FNH N° 1101

JEUDI 23 MARS 2023 / FINANCES NEWS HEBDO SPÉCIAL SANTÉ

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que Sa Majesté, dans la loi 06 22, approu- vée lors du dernier Conseil des ministres, a insisté sur la mise en place d’un sys- tème de gouvernance important, avec la création d’une Haute autorité qui serait le garant de l’action de l’État dans le temps, avec une feuille de route, une stratégie, une politique de santé de l’État, une poli- tique inébranlable et que tout le monde doit suivre. Dans cette vision, nous avons une marge de manœuvre pour assurer la pérennité à ce que nous sommes en train de faire. L’autre point important, c’est le manque de traçabilité de ce qui a été fait. Il nous faut donc un système profond d’informa- tion. Ce qui est incontournable. D’ailleurs, au jour d’aujourd’hui, toutes les régions, toutes les villes, même au niveau rural, sont dotées d’un système d’information. F.N.H. : Comment se déploie ce sys- tème ? Kh. A. T. : Nous avons quatre systèmes d’information déployés à l’échelle territo- riale. Et tous les centres sont liés grâce à un débit Internet, par cellulaire, par fibre optique ou satellitaire pour que l’informa- tion médicale circule entre les différentes structures sanitaires. L’impact de cette action n’est pas visible tout de suite, mais nous allons le voir, au fur et à mesure, de manière progressive. Déjà, à partir de la fin 2023, on verra les résultats, parce que cela permettra de doter le citoyen maro- cain d’un dossier médical électronique. Cette carte va révolutionner la prise en charge. Prenons l’exemple d’un patient hémodialysé : quand il est pris en charge à Oujda, il ne peut pas se déplacer, parce qu’il dépend de son centre d’hémodialyse. Aujourd’hui, ce patient peut se déplacer et faire son hémodialyse n’importe où au Maroc, avec sa carte médicale, parce que tous les malades sont solvables. Muni de son AMO, il choisit son établissement et personne ne peut l’empêcher d’être traité dans n’importe quelle partie du terri- toire national. Sans oublier que ce patient représente aussi un client pour l’hôpital public. La finalité étant que le système d’assurance maladie finance le système de santé. F.N.H. : Vous prônez une grande complémentarité entre les secteurs public et privé. Cette entente est- elle réaliste, et où nous en sommes aujourd’hui ? Kh. A. T. : Pour vous répondre, je com- mence par poser cette question : est-ce

«Toutes les régions, toutes les villes, même au niveau rural, sont dotées d’un système d’in- formation», confirme le ministre.

compris qu’un petit virus est capable de chambouler tout un système. Il y a donc matière à réfléchir sur la place à donner au système de santé dans notre pays. En cela, la réforme du système s’impose à nous. C’est pour cela que nous avons prôné plusieurs réformes, avec plusieurs stratégies qui ont été mises en place suite aux différentes politiques gouver- nementales qui se sont succédé sans un réel impact sur le terrain. Il y a certes eu des changements durant toutes ces années, mais pas de profondes mutations du système de santé. Car, nous l’avons remarqué, tout ce qui a été fait a entraîné une certaine saturation du système actuel, parce qu’on n’arrive plus à progresser davantage. Dans ce schéma actuel, nous injectons beaucoup d’argent, mais sans impact réel. C’est pour cette raison qu’il a fallu penser à une refonte totale. F.N.H. : Quel en est l’ADN ? Kh. A. T. : Vous savez, quand on parle des réformes qui se sont succédé, il s’agit de réformes limitées dans le temps. Nous avons constaté qu’il n’y avait pas de continuité de l’action de l’État dans le long terme. C’est ce qui n’a pas garanti la réussite des différentes réformes dans le passé. Il a fallu donc repenser le système de fond en comble. Pour y arriver, il faut d’abord qu’il y ait une gouvernance réelle de ce système de santé. C’est pour cela

sitoire durant laquelle ce registre social nous permettra de redresser et d’apurer la situation, d’ici juin 2023. Il faut aussi préciser qu’il y a tout un travail législatif qui a été fait. Nous avons passé exacte- ment 29 textes de lois. Le dernier texte est en passe d’être validé. Il s’agit de la loi 60 22, qui concerne ceux qui ont la possibi- lité de cotiser, mais qui n’appartiennent à aucun système. Nous leur avons créé une possibilité d’adhérer à l’assurance mala- die obligatoire. Maintenant, avec tout cet arsenal juridique, personne n’est laissé- pour-compte; tout le monde a la possibi- lité d’être pris en charge. F.N.H. : Comment voyez-vous l’avenir de la santé au Maroc, en relation avec l’amélioration de l’offre des soins qui demeure une réelle préoc- cupation pour les citoyens ? Kh. A. T. : Je pense que ce n’est pas là une question exclusive au Maroc. Tous les pays du monde ont pris aujourd’hui la pleine mesure de l’action centrale de la santé dans les différentes politiques publiques. C’est un élément fondamen- tal dans la sécurité des pays : sécu- rité sociale, sécurité alimentaire, stabilité des pays… La santé est actuellement un maillon incontournable. Au Maroc, cette prise de conscience s’est imposée d’elle- même et nous avons réagi avec logique et anticipation, parce que nous avons

Sa Majesté, dans la loi 06 22, approu- vée lors du dernier Conseil des ministres, a insisté sur la mise en place d’un système de gouver- nance impor- tant, avec la création d’une Haute auto- rité qui serait le garant de l’action de l’État dans le temps…

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