38 JEUDI 23 MARS 2023 / FINANCES NEWS HEBDO
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SPÉCIAL SANTÉ
F.N.H. : La généralisation de l’AMO est désormais une réalité au Maroc. Elle s’accompagne néanmoins d’une forte augmentation des demandes de soins et de médicaments. Quelles sont les mesures d’accompagne- ment qui ont été prises à cet effet pour garantir aux citoyens une qua- lité de soin et une prise en charge optimales ? Kh. A. T. : Sa Majesté, dans plusieurs de ses discours, notamment celui de 2018 de la Fête du Trône, a insisté sur la géné- ralisation de la couverture médicale. Et le Souverain l’a associée à la refonte du système de santé dans notre pays. C’est un tandem indissociable parce que nous ne pouvons pas travailler sur la couverture sociale sans pour autant préparer le récep- tacle, qui est bien sûr le système de santé adéquat. Concrètement, le 1 er décembre 2022, le gouvernement a fait basculer tous les ramedistes (les bénéficiaires du Ramed) à l’assurance maladie obligatoire (AMO). Aujourd’hui, on se retrouve avec trois grandes catégories. Il y a la catégorie des salariés, qui comporte ceux du privé et du public, gérés par la CNOPS ou la CNSS. Il y a la catégorie des travailleurs non-salariés qui sont pris en charge par la CNSS et qui englobe pratiquement tous les métiers, y compris les métiers de la presse. Il y a aussi la catégorie des personnes démunies, qui viennent de l’an- cien Ramed et qui sont aujourd’hui AMO Attadamoun. C’est une logique tiers, tiers, tiers. Cela représente pour chaque caté- gorie le même nombre de bénéficiaires, 11 millions pour chacune d’entre elles. Dans ce sens, le Ramed est aujourd’hui englobé
sanitaire. D’ailleurs, ces mesures font par- tie de la refonte que nous sommes en train de mener. F.N.H. : Il y a donc une profonde adaptabilité qui s’est mise en place suite à cette crise sanitaire… Kh. A. T. : Tout à fait. Le secteur de la santé est aujourd’hui en pleine mutation, avec tous les impératifs de la technolo- gie. Le Maroc prend les devants dans ce sens. Nous avons initié un travail colla- boratif avec le ministère de l’Industrie et du Commerce pour réaliser le chantier de l’innovation industrielle dans le domaine de la santé pour une production Made in Morocco. D’ailleurs, durant cette crise, beaucoup de produits sont sortis manu- facturés marocains, que ce soit pour les tests biologiques, les PCR, etc. Nous avons de grandes compétences natio- nales; il suffit de leur donner la possibi- lité de travailler et de leur faire confiance. Dans cette optique, nous sommes en train de baliser tous les axes de la santé. Depuis le début de la crise, il y a une équipe qui s’est penchée sur le problème des respirateurs, mais aussi sur celui des lits. Maintenant, nous sommes en train de travailler sur les produits d’ostéosynthèse et les prothèses que nous importons à des prix très élevés. Car, il y va aussi de la sou- tenabilité de la protection sociale. Parce qu’aujourd’hui, le coût des soins, avec tout ce que nous importons, impacte la facture sociale. Et les organismes gestion- naires n’ont pas la possibilité de supporter une facture aussi élevée. Avec la produc- tion marocaine, nous allons pouvoir agir sur cette protection.
Nous sommes aujourd’hui en train de tra- vailler sur quatre vaccins : l’anti- covid, le HPV, l'anti pneu- mococcique et l’antirabique.
dans l’AMO Attadamoun. Nous sommes dans une phase transitoire à laquelle nous sommes en train d’apporter les ajuste- ments nécessaires. F.N.H. : La grande question qui reste aujourd’hui posée est comment faire le meilleur ciblage pour que les gens puissent bénéficier des programmes sociaux au niveau de la protection sociale… Kh. A. T. : C’est pour répondre à cette question que nous sommes en train de travailler sur le registre national des popu- lations. Dans ce sens, il y a bien sûr le registre social unifié, qui est le baromètre du niveau de vulnérabilité des ménages et des individus. Parce qu’il faut dire les choses comme elles sont. Certains ont bénéficié du programme Ramed même s’ils ne faisaient pas partie d’une popula- tion défavorisée ! Nous allons donc per- mettre au reste des programmes sociaux, comme les allocations familiales et le programme Tayssir, d’être bien identifiés pour avoir un réel indicateur d’éligibi- lité. Avec ce ciblage, nous allons être très précis. Maintenant, il faut aussi savoir que l’assurance médicale n’est pas un phénomène statique. Au contraire, c’est un phénomène dynamique qui évolue, et dans lequel il y a certaines personnes qui entrent et d’autres qui sortent. Ce qui explique qu’il y aura une période tran-
La gestion du Covid- 19 a été le catalyseur pour lancer une nouvelle approche de la santé au Maroc.
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