JEUDI 23 MARS 2023 / FINANCES NEWS HEBDO SPÉCIAL SANTÉ
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basée sur une gestion prospective des emplois et des compétences, ne font qu’accentuer les problèmes majeurs qui impactent ces ressources, martèle la Cour des comptes. A noter, dans ce sens, que le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a supervisé le 25 juillet 2022 la cérémonie de signature d’un accord portant sur la mise en œuvre d’un programme d’aug- mentation du nombre d’emplois dans le secteur de la santé à l’horizon 2023. Ayant mobilisé une enveloppe budgé- taire de plus de 3 milliards de dirhams, ledit programme vise à réduire la pénu- rie actuelle de ressources humaines que connaît le secteur de la santé et à réformer le système de formation. Il vise également à faire passer le nombre de professionnels de santé de 17,4 pour 10.000 habitants en 2021 à 24 en 2025, puis à 45 d’ici 2030. Il a pour ambition aussi d'augmenter le total des travailleurs dans le secteur de la santé, actuellement de 68.000 personnes, à plus de 90.000 d’ici 2025. A fond la formation ! L’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait popularisé cette expres- sion : «Il n’y a pas de santé sans per- sonnels de santé». En effet, en présence d’un déficit en ressources humaines, l’impact se fait tout de suite sentir dans la performance et la viabilité du secteur sanitaire. «Le Royaume dispose d’approximative- ment 30.000 médecins, alors que selon les normes basiques de l’OMS, chaque pays doit avoir 1 médecin pour 650 habitants. En effectuant des calculs, on constate que le Maroc connaît un défi- cit de 33.000 médecins. Il est à noter qu’en plus du déficit quantitatif, nous témoignons également sur un déficit qualitatif. Son premier aspect est relatif à la moyenne des médecins au Maroc qui est répartie entre 40% de méde- cins généralistes et 60% de médecins spécialistes pour un système de santé qui se veut basé sur la prévention. Or, pour optimiser et améliorer la perfor- mance de ce secteur vital, il faudrait plutôt inverser la donne, à savoir 60% de médecins généralistes et 40% de médecins spécialistes» , souligne Tayeb Hamdi. Le deuxième aspect est quant à lui relatif au rendement de ces médecins qui, selon ce praticien, reste hélas en
Il est nécessaire d’assurer une répartition équilibrée des ressources entre les régions et de corriger les disparités de façon conti- nue.
dessous des attentes. «Si nous pre- nons l’exemple du secteur public, un médecin spécialiste fait en moyenne une intervention chirurgicale sur deux jours, ce qui reflète, à mon sens, une sous-productivité énorme. Cela est dû à plusieurs raisons, notamment l’in- suffisance, voire l’absence de blocs, d’équipes paramédicales ou d’anesthé- sistes. Par ailleurs, un spécialiste dans le privé peut avoir trois consultations par jour, ce qui est aussi une aberration. Non seulement nous avons un nombre limité de médecins, mais en plus ce système ne tourne pas à plein régime. Ajoutons à cela la condition matérielle d’un bon nombre de citoyens maro- cains qui n’ont pas de quoi payer une consultation dans le privé ni la facture des médicaments, analyses, radios et autres. La plupart des médecins au Maroc sont donc au chômage tech-
nique» , poursuit-il. De surcroît, dans le dessein de pallier les nombreux dysfonctionnements que connaît le système de santé, la Cour des comptes a suggéré l’adoption d’une stratégie de recrutement et de mobilité du personnel soignant. Ses principaux objectifs seront dès lors de compenser les départs prévisionnels, d’assurer une répartition équilibrée des ressources entre les régions et de corriger les dis- parités de façon continue et en tenant compte des priorités. Elle a, également, préconisé d’adopter des mesures effi- caces, telles que la formation et la mise en place d’un système de motivation, pour améliorer l’attractivité du secteur public et renforcer le corps des méde- cins généralistes ainsi que de veiller au développement des spécialités priori- taires qui correspondent aux besoins réels de la population. ◆
En présence d’un déficit en ressources humaines, l’impact se fait tout de suite sentir dans la performance et la viabi- lité du secteur sanitaire.
• Former plus de médecins en construisant plus de facultés et plus de CHU, que ce soit dans le public ou le privé. • Revoir la formation médicale : cursus et durée selon les missions confiées aux médecins et les objectifs stratégiques de la politique de santé au Maroc à long terme. • Optimiser le travail des ressources humaines médicales (médecins du public et du privé) : gouver- nance, digitalisation, carte sanitaire, généralisation et amélioration de l’assurance maladie. • Maîtriser le flux de l’exode des médecins : meilleure formation et meilleures conditions du travail, salaires plus attractifs et faciliter l’installation définitive ou partielle au Maroc des médecins maro- cains installés à l’étranger. • Assigner de nouvelles tâches aux assistants médicaux et pharmaciens, avec des formations adaptées pour soulager les médecins. • Créer des maisons de santé pour assurer la continuité des soins. • Investir dans les nouvelles technologies de santé. Les recommandations du Dr Tayeb Hamdi pour contrer la fuite des médecins
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