JEUDI 23 MARS 2023 / FINANCES NEWS HEBDO SPÉCIAL SANTÉ
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tout aussi simple que de changer le prix de la tomate. Il est vrai que les prix n’ont pas for- cément évolué malgré le fait que les intrants soient plus chers. Ce qui fait que les labora- toires, pour la plupart, ont encaissé le coup. La deuxième chose à savoir est que les autorisations de mise sur le marché (AMM) prennent du temps. Nous parlons de médica- ment, quelque chose que l’on ingurgite, que l’on met dans le corps humain. Nous devons donc prendre des précautions. Il faut aussi garder en tête que les dossiers des AMM sont énormes. Ils doivent être vérifiés papier par papier pour qu’on s’assure que ce médi- cament n’est pas dangereux pour la santé et qu’il a un effet bénéfique sur le patient. C’est là une lourde responsabilité du ministère de la Santé, et qui va être prise par l’Agence du médicament qui sera bientôt mise en place. C’est beaucoup de travail. Mais le ministère de la Santé travaille, dans le cadre du contrat- programme que nous avons signé ensemble, pour que ce processus soit digitalisé. Cela va permettre l’évaluation de certaines thèses et de certains points plus rapidement. F.N.H. : Enfin, le Maroc, sous l’impul- sion du Souverain, a fait du partena- riat sud-sud une priorité. L’usine de fabrication de vaccins anti Covid-19 et autres vaccins sise à Benslimane devrait ainsi assurer la souveraineté vaccinale du Royaume et du conti- nent africain dans son ensemble. Où en sommes-nous actuellement en termes de production ? R. M. : Cette unité de fabrication des vaccins, lancée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu le Glorifie, est une véritable fierté. En moins d’un an, l’usine est prête. Elle commence déjà à tourner : elle produit des lots tests et est en finalisation des certifi- cations. On commence déjà à négocier et à prendre des licences pour pouvoir fabri- quer les vaccins. Nous sommes partis d’un terrain vierge à proximité de l’aéroport de Benslimane et tout a été monté de manière extraordinaire, grâce à la mobilisation de tout le monde. Il s’agit là d’une mobilisa- tion d’une bonne dizaine de ministères et de quelques opérateurs privés marocains qui se sont adjoints à un expert technique étranger pour mettre sur pied cette usine en un temps record. Il faut savoir que c’est la plus grande unité de fabrication de vaccins en Afrique, avec une capacité de production de plus de 100 millions de doses par an. Ce qui va renforcer non seulement notre souve- raineté nationale, mais aussi notre souverai- neté continentale. ◆
L’unité de fabrication des vaccins commence déjà à tour- ner : elle produit des lots tests et est en fina- lisation des certifications.
mieux contribuer à la recherche et dévelop- pement. Il y a évidemment plusieurs étapes, mais ça commence par d’abord faciliter les essais cliniques. Dans ce sens, nous tra- vaillons avec le ministère de la Santé et de la Protection sociale, qui est en train de réaliser une réforme extraordinaire avec la mise en place de l’Agence du médicament. Aujourd’hui, nous avons tout un processus mis en place pour renforcer notre capacité d’innovation, tout en fluidifiant la capacité des laboratoires à mettre des médicaments sur le marché, ce qui permettra aussi à nos opérateurs d’être plus agiles pour répondre à la demande des marchés extérieurs. Tout cela va dans le sens de répondre à notre autonomie et de participer de manière rapide à la recherche et développement et, fina- lement, d’exporter davantage nos médica- ments made in Morocco. F.N.H. : Les professionnels du sec- teur déplorent les retards dans la délivrance des autorisations de mise sur le marché des médicaments et des dispositifs médicaux, mais aussi la baisse continue des prix des médicaments au moment où les prix des matières premières et les coûts logistiques au niveau mondial connaissent une flambée. Que leur répondez-vous ? R. M. : D’abord, il faut savoir que pour chan- ger le prix public d’un médicament, il faut une circulaire assez précise. Ce n’est pas du
aujourd’hui, ce qui est le plus important, c’est d’assurer l’équilibre entre la disponi- bilité du médicament, son prix et l’équilibre aussi de la couverture médicale. Dans ce sens, la demande devrait tripler en volume. Normalement, les prix devraient légèrement baisser pour accompagner cette couverture sociale. F.N.H. : Comment le ministère accompagne-t-il les industriels pour développer le «made in Morocco» et limiter les importations de médica- ments ? R. M. : Cette question est fortement liée à trois choses. La première, c’est la production du générique qui est aujourd’hui exemptée de droits, par nature. C’est un médicament développé ici, qui n’est pas sous licence, donc purement made in Morocco. Le deu- xième aspect, c’est l’intégration en profon- deur. C’est-à-dire que le principe actif, qui est extrêmement capitalistique, commence à être fabriqué au Maroc pour que nous ayons de la valeur ajoutée afin de ne pas continuer à importer des principes actifs comme nous le faisons aujourd’hui. Ce sera toujours le cas, mais nous en importerons de moins en moins, comme nous le faisons aujourd’hui des pays asiatiques, à l’instar de l’Inde et de la Chine, qui sont des pays très performants en matière de production de principes actifs. Concernant le troisième volet, il faut aller chercher des relais pour mieux participer et
La couver- ture sociale généralisée
va engendrer un triplement de la consom- mation de médicaments : nous allons passer de 350 millions à plus d’1 milliard de boîtes par an.
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