JEUDI 23 MARS 2023 / FINANCES NEWS HEBDO SPÉCIAL SANTÉ
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«Il n’est pas normal que le privé capte 90% des frais remboursés par l’AMO» ◆ Le chantier de la réforme du système national de santé est renforcé par l’adoption du projet de loi-cadre n° 06-22. ◆ Ce grand chantier a pour finalité d’améliorer l'offre de soins pour les Marocains, notamment en matière de médicaments et en ressources humaines qualifiées. ◆ Entretien avec Abdelmadjid Belaïche, expert en industrie pharmaceutique, analyste des marchés pharmaceutiques et membre de la société marocaine de l’économie des produits de santé.
prix sont souvent très bas. Si rien n’est fait au niveau de la politique des prix, d’autres médicaments risquent de disparaitre. F.N.H. : Le Maroc est plus que jamais conscient de la nécessité de moder- niser son dispositif de santé. La réforme du système national de santé en est la parfaite illustration. Celle-ci repose sur des piliers fonda- mentaux, dont notamment la bonne gouvernance et la valorisation du capital humain. Les travaux de ce programme ambitieux vont-ils bon train à votre avis ? A. B. : La refonte de notre système de santé s’est imposée, car il n’était plus en mesure de relever les grands défis représentés par la mise en place de la couverture sanitaire universelle (CSU) avec la satisfaction d’énormes besoins de la population en soins. L’ampleur et la complexité du projet royal de la CSU et de la protection sociale, imposent la mise en place d’une nouvelle gouvernance. De nombreux textes de lois concernant cette refonte ont été déjà publiés, et il y a actuellement un travail pour la mise en place de la haute autorité de santé, d’une agence marocaine des médicaments et des produits de santé (AMMPS) et d’une agence du sang et de ses dérivés. De même, une régionalisation poussée est envisagée avec la création des agences régionales de développement de la santé (ARDS) et des groupements sanitaires régionaux (GSR). Ces structures seront indispensables pour mettre en œuvre les futures politiques de santé. Mais rien de tout ceci ne pourra se faire sans une digi- talisation intégrée et poussée, qui mettra en connexion l’ensemble des acteurs de santé. Aussi, la mise à niveau des infras- tructures hospitalières est en bonne voie.
Propos recueillis par Ibtissam Z.
Finances News Hebdo : La souverai- neté sanitaire est aujourd’hui érigée au rang de priorité nationale. Pour y parvenir, le Maroc entend se pen- cher sur plusieurs volets, tels que la fabrication locale du médicament, la prise en charge optimale du patient et une industrie pharmaceutique solide. Qu’en dites-vous ? Abdelmadjid Belaïche : La souveraineté sanitaire était avant la pandémie de la Covid-19 un concept assez abstrait et vague. Mais depuis cette pandémie qui a mis à rude épreuve l’approvisionnement de nombreux pays en produits de santé, la prise de conscience de l’importance de la souveraineté sanitaire s’est impo- sée partout dans le monde. Au Maroc, Sa Majesté Mohammed VI, que Dieu l’as- siste, a adressé un message fort sur la nécessité de renforcer notre souveraineté sanitaire nationale, notamment en ren- forçant la fabrication locale des médi- caments et autres produits de santé. Le but étant de réduire autant que possible notre dépendance vis-à-vis de pays tiers en ces produits. L’acquisition des vaccins de la Covid-19 en 2021 nous a coûté 6 milliards de dirhams à l’importation. Ceci a permis de sauver notre population du pire. La mortalité par la Covid-19 n’a pas dépassé les 16.296 cas cumulés entre le début de la pandémie et le 9 mars 2023. Cependant, avec l’aggravation du déficit de la balance commerciale pharmaceu- tique de 6 milliards de dirhams supplé- mentaires, s’est imposée la nécessité de renforcer notre souveraineté vaccinale, en mettant le pied dans le domaine haute- ment technologique des biotechnologies pharmaceutiques. En effet, avec la fabri-
cation des vaccins, le Maroc ambitionne de se positionner comme un hub biotech- nologique incontournable en Afrique et dans le monde. Mais, au-delà des vac- cins, c’est la fabrication de l’ensemble des médicaments et autres produits de santé, qui doit être développée à travers des mesures d’accompagnement, d’encoura- gement, d’incitations et de facilitations, par les ministères concernés (ceux de la Santé et de l’Industrie). Il faut rappeler que la résilience dont a fait preuve l’industrie pharmaceutique nationale pendant toute la période de pandémie, a permis l’appro- visionnement régulier et suffisant de nos patients en produits de santé. Mais ce constat ne doit pas nous faire oublier les pénuries, dont la liste s’allonge dangereu- sement. Ces pénuries touchent principa- lement des produits importés et souvent en situation de monopole, et ceux dont les
L’ampleur et la com- plexité du
projet royal de la CSU et de la protec- tion sociale imposent la mise en place d’une nou- velle gouver- nance.
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