BOURSE & FINANCES
8
FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 9 OCTOBRE 2025
Intermédiaires en assurance Le temps des marges faciles est révolu À l’heure où 60% des intermédiaires tournent avec moins d’1 million de dirhams de commissions annuelles, la FNACAM met en garde que sans complémentaire santé, sans montée en compétences et sans appropriation de l’IA, le réseau risque l’asphyxie. La bascule de l’AMO menace, à elle seule, 5,5 milliards de dirhams de primes santé. Un choc que les agents et courtiers ne pourront absorber qu’en développant des sur-complémentaires crédibles et accessibles. Par Y. Seddik
35 Mds DH au premier semestre 2025 (+7% vs période compa- rable). Toutefois, le chiffre de 4,1% de taux de pénétration ajoute une ombre au tableau. «Supérieur à la région, mais en deçà du poten- tiel» , résume Chaffai, qui en tire un cap : diversifier les produits, sim- plifier l’accès (micro assurance, canaux digitaux) et éduquer les assurés (plateforme EduCAPS). Sur l’IA, l’autorité promet autant d’ambition que de garde-fous. Elle prépare un dispositif digital de contrôle fondé sur l’IA pour surveiller en continu les ventes et communications en ligne, et pousse la dématérialisation de l’attestation auto via QR code sécurisé. L’esprit de ces chan- gements ? Innovation oui, mais «encadrée avec discernement pour servir l’assuré et renforcer la crédibilité du secteur» . Moderniser vite, sans sacrifier la confiance De son côté, Bachir Baddou, vice-président délégué de la Fédération marocaine de l’assu- rance (FMA), voit dans la co-orga- nisation du Mondial 2030 un véri- table «game changer» pour l’éco- nomie… et pour la distribution. Le réseau physique reste, selon lui, le socle du secteur, à l’heure où l’examen d’accès 2025 fait entrer 550 nouveaux agents et courtiers (dont une part de transformations de bureaux directs). Ainsi, le défi immédiat est la formation conti- nue et l'intégration dans un mar- ché plus compétitif. Baddou cible ensuite un point chaud qui a trait à la réforme du barème d’indemnisation auto. Le texte, stabilisé, provoquerait mécaniquement une hausse d’en- viron 24% des primes sur cinq ans. «Le vrai sujet, c’est la rétroac- tivité prévue sur les sinistres non encore jugés» , alerte-t-il, plaidant pour son retrait, au risque sinon d’un choc pour les résultats… et pour les assurés. Sur le digital, la vente en ligne de bout en bout sera «bientôt une réalité» , avance-t-il, portée par la dématérialisation de l’attestation et le paiement monétique. Et sur l’IA, B. Baddou précise que c’est
Entre la généralisation de l’AMO, la perspective de nouvelles couvertures obligatoires, la réforme du barème d’indemnisation automobile et l’irruption de l’IA, l’intermédiation traverse une zone de fortes turbulences.
L
a 9 ème Rencontre annuelle de la FNACAM s’est ouverte sur une évidence : l’assurance et l’inter- médiation au Maroc basculent dans un cycle inédit. D’un côté, la généralisation de l’AMO et l’exten- sion des couvertures obligatoires reconfigurent les flux du marché. De l’autre, l’intelligence artificielle s’invite dans la souscription, la tarification et l’indemnisation. Entre ces deux forces, les inter- médiaires devront ainsi se réin- venter vite, et surtout sans renon- cer à leur capital de confiance.
D’entrée, Farid Bensaid, président de la FNACAM, plante le décor en indiquant que «la généralisation de l’AMO est une avancée socié- tale majeure. Mais elle déplacera des volumes des couvertures pri- vées vers le régime obligatoire» . Traduction économique : une par- tie des revenus santé des com- pagnies et des intermédiaires est appelée à s’éroder. Le message se veut offensif. La priorité est d’accélérer sur la complémentaire santé, afin de compenser l’érosion attendue et repositionner l’inter- médiaire comme conseil straté- gique. Bensaid rappelle aussi une fragi- lité structurelle du secteur, avec près de 60% des intermédiaires opérant avec moins d’1 MDH de
commissions annuelles. Dans ce contexte, l’IA est position- née comme l’alliée qui permet la détection de fraude, l’analyse d’historiques et l'automatisation des tâches, mais «sans jamais remplacer l’écoute et le conseil». Le régulateur fixe les priorités Pour sa part, Abderrahim Chaffai, président de l’Autorité de contrôle des assurances et de la pré- voyance sociale (ACAPS), déplace le débat du terrain technique vers le terrain de la protection. Les assurances obligatoires, martèle- t-il, «sont d’abord un instrument de protection des individus et des biens» . Le marché, lui, a rebondi après 2023 avec environ 60 Mds DH de primes en 2024 (+5 %), puis
La réforme du barème auto pourrait alourdir les primes de 24% sur cinq ans et fragiliser davantage la relation entre assurés et distributeurs.
www.fnh.ma
Made with FlippingBook flipbook maker