SANTÉ
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 9 OCTOBRE 2025
Subventions aux cliniques privées
Le mauvais diagnostic de Tehraoui En brandissant la suspension de prétendues subventions accordées aux cliniques privées, le ministre de la Santé s’est attiré les foudres des opérateurs du secteur. Diversion politique, faute de communication ou tentative de manipulation de l’opinion
publique ? Par F. Ouriaghli A
mine Tehraoui, ministre de la Santé et de la Protection sociale, cherche-t-il à détour- ner l’attention de l’opi- nion publique ? En annon- çant, le 1 er octobre, devant la Commission des secteurs sociaux du Parlement, la suspension des subventions aux cliniques privées, il a cru frapper fort. Mais, en réa- lité, il semble s’être attaqué à un fantôme budgétaire. Car, selon les professionnels du secteur, ces subventions n’ont jamais existé. «Nous avons pris connaissance avec intérêt de votre récente décla- ration annonçant l’arrêt des ‘subventions accordées aux cliniques privées’. Ces pro- pos ont naturellement suscité notre étonnement, puisqu’à notre connaissance, aucune clinique privée membre de l’Association nationale des cliniques privées (ANCP) n’a
jamais bénéficié de telles subventions ni pour son fonctionnement ni pour ses équipements» , s’est offusqué l’ANCP dans un communiqué publié le 5 octobre. Et d’invi- ter le ministre à «préciser les textes de loi ou dispositifs réglementaires concernés et d’en publier la liste complète, afin d’assurer une transpa- rence totale vis-à-vis de nos concitoyens. S’il existe effec- tivement des bénéficiaires, il serait souhaitable de les nommer clairement ainsi que les montants concernés, afin d’éviter toute confusion et de garantir une information publique exacte» . Difficile d’être plus clair. Dans la foulée, le Groupe Akdital, coté à la Bourse de Casablanca, a également pré- cisé qu’il « n’a jamais bénéficié d’un soutien public ou gou- vernemental à l’investisse- ment, que ce soit de manière directe ou indirecte» , souli- gnant financer ses investis- sements par «l’autofinance- ment, le recours à l’emprunt bancaire et aux levées de
cliniques privées ? Comment suspendre des subventions qui, selon ses propres termes, n’ont jamais été octroyées? A quoi joue le ministre ? Pourquoi avoir laissé cette fausse information circuler pendant 6 jours, polluant le débat public ? Tehraoui a-t- il tenté de manipuler l’opi- nion publique en détournant son regard des vrais maux dont souffre le secteur de la santé ? En tout cas, dans cette caco- phonie, ce n’est pas seule- ment sa crédibilité qui vacille, mais également la confiance des citoyens envers la parole publique. Le problème est ailleurs En réalité, Tehraoui se trompe de combat. En pointant du doigt les cliniques privées, il détourne le débat du vrai sujet: l’état déplorable de la santé publique. Le drame de l’hôpital Hassan II d’Aga- dir, où huit femmes enceintes
fonds sur le marché boursier national» . Lundi 6 octobre, Tehraoui a fait une sortie médiatique sur 2M. Et bien évidemment, il était attendu sur cette ques- tion d’aide étatique. Selon lui, il y a bien eu «des demandes de subventions dans le cadre de la Charte de l’investis- sement». Mais, en commis- sion, le ministre himself a «demandé à ce que les pro- jets concernant les cliniques n'obtiennent pas la prime à l'investissement». En cela, «aucune clinique n’a jamais bénéficié de subventions publiques», a-t-il déclaré, confirmant les propos de l’ANCP. Ces subventions n’existent donc pas. Pas dans la réalité comptable, pas dans les lignes budgétaires et encore moins dans les bilans des cliniques. Mais alors, pourquoi le 1 er octobre a-t-il affirmé au Parlement avoir mis fin aux subventions accordées aux
Pendant 6 jours, le ministre a laissé circuler la fausse information sur les subventions accordées aux cliniques privées, polluant ainsi le débat public.
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