ECONOMIE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 25 DÉCEMBRE 2025
ces facteurs agissent et déterminent l’ICOR (Incremental Capital Output Ratio) qui est mesuré par l’inverse de l’efficacité marginale du capital (ΔP/ΔK) et qui est un indicateur de l’efficacité de l’investissement. Une meilleure efficacité de l’investisse- ment génère une amélioration de la croissance qui crée en consé- quence les conditions propices pour créer suffisamment d’emplois. L’examen de la structure de l’inves- tissement au Maroc montre qu’une grande proportion de ce dernier se dirige vers le BTP et les services, qui sont des secteurs moins productifs et peu créateurs d’emplois. En 2015, des calculs que nous avons effec- tués dans le cadre d’une recherche (2) ont montré que ces deux secteurs s’accaparent 64% de la FBCF (Formation brute de capital fixe). Par contre, l’industrie et l’agriculture, qui constituent des secteurs à grand potentiel en matière de création de valeur ajoutée et d’emplois, n’ont bénéficié respectivement que de 33% et 2%. Nous savons également que la répartition des investissements entre les investissements d’infras- tructures et les investissements directement productifs entre en jeu pour déterminer l’impact de l’in- vestissement sur la croissance. Or, l’investissement en infrastructures de base - qui est le fait de l’Etat- ne produit ses effets que sur une longue période. Il faut donc, pour obtenir des taux de croissance plus élevés, que le privé s’engage davan- tage en matière d’investissement productif, créateur de grande valeur ajoutée et d’emplois conséquents. Un autre aspect saillant de la struc- ture de l’investissement global est la participation du capital étranger à ce dernier à travers les investisse- ments directs. Au sujet de l’impact des IDE sur l’emploi au Maroc, deux facteurs fondamentaux sont à l’ori- gine de la limitation de la création des emplois : i- nombreux sont les investisse- ments qui sont à degré d’intensité capitalistique (approchée par le rap- port investissement/emplois) élevé; nous sommes en présence d’inves- tissements dits capital using. A titre d’exemple, sur 19 projets d’investis- sement dont les conventions ont été signées en 2016, dix sont concer-
nés par un rapport investissement/ emplois supérieur à 500.000 DH. Ce rapport est supérieur à 800.000 DH/emploi dans le cas de 8 projets; il dépasse de loin 1.000.000 DH/ emploi dans le cas de quatre pro- jets (3) ; ii- faible intégration locale dans le cas de plusieurs filières de production industrielle. L’approvisionnement des usines du capital étranger en composants et matières se fait dans une très grande proportion depuis l’étranger. Le taux de péné- tration des importations dans la production automobile au Maroc, à titre d’exemple, est très élevé. L’importation massive des biens intermédiaires (pièces, compo- sants,…) de l’automobile aussi bien par les constructeurs que par les équipementiers pèse lourdement dans la valeur des exportations de ce secteur. De cette figuration résulte la fuite des effets d’induction et d’entraînement de l’investisse- ment vers l’étranger, parmi lesquels figurent les énormes possibilités d’emplois qui sont perdues. Nous devons mentionner que ce faible degré de sourcing local carac- térise aussi un grand nombre d’en- treprises à capital marocain, résultat avant tout du faible développement industriel, et plus particulièrement les industries fabricant les biens de production. Il va sans dire que dans le cas de ces entreprises aussi, il y a une perte énorme en matière de création d’emploi. En considérant l’investissement public, on ne peut omettre de par- ler de la question du taux d’exé- cution des investissements. Les données officielles en la matière indiquent toutes un taux d’exécu- tion très en deçà des prévisions. A titre d’exemple, dans un rapport de la Cour des comptes en 2016, les auteurs notent que «le taux moyen d’exécution des budgets d’inves- tissement s’est inscrit depuis 2008 dans une tendance baissière. Durant la période 2010-2015, il a oscillé autour de 62%».
Parallèlement à ce phénomène (fai- blesse du taux d’exécution des investissements publics), nous avons la pratique régulière et abu- sive des reports de crédits d’une année à l’autre; une anomalie lourde de conséquences, d’autant plus que les reports portent sur des montants de crédits considérables. Selon le rapport économique et financier accompagnant le projet de Loi de Finances 2016, «l’exé- cution des dépenses d’investisse- ment au fil des Lois de Finances s’est caractérisée par une accu- mulation des reports de crédits qui se sont élevés à 21 milliards DH à fin 2012». Il va sans dire que ces deux phé- nomènes ayant trait à l’exécution des dépenses d’investissement et aux reports des crédits ne peuvent qu’être à l’origine d’une perte en matière de création d’emploi.
C- La défaillance des entreprises Les statistiques afférentes aux défaillances des entreprises éta- blies par l’OMPIC, Bank Al-Magrib, Inforisk (4) et différentes études et recherches académiques, montrent une évolution inquiétante du phé- nomène. Ayant oscillé entre 1.730 et 5.808 entre 2007 et 2015, le nombre de défaillances des entre- prises marocaines s’est situé à des niveaux plus élevés, voire inquié- tants entre 2017 et 2024. De 8.000 en 2017, le nombre passe à 6.612 en 2020 pour remonter à 10.556 en 2021,12.397 en 2022, puis 14.245 en 2023 et 16.000 en 2024. La dissolution des entreprises a porté sur un très grand nombre d’entreprises. Le nombre est passé de 7.340 en 2017 à 7.175 en 2018, à 7.622 en 2019, avant de baisser à 5.421 en 2020, puis remonter à 8.263 en 2021, à 9.740 en 2022 et
L’examen de la structure de l’investissement au Maroc montre qu’une grande proportion de ce dernier se dirige vers le BTP et les services, qui sont des secteurs moins productifs et peu créateurs d’emplois.
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