ECONOMIE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 25 DÉCEMBRE 2025
Partenariat Maroc - Chine «Des mesures et mécanismes visant à préserver le tissu industriel local paraissent impératifs»
DH, générant 7.000 emplois directs et 1.500 indirects, ainsi que l'usine Boway Alloy à Nador créant 1.000 emplois directs. La coentreprise COBCO, lancée en 2025 et spécia- lisée dans la production de batte- ries et composants pour véhicules électriques, représente un investis- sement de 20 Mds de DH et plus de 3.600 emplois directs et indirects. Sans oublier le groupement chinois composé de United Energy Group et China Three Gorges, sélectionné par le Comité de pilotage du pro- gramme national d'investissement d'hydrogène, avec quatre autres investisseurs, pour développer des projets d'hydrogène et d'ammoniac verts au Maroc. Les entreprises chinoises sont également des par- tenaires majeurs des grands pro- jets d'infrastructures, notamment dans le ferroviaire (extension LGV Tanger-Marrakech, études pour Agadir). Ces investissements créent des emplois qualifiés, favorisent le transfert de compétences et d'ex- pertise nécessaires pour accom- pagner le Maroc dans sa vision de devenir une puissance économique émergente et un hub industriel compétitif en Afrique et vers l'Eu- rope. Ils contribuent également à la diversification du tissu industriel marocain, particulièrement dans des secteurs à forte valeur ajoutée et à fort potentiel exportateur. Cependant, malgré ces avantages, il faut mettre en place un cadre pro- tecteur pour les industriels natio- naux face à une concurrence désa- vantageuse, considérant que de nombreuses industries chinoises bénéficient de subventions d'État leur permettant de proposer des produits à bas coût difficiles à concurrencer pour les entreprises locales. Des mesures et mécanismes visant
Equilibrage des flux commerciaux, coopération dans plusieurs secteurs stratégiques et investissements…, le Maroc et la Chine ont décidé de tirer pleinement profit de la complémentarité de leurs chaînes de valeurs. Une véritable opportunité qui laisse toutefois entrevoir des zones d’ombre que souligne le professeur en économie à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales d’Agadir, Hassan Edman.
Propos recueillis par Désy M.
libre structurel s'explique princi- palement par la prédominance des exportations chinoises et l'accès limité des produits marocains au marché chinois. Néanmoins, ces annonces consti- tuent un signal encourageant : la reconnaissance mutuelle de ces déséquilibres offre au Maroc une opportunité stratégique pour diver- sifier ses exportations vers la Chine à moyen et long terme. Cela exige- ra des mesures actives de soutien aux exportations, une valorisation du tissu productif et des négocia- tions stratégiques. L'engagement chinois à faciliter l'accès de cer- tains produits marocains (notam- ment agroalimentaires ou à valeur ajoutée spécifique) représente une opportunité à exploiter, appuyée par des initiatives concrètes comme le renforcement des capacités des producteurs marocains face aux normes chinoises, et le dévelop- pement de circuits logistiques et commerciaux adaptés. Ces enga- gements devront se concrétiser par des résultats mesurables sur la balance commerciale.
Finances News Hebdo : Ces annonces commerciales Maroc-Chine traduisent- elles un rééquilibrage réel des échanges bilatéraux ou confirment-elles une rela- tion toujours marquée par un déficit commercial structurel pour le Maroc ? Hassan Edman : Les annonces de la 7 ème Commission mixte confir- ment la persistance d'un désé- quilibre commercial marqué en faveur de la Chine. L'Office des changes révèle qu'en 2024, sur un déficit global de 305 milliards de dirhams, celui avec la Chine représente 86,3 milliards (28,29% du total), en augmentation de 13,8 milliards par rapport à 2023 et en détérioration continue depuis 2011. À titre comparatif, le déficit avec l'Espagne, premier partenaire européen, n'atteint que 18,2 mil- liards, et 66,5 milliards avec les États-Unis. Le rééquilibrage des échanges semble encore éloigné, malgré les intentions affichées qui paraissent plus déclaratives qu'opérationnelles. Ce déséqui-
F. N. H. : Dans un contexte de montée en puissance des investissements chinois, comment le Maroc peut- il attirer des capitaux pro- ductifs sans fragiliser ses industries locales face à une concurrence chinoise sou- vent subventionnée et très compétitive ? H. E. : Je vous rejoins pleinement sur le fait que malgré les opportu- nités qu'offrent les investissements chinois au Maroc, ils soulèvent aussi des enjeux sérieux pour la compétitivité des opérateurs natio- naux. C'est toujours bénéfique d'attirer des capitaux productifs tout en surveillant la concurrence pour les industriels locaux, par- ticulièrement ceux aux capacités compétitives limitées. Les investissements chinois au Maroc ont connu une évolution remarquable, avec des projets majeurs et structurants dans l'in- frastructure et l'industrie. Je cite à titre d'illustration les deux unités de textile Sunrise, avec un investisse- ment considérable de 2,3 Mds de
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