FNH N° 1137

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JEUDI 25 JANVIER 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

BOURSE & FINANCES

Marché des capitaux

Pourquoi la Bourse monte Après une année 2023 finalement porteuse, le marché actions connait un début d’année en fanfare. Avec déjà plus de 5,2% de gain au compteur, le marché dépasse ses plus hauts absolus de 2023. La Bourse profite d’une conjonction d’éléments favorables pour continuer de grimper. Explications.

Par Y. Seddik P

 La Bourse démarre l'année sur les chapeaux de roue, affichant à une semaine de la clôture mensuelle un gain de plus de 5,2%.

eu nombreux sont ceux qui auraient anticipé un démarrage aussi vigou- reux de la Bourse cette année. À une semaine de la clôture du mois janvier, le marché affiche déjà un gain de 5,2% au compteur et dépasse à ce niveau ses plus hauts absolus de 2023, laissant entrevoir une poursuite haussière. Du moins pour le moment. Ce premier mois de l’année est traditionnellement tactique pour les gérants de fonds. Ils y réa- lignent leurs stratégies, réévaluent leurs allocations et prennent des positions stratégiques en prévision des annonces de croissance des bénéfices et de dividendes, prévues entre mars et avril. Et statistique- ment, le mois de janvier influence souvent la trajectoire des marchés pour le reste de l'année. Sur une période d’observation de 20 ans (2003-2023), il apparaît que sur les 15 années où le mois de janvier a connu une évolution positive, 10 se sont soldés par une perfor- mance globalement positive pour l'ensemble de l'année. De manière additionnelle, sur ces 15 années, les 11 premiers trimestres ont éga- lement affiché des résultats positifs. Au-delà des statistiques, parfois sujettes à des fluctuations impré- visibles, la question est de savoir quels sont les catalyseurs qui ali- mentent cette dynamique. De plus,

il convient de se demander si ces facteurs seront suffisants pour sou- tenir et prolonger cette tendance positive. Pourquoi ça grimpe ? Les catalyseurs de cette dynamique sont nombreux. Mais c'est bien le mouvement de désinflation qui tire les marchés vers le haut depuis l’année dernière et qui redonne de la vigueur à la Bourse en ce début d’année. En décembre, l’inflation est descendue à 3,4%, soit un plus bas de 2 ans. Celle-ci devrait reve- nir en dessous de la barre des 3% en 2024 et 2025, conformément aux attentes de Bank Al-Maghrib. Une anticipation qui marque une rup- ture par rapport aux deux années précédentes, au cours desquelles les Banques centrales ont pris des mesures de resserrement monétaire exceptionnelles pour contrer l'infla- tion. Ces politiques restrictives ont eu un impact négatif sur le marché boursier, mais la perspective d'un retour à une inflation modérée sus- cite désormais l'optimisme parmi les investisseurs. Car si la hausse du taux directeur de BAM s’est arrêtée depuis plu- sieurs mois, investisseurs, gérants et analystes se demandent désor- mais quand la baisse va arriver. Dès le début de l’année ? D’ici au deu- xième semestre ? Voire pas avant

2025 ? Personne ne s’accorde à donner la même réponse pour le moment. Un autre élément de confiance réside dans le fait que le taux d'inté- rêt réel, ajusté de l'inflation, devrait devenir positif en 2024, une pre- mière depuis fin 2021. Cette situa- tion signifie que les rendements réels sur les investissements pour- raient devenir plus attrayants, ce qui pourrait inciter les investisseurs à se tourner davantage vers le mar- ché boursier à la recherche de ren- dements plus élevés. Accalmie sur l’obligataire En ce début d'année, le marché des taux affiche une certaine accal- mie, tant du côté des échéances courtes que longues, avec notam- ment une baisse des exigences de rentabilité des investisseurs. À une semaine de la clôture du mois de janvier 2023, les levées du Trésor ont atteint 18,5 milliards de DH contre un besoin annoncé pour le mois de janvier de 14,3 milliards de DH, soit un taux de réalisation de 130%. Aussi, au vu des placements importants du Trésor sur le mar- ché monétaire, soit 25 Mds de

DH en moyenne au cours de cette semaine, ainsi qu’une maîtrise des tombées du Trésor durant l’année 2024 autour des 84 Mds de DH, contre 150 Mds de DH en 2023, les analystes écartent toute pression sur les taux primaires au cours du 1er trimestre 2024, ce qui est favo- rable aux actions. Le marché fait souvent référence à la baisse des taux qui plaide pour une plus grande exposition de l'épargne institutionnelle sur la poche actions où les rendements sont meilleurs. Marges des entreprises cotées Les investisseurs tablent éga- lement sur une amélioration des marges des sociétés cotées en 2023, ce qui appuie le marché dans sa progression. En effet, les ana- lystes du courtier M.S.IN prévoient une amélioration de 15% des béné- fices agrégés de la cote en 2023. Cette amélioration est en grande partie attribuée à deux facteurs clés. D'abord, la dynamique posi- tive dans le secteur bancaire, qui contribuerait de manière significa- tive à la croissance des bénéfices. Ensuite, la fin de certaines charges non récurrentes, telles que celle

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