niveau national que les pays doivent soumettre dans le cadre de l'Accord de Paris), la question du rôle des grandes entreprises devient centrale. Acteurs struc- turants de l’économie nationale, cotées ou non, et dotées d’un fort pouvoir d’entraînement sur leurs chaînes de valeur, elles sont appelées à transformer leurs engagements climatiques en leviers opérationnels. L’étude climat menée par Utopies sur 72 sociétés cotées à la Bourse

de Casablanca, sur la base de leur rapport ESG, apporte à cet égard un éclairage inédit sur le degré réel de maturité climatique du tissu économique marocain. Premier constat : la dynamique ESG progresse, même si, sur le terrain des pratiques, l’étude révèle une hétérogénéité mar- quée. Seule une légère majo- rité des entreprises analysées indique avoir réalisé une ana- lyse de matérialité, pourtant structurante pour la définition de la stratégie ESG et inscrite dans les exigences réglemen- taires depuis cinq ans. Ce taux est néanmoins en progression par rapport à 2020, où seul un

tiers des entreprises décla- raient avoir mené cet exercice. Signe de maturité et d’antici- pation, quatre d’entre elles vont jusqu’à intégrer la double matérialité, issue de la nouvelle directive européenne CSRD. La gouvernance ESG progresse également : près de 60% des sociétés communiquent sur leur organisation RSE et certaines se dotent d’un comité spécia- lisé dédié émanant du conseil d’administration.

Climat : une trajectoire encore peu pilotée

Le climat, en tant que pilier spécifique, demeure à un stade

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