ECONOMIE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 25 DÉCEMBRE 2025
le chômage et contribue à augmen- ter le taux de chômage. Plusieurs facteurs se trouvent à l’origine de la défaillance des entreprises et du niveau élevé de leur mortalité, parmi lesquels on peut citer : i- la faiblesse des ressources finan- cières de l’entrepreneur (fonds propres), particulièrement des TPE; ii- les difficultés d’accès au finance- ment externe notamment bancaire; iii- les difficultés d’accès aux mar- chés, notamment les marchés publics du fait de la taille des entre- prises; iv- des délais de paiement longs et qui impactent lourdement la trésore- rie des entreprises et sont à l’origine de la défaillance financière de ces dernières; v- de grandes faiblesses au niveau de la qualification de la main- d’œuvre et en matière de capacités de gestion; vi- absence ou mal préparation des business plan des projets par les porteurs de projets; vii- absence ou faiblesse de l’ac- compagnement des petites et micro-entreprises de la part des structures publiques concernées; viii- le niveau de développement économique du pays. D- L’accès au financement Pour se reproduire, maintenir les emplois et pouvoir éventuelle- ment créer de nouveaux emplois, les entreprises ont besoin de faci- lités d’accès au financement, et plus particulièrement les TPME qui concentrent une bonne partie de l’emploi au niveau national. Or, sur le terrain, et malgré une multitude de programmes et mesures mis en place par les pouvoirs publics pour faciliter l’accès de ces entreprises au crédit bancaire, seule une faible proportion des TPME, catégorie qui constitue selon différentes évalua- tions plus de 95% du tissu pro- ductif national, parvient à obtenir des crédits bancaires pour financer leurs besoins d’investissement et de fonctionnement. C’est là l’une des principales conclusions aux- quelles nous avons abouti à l’issue d’une recherche qui a débouché sur la publication d’un ouvrage sous le titre : «Le système bancaire au Maroc» . Les TPME sont confron- tées régulièrement à de grandes
difficultés pour accéder au crédit bancaire et souffrent à cause d’un sous-financement chronique (6) . Des enquêtes de la Banque mondiale, du haut-commissariat au Plan et de la Banque centrale ont abouti au même résultat. Pour la Banque mondiale, le secteur financier est particulièrement absent dans les phases initiales de développement des entreprises. Elle cite les exi- gences élevées en matière de garan- tie comme obstacle au financement des jeunes entreprises innovantes et à fort potentiel de croissance. Dans le cas de l’agriculture, une étude datant de 2018 montre que «sur la base du système de finance- ment actuel, 93% des exploitations sont exclues du financement» . E- L’accès aux marchés En matière d’accès au marché, il est bien connu qu’une fraction impor- tante des TPME, même si leur pro- duction (physique) est importante, rencontre des difficultés de commer- cialisation de leurs produits à cause de plusieurs facteurs, dont notam- ment la faiblesse ou le manque de ressources financières, la faiblesse des revenus et donc du pouvoir d’achat de la majorité de la popu- lation (problème de la demande), le déficit en matière de plateformes de commercialisation de proximité, l’éloignement des petits et micro- producteurs des grands centres de consommation (existence et qua- lité des infrastructures du transport, coûts de transport), le grand déficit en matière de compétences des entrepreneurs (faible niveau de qua- lification professionnelle, faiblesses en matière de capacités de mana- gement), manque d’appui de l’Etat à la formation des entrepreneurs, absence d’appui aux TPME et plus particulièrement aux TPE de la part d’organisations professionnelles desquelles relèvent leurs secteurs d’activité (Chambres d’agriculture, Chambres de commerce et de l’in- dustrie, associations des produc- teurs, l’interprofession…). Dans le même ordre d’idées, il importe de soulever la question des obstacles que rencontrent les TPE pour accéder aux marchés et com- mandes publics. Souvent, elles en sont exclues au profit des moyennes et grandes entreprises. En discu-
La formation professionnelle a un rôle important dans l’insertion des jeunes dans le monde du travail.
à 10.905 en 2023. Pour le président de la Confédération marocaine des TPE-PME (A. El Fergui), les statis- tiques présentées par l’Observatoire marocain de la très petite, petite et moyenne entreprise (OMTPME) sur les défaillances des entreprises (2022-2023) sont très en deçà de la réalité. Il indique que la situation est bien plus grave : «les statistiques publiées par l’Observatoire sont erronées, parce qu’elles recensent uniquement les entreprises per- sonnes morales et ne prennent pas en compte les TPE à personnes physiques, qui représentent pour- tant plus de 66% du total des entre- prises. Nous avions déjà dénom- bré la faillite de 33.000 entreprises personnes physiques et personnes morales en 2023». Bien plus, il remet en cause la définition de la TPE rete- nue par l’OMTPME, qui considère comme TPE toute entreprise dont le
chiffre d’affaires se situe entre 3 et 10 millions DH. Il constate que cette définition s’écarte de celle adoptée en 2013 lors du lancement de la stratégie relative à la TPE, qui fixe ce statut aux structures dont le chiffre d’affaires est inférieur à 3 millions DH et qui emploient moins de 10 personnes. L’écrasante majorité des entreprises défaillantes sont des TPE. Selon Inforisk, en 2023, ces dernières, qui constituent l’essentiel du tissu des entreprises au Maroc (65% en 2019/ HCP), ont représenté plus de 98% des défaillances d’entreprises dans le Royaume. Or, cette catégorie d’entreprises contribue dans une forte proportion à l’emploi. Selon la Banque mondiale et l’OMTPME, «les entreprises de 10 salariés ou moins contribuent à près de 86% de l’emploi au Maroc (5) » . La forte mor- talité des entreprises alimente donc
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