FNH N° 1042 V2 ok

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 4 NOVEMBRE 2021

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teurs à oxygène et de lits de réanimation 100% marocains ainsi que des produits de

grande consommation. Cependant, il y a un décalage entre la volonté d’acheter des produits marocains et la réalité de consommation. Différentes raisons peuvent expli- quer cette situation, à savoir le pou- voir d’achat, la diversité de l’offre et la qualité des produits…

Un emploi direct créé dans l'industrie peut générer 3 à 4 emplois indirects.

F.N.H. : Pour mettre en exergue le Made in Morocco à travers le développement de projets inno- vants, industriels ou de services à forte valeur ajoutée liés à l’indus- trie, plusieurs programmes ont été enclenchés ou sont en deve- nir, à l’image de Tatwir-startup, Intelaka, ou encore Forsa. Dans quelles mesures ces programmes peuvent-ils encourager les jeunes porteurs de projets à se lancer ? Kh. K. : Le terme programme suppose une offre complète pour promouvoir l’entre- preneuriat. Or, ce dont on a assisté depuis longtemps, ce sont des offres essentielle- ment de crédit. Il s’agit donc des produits de crédit et non des programmes. L’argent est le nerf de la guerre et le financement des projets est indispensable, puisqu’il constitue un pilier primordial pour le déve- loppement d’une entreprise. Mais la réus- site entrepreneuriale ne dépend pas que du financement et d’une fiscalité attractive. D’autres facteurs liés à la motivation de l’individu entrepreneur, à ses caractéris- tiques intrinsèques, à ses potentialités et au modèle d’accompagnement sont des facteurs oubliés de ces programmes. Une meilleure combinaison de ces facteurs peut structurer un réel programme d’aide à l’entrepreneuriat et d’accompagnement des porteurs de projets. Si ces éléments ne sont pas pris en compte, la présentation d’un business plan pour s’offrir un finan- cement serait, à mon sens, anti-entrepre- neurial. F.N.H. : Au-delà du financement, comment peut-on inciter les entre- prises marocaines à créer et à développer une industrie maro- caine compétitive ? Kh. K. : Aujourd’hui, les appels pour déve- lopper une industrie sont remis sur le devant de la scène. Bâtir une industrie compétitive est le gage de l’indépendance économique qui permettra au pays de mieux résister

aux perturbations que pourrait engendrer la globalisation de l’économie. Mais avant d’inciter à la création d’en- treprise et penser au développement de l’industrie marocaine compétitive, certains prérequis liés à l’attractivité demeurent. Un territoire attrayant aura de bonnes infrastructures, notamment technologique, numérique, industrielle et agricole, de trans- port, des terrains ou locaux disponibles, une main-d’œuvre formée, qualifiée et pro- fessionnelle, ainsi qu'une bonne culture d'échange entre acteurs, notamment entre le public et le privé. L’implantation indus- trielle dans les territoires devrait être facili- tée par l’assouplissement de la fiscalité, le développement de nouvelles compétences et une bonne compétitivité en matière de coûts et de facilités administratives. Aussi, l’histoire du Maroc et sa culture devraient permettre un meilleur positionne- ment de notre pays. Par ailleurs, l’éduca- tion représente une richesse pour le pays, dans la mesure où elle permet d’augmenter son attractivité et sa productivité grâce à la qualité et aux compétences de son capital humain. Développer une industrie marocaine com- pétitive est donc possible, mais le chemin est long et difficile. Cela va demander du temps et une vraie décision politique pour pousser l’Etat à agir. F.N.H. : Quelles retombées écono- miques peut-on attendre du déve- loppement de l’entrepreneuriat made in Morocco ? Kh. K. : Lorsqu’un entrepreneur crée du made in Morocco, il fabrique un produit

100% marocain ou presque, développe des partenariats avec des entreprises locales et embauche une main-d’œuvre locale. Une étude menée par le Conseil d’orientation pour l’emploi en France a estimé que si les Français achètent 10% des produits français parmi les biens consommés, 150.000 emplois nets pour- raient être créés. A noter qu’un emploi direct créé en industrie peut générer 3 à 4 emplois indirects. Au Maroc, l’année 2020 a été marquée par la diminution des importations de 14%. Cette baisse est due essentiellement à l’allègement sensible de la facture éner- gétique et d’autres produits de grande consommation. De tels changements ont poussé le citoyen à consommer des pro- duits locaux. En effet, ces évolutions ont induit un net allégement du déficit commercial, qui est passé de 17,9% à 14,6% du PIB, et une amélioration du taux de couverture de 4,3 points de pourcentage à 62,2%. F.N.H. : Dans quelle mesure le made in Morocco peut-il concur- rencer les produits étrangers qui, parfois, sont de meilleure qualité et beaucoup moins chers ? Kh. K. : Cela dépendra de l’offre made in Morocco, mais surtout du patriotisme éco- nomique de chaque Marocain, c’est-à-dire notre capacité à privilégier des produits marocains en tant que consommateurs, et si nous sommes prêts à payer plus cher pour acheter marocain. Sur ce dernier point, aucune étude n’a été faite à ma connaissance. ◆

L’offre made in Morocco dépendra surtout du patriotisme économique de chaque Marocain et de sa capacité à privilégier des produits nationaux.

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