40 JEUDI 23 MARS 2023 / FINANCES NEWS HEBDO
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SPÉCIAL SANTÉ
nale. Parce qu’il nous faut aussi combattre le désert médical. Mais il faut bien qu’il y ait une certaine incitation pour que l’on puisse investir dans des régions déshé- ritées. F.N.H. : Dans ce sens, où en sont la révision des conventions nationales et la revalorisation de la tarification nationale de référence (TNR) deman- dée par les médecins du privé ? Kh. A. T. : La TNR qui existe aujourd’hui date de 1998. Elle a été revue en 2006 pour certains axes. Le secteur libéral travaille aujourd’hui selon la tarification conventionnée. Dans ce sens, il y a un gap entre la tarification et la facturation réelle, il faut le reconnaître. Le citoyen marocain souffre aujourd’hui de ce décalage et il est parfois amené à payer le supplément. Mais le coût réel des soins est sous-esti- mé dans la tarification nationale. Si nous voulons éviter le chèque de garantie, qui est le noir, il faut revaloriser la tarification nationale de référence. Ceci dit, le privé doit aussi se mettre à niveau comme le fait le public aujourd’hui. Et dans cette mise à niveau, il y a une condition qui est très importante pour que l’on continue à être conventionné avec les organismes gestionnaires : il faut que le système libéral se dote d’un système d’information qui soit intégré dans le sys- tème d’information national. F.N.H. : La question de la santé en milieu rural est au cœur de vos prio- rités. Quelles mesures sont prises pour renforcer l’offre santé dans les campagnes marocaines ? Kh. A. T. : La loi-cadre 06 22 de la refonte du système de santé prévoit quatre piliers. Un pilier relatif au système de gouver- nance, avec au niveau de l’échelle stra- tégique, la Haute autorité, la création de
Pour Khalid Aït Taleb : «Si nous vou- lons éviter le chèque de garantie, qui est le noir, il faut revaloriser la tarification nationale de référence.
que le public est suffisant pour répondre aux besoins des populations ? Est-ce que le privé tout seul est suffisant ? La réponse est non pour les deux cas. C’est pour cela que l’on doit être dans la complémenta- rité. Aujourd’hui, ce n’est pas tant la ques- tion du public-privé qui importe. Ce qui est fondamental, c’est d’avoir les ressources humaines suffisantes pour répondre aux besoins de la population, parce que nous sommes en-deçà des ratios, avec un gap important. Il manque 32.000 médecins et 65.000 infirmiers. Évidemment, il n’est pas facile de les former rapidement. C’est pour cela que nous avons vu avec le Chef du gouvernement pour que l’on prenne certaines décisions par rapport à cet état de fait. F.N.H. : Comment allez-vous faire pour résorber ce gap ? Kh. A. T. : Premièrement, et cela a été vali- dé dans la loi cadre, nous allons créer une faculté de médecine et un CHU par terri- toire. Nous sommes sur 8 CHU aujourd’hui; nous allons continuer pour doter toutes les régions. Deuxièmement, en augmen- tant le nombre de centres de forma- tion, nous allons également augmenter le nombre des formés. Troisièmement, nous réduisons le nombre d’années d’études en médecine, en passant de 7 ans à 6 ans. Avec ces trois mesures, nous allons passer du ratio de 1,7 professionnel de santé pour 1.000 habitants à 2,5 en 2025. Nous serons déjà au niveau des recom- mandations de l’OMS qui sont de 2,3. Et si nous continuons avec le même rythme, nous atteindrons les 4,2 à l’horizon 2028.
Avec ce ratio, nous nous approchons des objectifs du développement durable (ODD). Si nous réglons cette première question, nous n’aurons plus de problème au niveau des ressources humaines qui circulent entre le public et le privé. Nous aurons alors une suffisance, qui amène avec elle un niveau de qualité plus haut et plus compétitif. C’est pour cela que je suis convaincu que le public et le privé peuvent se compléter. Je suis tout à fait ouvert à ce que les professionnels du privé viennent travailler dans le public et vice-versa. Bien sûr, avec des cahiers de charges pour qu’il n’y ait pas de dérapages. A un autre niveau, puisque nous sommes sur le groupement sanitaire territorial, il y aura l’élaboration d’une carte sani- taire régionale, qui est automatiquement publique et privée. Dans un futur proche, on ne pourra donc investir que selon les considérations de la carte sanitaire régio-
Dans un futur proche, on ne pourra investir que selon les considérations de la carte sanitaire régionale.
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