FNH N° 1220

ECONOMIE

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 25 DÉCEMBRE 2025

négociable à un entrepre- neur marocain qui démarre aujourd’hui, lequel serait-il ? A. L. : Se former intensive- ment à l’intelligence artificielle. L’entreprise d’hier n’existe plus, et même celle d’aujourd’hui est déjà en train de changer. Nous sommes à un point de bifurca- tion. Comprendre et intégrer l’IA n’est plus une option, c’est une condition de survie et de compé- titivité. ◆

F. N. H. : En tant que jurée de «Qui veut être mon asso- cié ?», qu’est-ce qui fait la différence entre un projet séduisant et un projet réel- lement investissable ? A. L. : La clé, c’est le busi- ness model et la capacité de l’entreprise à générer du cash. Des projets séduisants, il y en a beaucoup. Mais ce qui fait la dif- férence, c’est la rentabilité struc- turelle du produit ou du service. Ensuite, il y a évidemment l’impli- cation des dirigeants. Cela ne se détecte pas toujours immédiate- ment. Les entrepreneurs savent se présenter, se vendre. Mais sur la durée, on voit très vite qui est à l’écoute, qui accepte les conseils, qui comprend que l’investisseur apporte aussi une expérience. C’est un apprentis- sage permanent, y compris pour nous investisseurs. F. N. H. : L’entrepreneuriat féminin est très pré- sent dans les discours. Concrètement, où se situe encore le principal obs- tacle ? A. L. : L’obstacle principal reste l’accès au capital. Les chiffres sont très parlants : en France, par exemple, à peine 5% des capitaux levés en private equity vont à des équipes féminines. Cela s’explique notamment par le fait que les équipes de déci- sion dans les fonds sont majori- tairement masculines. Le déficit de crédibilité est aussi un vrai sujet. Les femmes seront réelle- ment à égalité lorsque des suc- cès majeurs, notamment dans des domaines techniques, vien- dront briser définitivement les plafonds. J’encourage d’ailleurs les femmes à investir davantage des secteurs comme la finance, l’ingénierie ou l’aéronautique, et pas seulement des produits de consommation. F. N. H. : Vous obser- vez différents écosystèmes entrepreneuriaux à travers le monde. Quel regard por- tez-vous sur l’entrepreneu- riat au Maroc ? A. L. : De l’extérieur, le Maroc

Comprendre et intégrer l’IA n’est plus une option, c’est une condition de survie et de compétitivité

apparaît de plus en plus comme une terre d’innovation et un hub régional pour l’Afrique. Ce qui m’a frappée récemment, c’est le dynamisme des acteurs privés. On sent une véritable volonté d’agir localement, de soutenir l’entrepreneuriat, pas unique- ment dans la tech, mais aussi

dans les TPE et PME sur des activités plus classiques. C’est ce tissu-là qui construit une écono- mie solide. Ce discours, porté par des acteurs privés, est encore rare, même en Europe.

F. N. H. : Si vous deviez donner un seul conseil non

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