JEUDI 23 MARS 2023 / FINANCES NEWS HEBDO SPÉCIAL SANTÉ
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assume ce rôle d’assureur. Nous ne sommes pas une administration qui liquide des dossiers simplement sur le critère de la conformité. Encore moins une adminis- tration qui reçoit une feuille de maladie, la saisit et la liquide selon un barème. Nous sommes un réassureur, et je pense que l’un des challenges auquel le régime doit faire face, c’est justement cette aug- mentation des dépenses de maladie. Grosso modo, au Maroc, les dépenses de santé se situent entre 5,5 et 6% du PIB. Cela reste faible par rapport à des pays comparables, et je pense qu’avec la généralisation de l’AMO, nécessairement les dépenses de santé vont augmenter. Et c’est souhaitable, parce que si des gens veulent se faire soigner, c’est notre devoir de leur garantir un accès à la santé. En plus, le coût de la non-santé, on le paye autrement, notamment parce qu’on aura des gens improductifs (arrêts maladie, pathologies qui basculent vers des mala- dies beaucoup plus compliquées, etc.) Tout l’enjeu est que cette augmentation ne soit pas exagérée. En tant que gestion- naire du régime AMO, nous avons une res- ponsabilité de pilotage de ces dépenses de santé. Quand je dis piloter, cela veut dire faire la chasse aux dépenses inutiles, lutter contre la fraude, etc. Lorsque je parle de dépenses inutiles, c’est qu’il est anormal que pour la même pathologie, un médecin prescrive 3.000 DH de biologie et un autre 1.000 DH. Ou encore que le séjour à la clinique ou à l’hôpital soit multi- plié par 2 ou par 3. Il peut y avoir un certain nombre d’abus, et nous devons analyser tout ce que font les prestataires de soins et donner l’information utile aux autorités gouvernementales, notamment au minis- tère de la Santé, pour que nous essayions tous d’optimiser et de rationnaliser ces dépenses de santé. L’idée est que l’argent de l’AMO parte là où il est vraiment utile : il faut que les ressources de l’AMO soient utilisées de façon optimale. Je parlais plus haut de la data et du nou- veau système d’information. La donnée est pour nous quelque chose de crucial. Nous avons d’ailleurs un gros projet de transformation digitale, et l’un des chan- tiers identifiés cette année est d’avoir une vision 360° à la fois sur les prestataires de soins et sur nos clients. C’est ce qui nous permettra d’avoir des tableaux de bord pour alerter les ministères de la Santé, des Finances et les autorités gouverne- mentales sur certains abus et trouver rapidement des solutions pour les régler.
La CNSS a retenu les établisse- ments de paiement (EDP), pour que ses clients puissent
faire un cer- tain nombre d’opérations auprès de ces bureaux.
Aujourd’hui, l’un des sujets sur lesquels le ministère de la Santé travaille, ce sont les fameux parcours de soins coordonnés. Il y a aussi les protocoles thérapeutiques qui deviennent opposables par l’assureur maladie. Je pense que c’est très important pour contenir ces dépenses afin qu’elles aillent là où elles sont utiles. F.N.H. : Sur les parcours de soins coordonnés, il y a vraiment une cam- pagne de sensibilisation qui doit être menée auprès du public... H. B. : La mise en place des parcours de soins coordonnés nécessite beau- coup de préalables, y compris des pré- alables légaux et juridiques. Sans oublier la concertation avec les prestataires de soins et la communication avec les assu- rés. Je suis certain que le ministère de la Santé va mener tout cela en bonne intelligence et que nous allons arriver à un projet bien ficelé. En tout cas, à la CNSS nous sommes à la disposition du ministère et nous nous adapterons, parce que nous souhaitons nous inscrire dans ce grand chantier de parcours de soins coordonnés et de protocoles thérapeu- tiques opposables. F.N.H. : Dans votre grand chantier de digitalisation, envisagez-vous des recrutements ? H. B. : Nous avons approuvé, lors de notre Conseil d’administration, le prin- cipe de création d’une digital factory dans laquelle nous allons pouvoir recru- ter des ressources adéquates. Ce sont
des ressources très particulières et le statut et l’environnement de la CNSS ne permettent pas de recruter ces profils. Nous sommes en train de préparer ce chantier, et cette digital factory va elle- même s’appuyer sur un écosystème plus large, car même si vous recrutez 60 à 90 personnes, elles ne pourront pas avoir une expertise sur l’ensemble des projets que nous avons abordés. Cette digital factory aura un écosystème de presta- taires, qui lui permettra d’aller rapidement sur nos projets, sachant que nous avons identifié sur les 5 prochaines années une cinquantaine de projets de transformation digitale. Bien sûr, nous avons priorisé cer- tains projets par rapport à d’autres. Et je pense qu’avec une bonne gouvernance, nous y arriverons. F.N.H. : Ce sera une filiale ? H. B. : Ce sera une filiale de la CNSS ou en partenariat avec une institution spécialisée. Notre statut ne nous permet pas aujourd’hui d’avoir cette filiale. C’est pourquoi nous sommes en train de tra- vailler sur une modification éventuelle de la loi sur la CNSS pour nous permettre, entre autres, de filialiser certaines activi- tés. F.N.H. : C’est prévu pour quand, cette année ? H. B. : Non. Nous avons déjà identifié six projets prioritaires que nous devons entamer cette année. L’idée est d’avan- cer par d’autres moyens, en attendant la filialisation. ◆
Nous avons approuvé, lors de notre Conseil d’ad- ministration, le principe de création d’une digital factory dans laquelle nous allons pouvoir recruter des
ressources adéquates.
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