FNH N° 1101

JEUDI 23 MARS 2023 / FINANCES NEWS HEBDO SPÉCIAL SANTÉ

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Dans cette gestion, dès le début, Sa Majesté avait donné ses Hautes instruc- tions pour que nous puissions rapidement traiter les premiers cas enregistrés et procéder à la vaccination. Parce qu’on voyait venir les choses. C’est dans cette optique que le Maroc s’est positionné parmi les premiers pays au monde en termes de vaccination. Ce qu’il faut savoir, c’est quand d’autres pays cherchaient comment se procurer les produits, nous étions déjà dans les pourparlers pour être parmi les premiers à être approvisionnés en vaccins. F.N.H. : Quelles sont les leçons que votre département a tirées de cette pandémie en termes d’anticipation, de préparation, de formation des cadres et du personnel soignant et de disponibilité des unités de soins dédiées et de médicaments ? Kh. A. T. : Ce n’est pas juste une anticipa- tion, mais c'est une véritable organisation à tous les niveaux. Il s’agit d’un travail collégial et collaboratif avec plusieurs ins- tances. Sa Majesté avait ordonné qu’il y ait un comité de sécurité, qui devait veiller à l’exécution des opérations et des déci- sions qui sont prises. Ce qui permet éga- lement le suivi. Sans oublier la constitution d’un comité de vigilance économique. Ce comité de veille a été décisif parce que l’impact socioéconomique de la Covid n’était pas des moindres. Au niveau secto- riel, il y a eu la mise en place des comités d’urgence sanitaire. De même, il y a eu la constitution du comité scientifique, qui est l’une des premières instances qui suivait de très près les différentes phases scien- tifiques dans la gestion de la pandémie. Ce comité réunit toutes les compétences civiles et militaires, publiques et privées, pour orienter les différentes étapes de la gestion de la crise. Par la suite, toutes les décisions prises ont été déployées au niveau territorial, parce qu’en même temps, tout au début, il y a eu une convergence des décisions centrales. Et, au fur et à mesure de la compréhension de la crise, nous avons pris la pleine mesure des ramifications de la contextualisation territoriale. Dans ce sens, chaque territoire a pu prendre des mesures adaptées à son contexte. F.N.H. : Dans ce sens, en ce qui concerne l’unité de fabrication des vaccins, où en sommes-nous aujourd’hui ? Kh. A. T. : Ce qu’il faut savoir, c’est que

La réforme de la santé passe aussi par le déve- loppement des struc- tures de proximité.

cette idée de construction d’une unité de fabrication des vaccins n’émane pas du néant. C’est Sa Majesté qui a très tôt pris cette décision. Parce que l’une des premières leçons que nous avons tirées de cette pandémie, est celle de la souve- raineté médicale et sanitaire du pays. Il est exclu que le Maroc reste toujours dépen- dant d’autres pays. Il y a eu le lancement de l’usine, dont les travaux sont pratique- ment achevés. Nous sommes en train de superviser les derniers lots de validation pour passer à la fabrication. Cette usine ne va pas se contenter de seulement fabri- quer des vaccins contre la Covid, mais elle servira à fabriquer 80% des vaccins dont le Maroc a besoin dans le cadre du programme d’immunisation marocain qui comporte 22 vaccins. Concrètement, nous sommes aujourd’hui en train de travailler sur quatre vaccins : l’anti-covid, le HPV, anti pneumococcique et l’antirabique. Nous allons d’abord commencer par la fabrication de ces quatre vaccins avant de passer à quatre autres, parce qu’il y a tout un transfert technologique à opérer ainsi qu’un transfert d’analyse aussi. Ce qu’il faut retenir, c’est que d’ici la fin 2023, nous aurons déjà quatre vaccins dans le pipe. F.N.H. : Aujourd’hui, où en êtes-vous dans la formation des cadres, du personnel soignant et de la dispo- nibilité des unités de soins, en pré- vision à d’autres crises sanitaires ? Kh. A. T. : Je voudrais d’abord remercier (et je ne pourrais jamais les remercier assez) tous les professionnels de santé, les agents d’autorité, le ministère de l’Inté- rieur, la Sûreté nationale, la Gendarmerie royale, la Protection civile, Les Forces

armées royales, les instances médicales de l’armée et les Forces auxiliaires qui n’ont ménagé aucun effort pour que l’on puisse cerner la pandémie. Il faut aussi dire qu’au niveau des professionnels de santé, malgré les insuffisances en moyens et en logistique, ils ont pu réaliser un tra- vail exemplaire à plus d’un égard. A ce titre, cette crise nous interpelle pour nous préparer aux crises à venir. Il est clair que nous avons enduré des difficul- tés, mais nous avons aussi réalisé des prouesses. Partant de cette expérience, notre priorité est de savoir comment le Maroc pourrait devenir autonome à 100% en matière de gestion médicale et ne dépendre d’aucun autre pays. F.N.H. : Est-ce que c’est possible ? Kh. A. T. : Aujourd’hui, tous les pays, mal- gré leur pouvoir économique, ne peuvent compter uniquement sur leurs propres ressources. Il nous faut un travail col- laboratif. Il faut travailler en réseau. Je pense que la souveraineté sanitaire peut se concevoir pour chaque pays, mais elle ne peut être effective qu’en travaillant avec d’autres partenaires. C’est la raison pour laquelle Sa Majesté est en train de travailler sur la souveraineté sanitaire au niveau continental. Nous avons la possi- bilité de la faire. Et nous avons toutes les compétences pour la mettre en pratique. Cela nous ramène à parler de cette grande question qu’est le Made in Morocco. Il faut que le Maroc repose aujourd’hui sur sa propre production, sur sa propre industrie médicale et sanitaire. Dans cet objectif, bien sûr, il y a la formation des cadres pour mettre sur pied un dispositif qui puisse faire face à n’importe quelle crise

Au début de la pandémie, nous dispo- sions de seu- lement 684 places de réa- nimation, avec 222 réanima- teurs dans le secteur public et 480 dans le secteur privé.

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