JEUDI 23 MARS 2023 / FINANCES NEWS HEBDO SPÉCIAL SANTÉ
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Par conséquent, la nouvelle organisa- tion doit prévoir un système de triage et d’orientation des patients pour évi- ter le «bouchonnage» au niveau de certains services». Dans le même ordre d’idées, Abdelmajid Belaiche a soulevé le problème du manque d’équipement de transport destiné à conduire les patients vers les services d’urgence, signalant l’insuffisance de médecins urgentistes à bord des ambulances. «Aujourd’hui, nous n’avons pas de médecins d’urgence qui vont vers le patient, mais des patients qui vont eux-mêmes vers les urgences ou, dans le meilleur des cas, sont transportés par ambulance vers ces services. Le problème est que le temps de trans- port vers l’hôpital, est un temps mort au cours duquel on ne peut pas agir rapidement sur le patient. Ce temps peut durer, selon la distance entre le lieu de l’accident et l’état de la circula- tion, entre 20 et 30 minutes, voire plus, réduisant ainsi les chances de sauver peut-être une vie» . Pareillement, Driss Lahlou, médecin du travail, fait savoir que ces moyens de transport ne sont généralement pas médicalisés, ce qui peut jouer sur le pronostic vital du malade. Le pro- fessionnel cite dans ce sens l’absence de défibrillateurs, de bouteilles d’oxy- gène ou encore d’un réanimateur ou infirmier à bord. Par ailleurs, Driss Lahlou révèle que le problème majeur reste le temps de latence dû à plusieurs raisons. «D’abord, le nombre d'entrées assez élevé. En effet, la salle d’attente est souvent engorgée par des malades ne nécessitant pas obligatoirement une intervention urgente. Ensuite, une défaillance au niveau de l’orienta- tion, puis des problèmes administra- tifs. Dans certains cas, les médecins de garde sont amenés à recevoir au milieu de la nuit un patient juste pour cacheter une mutuelle, ou pour établir un certificat. Tous ces motifs vont alors mener vers une augmentation du nombre de consultations non urgentes et, par conséquent, l’allongement de la file d’attente». Ce professionnel déplore également des anomalies liées à la capacité litière des services d’urgence. «Nous remarquons souvent des patients pas- ser toute une journée ou plus sur un
Il doit y avoir un triage médical, assuré par des médecins généralistes, pour classer les malades en différentes catégories, selon la gravité et la
priorité du traitement.
pour traiter directement et avec célé- rité ce patient. «Cela suppose la mise en place d’ambulances bien équipées, voire de véritables blocs de réanima- tion, avec toujours à son bord un ou plusieurs médecins urgentistes pour intervenir rapidement», suggère-t-il. De son côté, Driss Lahlou avance que la meilleure façon de remédier aux problèmes des services d’urgence est de «lutter contre les motifs les plus fréquents en consultation et d’élar- gir le dépistage et le traitement des maladies chroniques souvent respon- sables de complications aiguës lors d’un mauvais suivi de la maladie. Il doit y avoir également un triage médi- cal assuré par des médecins géné- ralistes pour classer les malades en différentes catégories, selon la gravité et la priorité du traitement, mais sur- tout pour diminuer le flux des patients entrants». Et de poursuivre : «Il est important de mettre en place un système permet- tant au médecin de se déplacer vers les boxes des malades, ce qui permet ainsi un gain de temps et d’effort considérable. Aussi, il faut former un bon nombre de médecins et d’infir- miers afin de diminuer la pression sur le corps médical, développer les interventions à domicile et équiper les centres de proximité dans le but de désengorger les établissements de soins centraux. Sans oublier bien sûr l’augmentation de la capacité litière» , conclut-il. ◆
brancard juste par manque de places vides dans le service où ils doivent être hospitalisés, ce qui entraîne un effort de plus à déployer par l’équipe de garde. Il faut rajouter à cela le manque de sécurité : déjà la tension est à son comble du fait des éléments précédemment cités, mais aussi pour le non-respect de l’ordre «premier venu premier servi», la priorité aux urgences devient l’état du malade. Sans oublier le nombre insuffisant d’agents de sécurité dans la plupart des sites, et qui jonglent entre plu- sieurs activités à la fois» , détaille-t-il. Quelles solutions ? Pour faire face à ces différents dys- fonctionnements, ces profession- nels proposent plusieurs solutions. Abdelmajid Belaiche juge qu’il est nécessaire de former plus de méde- cins urgentistes. «Aujourd’hui, on ne peut confier ce service vital qu’à des médecins généralistes qui seront for- més sur le tas à la médecine des urgences et des catastrophes. La difficulté et la complexité de cer- taines situations d’urgence exigent une formation qui permet au médecin d’agir vite». Concernant le problème du transport, Belaiche estime que le fonctionne- ment des services d’urgence doit être organisé de telle manière que le méde- cin urgentiste aille vers le patient en situation d’urgence suite à un accident sur la voie publique ou à son domicile
Il est temps de repenser en profon- deur la gou- vernance des services d’urgence et, pour cela, il faudra bench- marker les expériences
réussies à l’étranger.
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