FNH N_ 1210

BOURSE & FINANCES

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 9 OCTOBRE 2025

un «partenaire incontournable, qui libère du temps pour le conseil» , mais «aucune technologie ne rem- placera la confiance humaine» .

Assurances

L’IA doit être avec nous, pas contre nous»

Trois lignes de force à prioriser • Rééquilibrer le marché par la complémentaire

Alors que la généralisation de l’AMO redistribue les cartes, les courtiers et agents d’assurance devront inventer de nouveaux relais de croissance. Sur le front technologique, l’IA s’invite dans la profession. Entretien avec le président de la Fédération nationale des agents et courtiers d'assurance au Maroc (FNACAM), Farid Bensaïd.

La bascule AMO impose de proto- typer rapidement des sur-complé- mentaires, d’industrialiser le par- cours conseil employeurs/PME et de préparer des campagnes multirisques habitation (MRH), si l’habitation progresse vers l’obli- gation. C’est un test grandeur nature de la capacité des intermé- diaires à créer de la valeur au-delà du prescrit. 2. Passer d’obligations dispersées à un cadre lisible Le Livre IV est attendu pour cla- rifier l’accès à la profession, ren- forcer le devoir de conseil, enca- drer la vente en ligne et recon- naître des modèles de distribution plus diversifiés. Côté pratique, la dématérialisation de l’attestation auto au QR code peut devenir un symbole tangible de simplifica- tion… si l’écosystème (forces de contrôle, paiements) suit. 3. Adopter l’IA… sous gouvernance Les cas d’usage ou «quick wins» (tri des sinistres, scoring fraude, assistants de souscription) sont prêts. Reste à installer une gouver- nance avec registre des modèles, traçabilité des décisions, contrôle de biais, conformité du régulateur. On retient donc que l’IA est plus un engagement de responsabilité, qu’un outil de modernisation. En définitive, la 9 ème Rencontre annuelle de la FNACAM aura rap- pelé que le temps des marges faciles est révolu. Entre une AMO qui siphonne une partie des primes, un barème auto qui alour- dit les coûts et une IA qui redis- tribue les cartes de la relation client, les intermédiaires doivent se réinventer. Le mot de la fin revient au régulateur qui résume : «innover avec responsabilité, pro- téger avec équité et servir avec confiance» . Un triptyque qui sonne comme un mantra, alors que le secteur entre dans une décennie décisive. ◆

Propos recueillis par Y. Seddik

Finances News Hebdo: La généralisation de l’AMO et le renforcement des assurances obligatoires vont sans doute profondément remodeler le marché. Quels sont, selon vous, les risques et opportu- nités pour les intermédiaires dans cette nouvelle configu- ration ? Farid Bensaïd : La généralisation de l’AMO est d’abord une excel- lente chose, tant pour la société marocaine que pour la couverture progressive de l’ensemble des citoyens. Sur le plan sociétal, c’est une avancée majeure. Mais sur le plan économique et assurantiel, le secteur doit s’adapter et anticiper les changements. Les intermédiaires qui travaillent avec les entreprises privées vont voir une partie de leur chiffre d’af- faires diminuer, ce qui pose un pro- blème de charges fixes. La solution réside dans le développement d’as- surances complémentaires, pour préserver les acquis des salariés et accompagner les entreprises dans cette transition. Le rôle de conseil des intermédiaires sera donc décisif pour anticiper et proposer des solu- tions adaptées. F. N. H. : Le slogan «L’IA face à l’IA» met en lumière la confrontation entre les intermédiaires et l’intelli- gence artificielle. Comment la FNACAM envisage-t-elle de préparer ses membres à inté- grer ces technologies tout en

préservant la valeur humaine du conseil ? F. B. : Il est important de rappeler que l’humain ne sera jamais rem- placé. Le rôle de l’intermédiaire et de l’assureur-conseil repose avant tout sur l’écoute, la compréhension et l’interaction humaine. En revanche, certaines tâches répé- titives ou d’analyse, par exemple la détection de fraudes ou l’ex- ploitation de données historiques, peuvent être confiées à la machine. L’intelligence artificielle doit donc être envisagée comme un outil d’appui, et non comme un adver- saire. À condition de se doter des bons moyens, elle peut enrichir le conseil et améliorer le service rendu aux assurés. F. N. H. : À court terme, quels sont les sujets prioritaires pour la profession ? F. B. : Le chantier majeur est celui du «Livre IV», une nouvelle régle- mentation qui constitue le futur code des assurances. Elle est en cours de validation administrative et va poser notre véritable «code de la route». Ce texte intégrera notamment la dimension de la digitalisation, indis- pensable pour accompagner des sujets concrets comme la dématé-

rialisation de l’attestation d’assu- rance, encore absente du cadre légal actuel. Par ailleurs, les assu- rances obligatoires, qui seront éga- lement renforcées, représentent un levier de sécurisation pour les assu- rés et les entreprises. F. N. H. : À l’horizon 2030, comment imaginez-vous le rôle de l’agent et du courtier d’assurance au Maroc: davan- tage technologique, davan- tage social, ou un équilibre entre les deux ? F. B. : En 2030, le Maroc accueillera la Coupe du monde, un événement qui va accélérer les investissements technologiques et en infrastruc- tures. Le secteur de l’assurance devra accompagner ce mouvement, notamment en matière de préven- tion et de couverture des risques. Mais il ne faut pas perdre de vue la dimension sociale : le taux de péné- tration de l’assurance au Maroc est aujourd’hui de 4,1%. C’est hono- rable à l’échelle africaine, mais faible par rapport au potentiel national. Nous pouvons le doubler d’ici 2030, à travers un développement à la fois des assurances sociales et tech- nologiques. Les deux dimensions doivent progresser conjointement pour réaliser ce potentiel. ◆

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