66 JEUDI 23 MARS 2023 / FINANCES NEWS HEBDO
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SPÉCIAL SANTÉ
Pénurie de médecins
◆ Selon un rapport de la Cour des comptes, le Maroc fait face à un déficit de 47.000 médecins en 2023. C’est grave docteur ?
ger à la Chambre des représentants en janvier 2023, le ministre de la Santé et de la Protection sociale, Khalid Ait Taleb, avait assuré que son département planche sur l’amélioration des condi- tions de travail dans le domaine médical et son attractivité, de manière à attirer pas moins de 14.000 desdits médecins et les convaincre de s'installer définitive- ment ou temporairement dans le pays. Le ministre considère en revanche que la problématique ne réside pas dans la motivation des médecins marocains expatriés pour favoriser leur retour au pays, mais surtout dans la manière de stopper leur expatriation et de les inciter ainsi à ne pas céder à la tentation des gros salaires et autres conditions de travail dans les pays d'accueil. L’autre question sur laquelle il faut s’at- teler, d’après lui, concerne le renforce- ment des centres de formation dans le cadre de la régionalisation. Le but étant de permettre à chaque région d’avoir les moyens d’assurer la formation et ainsi combler le déficit sur le plan régional. Dans son rapport au titre de l’année 2021, la Cour des comptes a dressé le constat selon lequel la couverture de la population est affectée par le déficit enregistré dans les nombres de méde- cins, d’infirmiers et de techniciens spé- cialisés, estimant que ce déficit devrait continuer à croître. La répartition du déficit entre les méde- cins, d’une part, et les infirmiers et techniciens de santé, d’autre part, laisse entrevoir une tendance à l’aggravation du déficit en nombre de médecins qui, comme l’indique le rapport, devrait pas- ser d’environ 47.000 médecins en 2023 à plus de 53.000 en 2035. Ce cas de figure se présenterait alors si les actions nécessaires ne sont pas entreprises dans ce sens. L’Exécutif à la rescousse L’absence d’une véritable stratégie de gestion des ressources humaines dans le secteur de la santé, conjuguée à l’absence d’une planification efficace
Le Royaume dispose d’approxi- mativement 30.000 méde-
cins, alors que selon les normes
basiques de l’OMS, chaque pays doit avoir 1 médecin pour 650 habi- tants.
peu attractifs, voire faibles, des condi- tions de travail qui laissent à désirer, la qualité de la formation médicale baisse au fil des années et les perspectives de carrière restent floues», explique Dr. Tayeb Hamdi, medecin, chercheur en systemes et politiques de sante et vice- president de la Federation nationale de la sante (FNS). Force est de constater que le Maroc ne peut pas assumer les conséquences d’une tendance appelée à s’amplifier dans le futur dans le cas où des mesures concrètes ne sont pas prises à temps. Et ce, particulièrement dans un contexte contraignant caractérisé par un vieillis- sement de la population, qui souffre de plus en plus de maladies chroniques et dégénératives. D’après Hamdi, le premier pas à faire pour maîtriser les flux des médecins est de revoir les salaires à la hausse : «Dans le public, cela est en train de se faire, mais modestement. Les respon- sables sont désormais conscients de leur incapacité à retenir les médecins avec des salaires variant entre 7.000 et 8.000 DH». Stopper l’hémorragie Abordant la question des professionnels de santé marocains exerçant à l’étran-
C ela fait déjà plusieurs années que le Maroc connaît un défi- cit criant de médecins, ce qui n’est pas sans fragiliser son système de santé, en sus de comporter plusieurs risques pour la population. En vue de limiter la casse, l’Exécutif est appelé à agir efficacement et promptement sur plusieurs volets, dont notamment l’exode des blouses blanches à l’étranger. Le choix que font la plupart de ces médecins formés pourtant au Maroc est loin d’être anodin. S'ils choisissent d’exercer sous d’autres cieux, c’est principalement pour saisir des oppor- tunités bien moins présentes dans leur pays d’origine. «L'émigration des médecins est un phénomène qui est à l’origine de bon nombre de problèmes. Ces départs en masse se font du sud vers le nord. Cela appauvrit par conséquent le sud qui devient de plus en plus un désert médical. Une étude réalisée en 2021 au Maroc a démontré que plus de 9 étu- diants en dernière année de médecine sur 10 estiment que parmi les raisons principales qui poussent leurs confrères à quitter leur pays, figurent des salaires Par M. Boukhari
Le départe- ment de la Santé planche sur l’amélio- ration des conditions de travail dans le domaine médi- cal, de manière à attirer pas moins de 14.000 méde- cins marocains
exerçant à l’étranger.
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