BOURSE & FINANCES
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 9 OCTOBRE 2025
ments de cette politique pour faire face aux nouveaux défis macro- économiques, avec la nécessité d’instaurer la primauté de la sta- bilité des prix comme seul objectif final pour toute Banque centrale. Et depuis, plusieurs Banques centrales se sont impliquées à faire de la politique monétaire un levier plus transparent au service de la stabilité monétaire et finan- cière. Jusqu’aujourd’hui, après la Nouvelle-Zélande en 1990, le nombre de pays, tant avancés que moins avancés, ayant adopté le ciblage d’inflation est d’environ 30 pays. Les expériences des pays de l’Amérique latine (Chili, Pérou, Mexique, Brésil) ou encore afri- cains (Afrique du Sud, Ghana) peuvent représenter des sources d’inspiration pour BAM. Avec le cadre du ciblage d’inflation, ces pays se sont impliqués efficace- ment à la lutte contre l’inflation en stabilisant efficacement les anticipations inflationnistes, tout en renforçant la crédibilité de leur Banque centrale. Ainsi, avec l’ouverture accrue de l’économie marocaine et l’aligne- ment du système financier sur les standards internationaux, la mise en place du cadre du ciblage d’in- flation pour la politique monétaire de BAM pourrait constituer une pierre angulaire dans l’édifice de la crédibilité du Maroc sur la scène régionale et internationale. Comme destination potentielle des flux de capitaux internationaux, avec son grand pas vers la refonte du cadre de sa politique monétaire et plus de flexibilisation de son régime de change, le Maroc parait disposer d’un arsenal institutionnel moderne capable de contrer les chocs externes, renforcer son attractivité pour les investissements directs étrangers et consolider son rôle de pôle financier régional. Avec plus de crédibilité monétaire, la notation du Maroc par les diffé- rentes agences de notation pour- rait s’améliorer, réduisant ainsi la prime de risque exigée par les investisseurs, ce qui pourrait se traduire par une baisse du coût de l'endettement sur les marchés internationaux pour l'État et les entreprises marocaines. ◆
risquent de mettre en jeu la stabi- lité macroéconomique du pays. Avec la quantification explicite de la cible d’inflation et une communica- tion dynamique et transparente de BAM, les canaux de transmission de la politique monétaire devraient fonctionner efficacement et agir sur les crédits accordés par les banques. Des taux d’intérêt réels bas peuvent ainsi se manifester suite à des politiques monétaires accommodantes. Une meilleure prévisibilité de l’inflation réduit l’incertitude sur les taux réels et booste la demande en encoura- geant les prêts à long terme à la consommation et à l’investisse- ment, avec les effets positifs sur l’emploi qui peuvent en découler. F. N. H. : Plusieurs pays émergents ont déjà adopté ce cadre. Quels exemples pourraient inspirer le plus Bank Al-Maghrib et en quoi cette réforme peut-elle ren- forcer la crédibilité du Maroc sur la scène régionale et internationale ? R. E. F. : L’adoption du ciblage d’inflation comme cadre de la poli- tique monétaire remonte au début des années 1990, suite aux grands débats entre praticiens et écono- mistes sur la refonte des fonde- La notation du Maroc par les différentes agences de notation pourrait s’améliorer, réduisant ainsi la prime de risque exigée par les investisseurs.
fort prononcée, l’opérationnalisa- tion du ciblage d’inflation demeu- rera loin de toute logique ration- nelle. Face aux chocs externes fréquents, avec une bonne coor- dination macroéconomique entre les politiques monétaire, budgé- taire et de change, les ajustements budgétaires et de change doivent compléter l’action monétaire pour réussir le ciblage d’inflation sur le moyen terme et amortir les effets de ces chocs sur l’économie maro- caine. F. N. H. : Comment, selon vous, Bank Al-Maghrib compte-t-elle définir et com- muniquer sa cible d’inflation, et quels impacts cela pour- rait avoir sur le crédit, les taux d’intérêt et l’emploi ? R. E. F. : Comme déjà men- tionné, la définition et la quantifi- cation d’une cible explicite d’infla- tion est l’épine dorsale du ciblage d’inflation. Si 2% demeure une cible d’inflation largement adoptée par plusieurs Banques centrales, notamment la BCE et la FED, ces dernières années, plusieurs éco- nomistes et praticiens remettent en question ce niveau d’inflation et prônent pour une cible dépas- sant ce niveau afin de stimuler la croissance économique qui a tant souffert d’une forte atonie depuis plusieurs années. Théoriquement, un niveau d’in- flation favorable à la croissance économique et au bien-être de la société est éligible à être une cible d’inflation optimale pour toute Banque centrale. BAM est
donc amenée à mobiliser ses modèles macroéconomiques, ses statistiques, son savoir-faire et son expertise en matière d’analyse de l’économie marocaine pour trou- ver une cible capable de garantir un bon compromis entre la crois- sance économique, l’inflation et le chômage. Si la cible de 2% parait implicitement la cible potentielle pour BAM, vu qu’elle est adop- tée par les principaux partenaires économiques du Maroc, appro- fondir l’étude de l’impact de celle- ci sur l’économie marocaine dans différents scénarios de modéli- sation pourrait apporter d'impor- tants éclairages sur l’optimalité de ce choix. Sachant que plusieurs Banques centrales de pays émer- gents adoptent des cibles dépas- sant la fameuse cible de 2%. Le Brésil (3% + 1,5%, la Turquie (24%) en sont des exemples marquants à ce sujet. La prise en compte des orienta- tions de la politique budgétaire et de la perception de l’inflation par les différents agents économiques dans la détermination de la cible d’inflation optimale pour BAM est aussi à ne pas sous-estimer. Ainsi, un ciblage d’inflation flexible qui prend en considération la croissance économique et l’emploi demeure intéressant en adoptant une cible avec une fourchette de fluctuation. Avec un ciblage gra- duel de l’inflation, en autorisant des dérapages temporaires liés à des chocs exogènes et en expli- quant l’écart par rapport à la cible, on peut bien éviter des ajuste- ments procycliques excessifs qui
L’adoption future du ciblage d’inflation nécessiterait plus de prudence et de préparation, notamment si elle coïncide avec la tendance vers une flexibilisation poussée du Dirham.
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