ECONOMIE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 25 DÉCEMBRE 2025
vii- Il n’y a pas de dispositif ou de mécanisme solide pour facili- ter l’engagement des diplômés du supérieur dans l’entrepreneuriat. Toutes les mesures prévues par les pouvoirs publics pour promouvoir la création d’entreprises et soutenir les TPME n’ont pas débouché sur des résultats conséquents. La non-absorption des diplômés par l’économie marocaine, et plus spé- cialement des diplômés du supé- rieur, se traduit par une perte de grande ampleur du capital humain qui affecte le retour sur l’investisse- ment qui a été engagé dans l’édu- cation. Un capital humain dévalo- risé, peut-on dire. L’une des consé- quences de la faible insertion des diplômés supérieurs est la fuite des cerveaux, phénomène que connaît le Maroc depuis plusieurs années et qui ne fait que s’aggraver de plus en plus, avec toutes ses conséquences sur l’économie nationale. F. N. H. : En plus du chô- mage, il y a aussi le sous- emploi. Quelle en est votre évaluation ? L. E. A. : A côté du chômage, le sous-emploi (SE) constitue un autre indicateur important de la perfor- mance du marché du travail. Le SE est l’expression d’une sous-uti- lisation de la force de travail. Il représente une mesure importante du potentiel inexploité de la main- d’œuvre, situation qui est à l’ori- gine de pertes de productivité et de rentabilité et de coûts socioécono- miques importants. Dans sa définition du sous-emploi, le HCP retient deux formes : le SE lié au temps de travail et le SE lié aux situations d’emploi inadéquat. S’agissant de la première forme, la définition du HCP considère comme sous employée toute personne âgée de 15 ans et plus ayant travaillé au cours de la semaine de référence moins de 48 heures et disposée et disponible à faire des heures sup- plémentaires. Cette forme de SE
reflète donc un nombre insuffisant d’heures de travail par rapport à une situation d’emploi alternative dans laquelle une personne est dis- posée et disponible à s’engager. La seconde forme de SE renvoie à une situation concernant tout tra- vailleur ayant travaillé plus de 48 heures et qui est à la recherche d’un autre emploi ou disposé à changer d’emploi pour inadéquation de son emploi avec sa formation, sa quali- fication ou l’insuffisance de revenu procuré par son travail actuel. Au Maroc, le SE est prégnant depuis de nombreuses années; il constitue un phénomène struc- turel. Il concerne une population active occupée importante et son taux demeure élevé. Sur la période 2010-2023, la moyenne de la popu- lation active occupée en SE est de 1.065.429. Le taux global moyen du sous-emploi pour la période consi- dérée (2010-2023) s’élève à 10%. Il a atteint des niveaux supérieurs à 11% en 2010 et 2016. Il a été de 10,7% en 2020 et de 9,8% en 2023. Quant à la structure du SE en fonc- tion du sexe, les données montrent que le sous-emploi touche beau- coup plus les hommes que les femmes. Pour 2023, les taux res- pectifs s’élèvent à 10,90% et 5,80%. Par secteurs d’activité économique, les données disponibles montrent que le BTP se distingue par le taux de sous-emploi le plus élevé. Entre 2020 et 2023, ce taux s’est situé entre 15,30% (2018) et 19,20% (2023). Le secteur «Agriculture, forêt et pêche» vient en deuxième position avec un taux variant entre 9,10% (2012) et 12,70% (2010). Le secteur des «services» vient en troi- sième position avec des taux de sous-emploi oscillant entre 7,20% (2022) et 10,70% (2013). Quant à l’industrie, elle est toujours concer- née par un taux de SE le plus bas. Sur la période concernée, il a oscillé entre 6,20 et 8,70%. ◆ 1- Conseil Economique, Social et Environnemental, Les jeunes NEET : quelles perspectives d’inclusion socio-écono- mique, Auto-saisine n° 73/2023. 2- Notre ouvrage intitulé : L’économie de l’investissement, aspects théoriques et analyses empiriques, 2018. 3- Voir présentation de ces projets dans notre ouvrage : L’économie de l’investissement, aspects théoriques et ana- lyses empiriques, 2018. 4- Spécialiste de l’information sur les entreprises. 5- Banque Mondiale, OMTPME, Libérer le potentiel du secteur privé marocain, 2024. 6- Voir la deuxième partie de notre ouvrage cité (le système bancaire au Maroc, et plus précisément la section relative à ‘’la place des PME et des TPE dans le financement ban- caire’’ pour d’amples détails sur la question.
Le Maroc capitalise sur des secteurs émergents comme l’automobile pour booster l’emploi.
de formation au Maroc; ii- la croissance économique est peu créatrice d’emplois. Quelques détails sur cette question sont pré- sentés dans le troisième axe de ce travail; iii- lorsque les entreprises recrutent les diplômés, plus particulièrement les PME, elles ont une forte pro- pension à recruter les diplômés de formation intermédiaire ou de niveau moyen [les diplômés de l’en- seignement collégial, les diplômés de l’enseignement secondaire, les diplômés de qualification profes- sionnelle (DQP) et de spécialisation professionnelle (DSP)], pour minimi- ser le coût salarial; iv- souvent, les niveaux de salaires que proposent les entreprises aux diplômés du supérieur ne cor- respondent pas à leur diplôme et leur niveau de formation. Ces der- niers sont découragés, refusent l’offre qui leur est faite et préfèrent attendre une meilleure opportunité.
Malheureusement, l’attente risque fort probablement de durer long- temps; v- dans beaucoup de cas d’entre- prises familiales, même si elles dis- posent de moyens suffisants, elles recrutent un seul ingénieur qui va s’occuper de plusieurs tâches (pro- duction, marketing, commercial), là aussi, pour faire des économies sur salaires; vi- la faiblesse des rapports entre l’université et l’entreprise ne favo- rise pas la promotion de l’emploi : pour donner plus de chances aux diplômés du supérieur en matière de recrutement, les entreprises doivent s’organiser pour accorder des stages d’une durée déterminée aux diplômés supérieurs, notam- ment dans le cadre de la prépara- tion de leurs Projets de fin d’études (PFE), pour faciliter un apprentis- sage professionnel adéquat et, par voie de conséquence, leur insertion professionnelle;
Les différentes stratégies d’industrialisation qui se sont succédé depuis l’indépendance n’ont eu, globalement, que des résultats limités aussi bien en matière de création de richesses qu’au niveau de la création d’emploi et de la résorption du chômage.
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