46 JEUDI 23 MARS 2023 / FINANCES NEWS HEBDO
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SPÉCIAL SANTÉ
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«Les génériques représentent aujourd’hui 40% des médicaments vendus au Maroc» ◆ Le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, met la lumière dans cette interview sur la vision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI en ce qui concerne la souveraineté sanitaire au Maroc. ◆ Développement de l’industrie pharmaceutique, production de médicaments génériques, importance du made in Morocco, fabrication de vaccins… sont, pour le ministre, autant de leviers sur lesquels il faudrait jouer pour moins dépendre de l’étranger. Entretien.
F.N.H. : Surtout que le Maroc est aujourd’hui un hub multisectoriel pour l’Afrique… R. M. : Exactement. Le Maroc doit jouer son rôle et il le joue. Et il a encore un rôle plus important à jouer et sur le continent et en tant que hub international de la région, au niveau de la Méditerranée et l’Europe. Parce qu’il faut le savoir, le Maroc exporte aussi des médicaments vers l’Europe. Nous avons donc des opportunités exceptionnelles pour cette industrie, avec un savoir-faire indéniable depuis plusieurs décennies et un marché local qui est en forte croissance. Tous les ingrédients sont réunis pour que ce secteur puisse se développer de manière exponentielle. F.N.H. : Les médicaments génériques sont d’un enjeu capital dans cette quête de souveraineté sanitaire. Où en est le Maroc dans la fabrication de génériques et y a-t-il des méca- nismes qui vont être déployés pour en favoriser la production ? R. M. : Les médicaments génériques repré- sentent aujourd’hui 40% des médicaments vendus au Maroc. Ce qui est intéressant, c’est qu’aujourd’hui, quand on fait la compa- raison entre les princeps et les médicaments génériques, on se rend compte qu’il n’y a pas beaucoup d’écarts de prix. Les laboratoires qui fabriquent les princeps se sont adaptés au marché. Ainsi, d’une manière générale, les médicaments génériques permettent aussi à nos laboratoires d’avoir la propriété exclusive de leurs formules et de leurs médicaments. Cela leur permet aussi de ne pas payer des royalties, ce qui est important. Mais, il ne faut pas oublier que nous avons des laboratoires internationaux qui ont une présence variable dans notre pays : ils ont été très forts, ils le sont un peu moins, et ils ont des inten- tions pour renforcer leur production. Mais,
Propos recueillis par F. Ouriaghli & A. Najib
Finances News Hebdo : Conformément à la vision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Maroc est engagé sur la voie de la souveraineté sani- taire. L’industrie pharmaceutique aura un rôle important à jouer dans ce sens. Quel bilan peut-on faire de ce secteur actuellement et comment compte-t-il accompagner la vision royale ? Ryad Mezzour : D’abord, il faut savoir que nous avons un secteur pharmaceu- tique qui est l’un des plus performants du continent africain. C’est un secteur qui a permis de répondre aux enjeux de la pan- démie de manière extrêmement efficace et qui a permis au Maroc d’avoir une certaine autonomie depuis quelques décennies. Aujourd’hui, nous sommes à 50% de capa- cité propre à produire des médicaments. C’est aussi un secteur important au niveau industriel : il emploie plus de 55.000 per- sonnes, avec un chiffre d’affaires qui avoisine les 15 milliards de DH. Ainsi, il joue un rôle majeur dans l’écosystème de notre industrie, avec des laboratoires qui exportent et dont nous pouvons être fiers. Évidemment, il y a des challenges à rele- ver. Le premier est d’assurer notre souve- raineté sanitaire. Parce que si l’on maîtrise la partie formulation et la partie finition du médicament, pour parler de manière simple, on ne maîtrise pas beaucoup les principes actifs. Ces principes relèvent bien entendu plus de l’industrie de la chimie que de l’industrie du médicament. Et c’est sur ce volet-là que nous voulons être performants pour compléter et renfor- cer notre souveraineté. Le deuxième challenge est d’accompa- gner cette industrie pharmaceutique pour
qu’elle puisse répondre aux enjeux du grand projet royal de la couverture sociale généralisée. Celle-ci va, selon nos esti- mations, engendrer un triplement de la consommation de médicaments : nous allons donc passer de 350 millions de boîtes à plus d’1 milliard de boîtes par an. Ce qui va renforcer aussi l’immunité et la santé de nos concitoyens. Cette crois- sance attendue, et qui va être très rapide avec la généralisation de l’assurance mala- die obligatoire à tous les Marocains, exige que nous accompagnions encore plus for- tement le secteur pour qu’il puisse, pour le moins conserver ses parts de marché, et au mieux les renforcer. Il s’agit aussi d’utiliser ce développement comme levier de croissance pour répondre à la demande nationale et renforcer de manière substan- tielle les exportations.
L’industrie pharmaceu-
tique emploie plus de 55.000 personnes, avec un chiffre d’affaires qui
avoisine les 15 milliards de DH.
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