FNH N° 1116

E CONOMIE

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FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 13 JUILLET 2023

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Croissance

◆ La croissance devrait atteindre 3,4% au T3, soit mieux que le taux enregistré au T2 (3,2%), mais moins bien que celui du T1 (3,5%). ◆ Les tensions sur les matières premières risquent de refaire surface si l’accord céréalier de la mer Noire n’est pas reconduit. Le spectre de la non-reconduction de l’accord céréalier

Par A. Diouf L aquelle des prévisions du FMI, de la Banque mondiale, du HCP ou de BAM se rapprocherait le plus du taux de croissance qu’enregistrera le Royaume cette année ? Pour le moment, nul ne peut vraiment y répondre. Puisque sur les cinq mois et demi qui nous séparent de la fin de l’année, l’inflation impor- tée pourrait refaire surface, à cause de la menace de non-reconduction que fait planer la Russie sur l’accord céréalier de la mer Noire, qui normalement expire le mardi 18 juillet 2023. En effet, si la Russie finit par mettre à exécu- tion sa menace, ce qui est «très probable» selon plusieurs observateurs, «le coût des denrées alimentaires augmentera sur le mar- ché mondial des matières premières. Les pays riches recommenceront à les acheter pour les stocker et les revendre, et ce sont les pays pauvres qui en souffriront» , est-il expliqué. Et un rebond des prix pourrait conduire Bank Al-Maghrib à redurcir sa poli- tique monétaire, après la pause décidée en juin dernier avec le maintien du taux directeur inchangé.

Importations de blé tendre au 1 er semestre 2023

1 er semestre 2023

Agadir

Casablanca

Jorf

Nador

Safi

Total général

Blé Tendre

240.007 183.109 56.898

1.315.849

492.918 225.535 214.571

91.190 33.000

101.151 76.551 24.600

2.241.115 1.058.834

FRANCE

540.639 462.839 125.144 80.180 60.249 42.798

ALLEMAGNE POLOGNE ROUMANIE

758.908 156.104 138.185 60.249 42.798 26.037

30.960 27.230

30.775

LETTONIE LITUANIE CANADA

4.000

22.037

Du coup, la production prévisionnelle des trois principales céréales n’est estimée qu’à près de 55,1 millions de quintaux, contre 34 millions de quintaux en 2021/22. Il s’agit d’une hausse considérable de l’ordre de 62% par rapport à la campagne précédente. Mais voilà, cette production, qui a donné par espèce 29,8 mil- lions de quintaux de blé tendre, 11,8 millions de quintaux de blé dur et 13,5 millions de quintaux d’orge, ne suffira pas pour couvrir les besoins nationaux. Il va falloir donc recourir à l’importation (voir tableau) ! Selon l’Office national interprofessionnel des céréales et légumineuses (ONICL), il faudra importer au total 25 millions de quintaux de blé tendre d’ici fin septembre prochain, pour combler le déficit. Aussi, pour inciter les opérateurs à s’impliquer et faire vite, l’Etat a, à nouveau, décidé de mettre la main à la poche, en restituant la différence entre le coût d’acquisition du blé étranger et un prix d’importation de référence fixé à 270 DH le quintal. La subvention s’appliquera principa- lement aux importations en provenance de Russie, d’Ukraine, de France, d’Allemagne, d’Argentine et des Etats-Unis. …Mais le HCP optimiste «Cette initiative intervient au bon moment et nous permettra de réapprovisionner le mar- ché dans de bonnes conditions», a affirmé Omar Yacoubi, président de la Fédération nationale des négociants en céréales et légu- mineuses (FNCL), lors de l’annonce de cette mesure au début du mois par l’ONICL. Les

professionnels regardent notamment du côté de la Russie où des facilités de transactions financières viennent d’être instituées, notam- ment avec les trois plus grandes banques du Royaume. Reste que les problèmes logis- tiques au niveau de la Mer noire risquent de persister. Malgré tout, le HCP est optimiste. En effet, l’équipe d’Ahmed Lahlimi prévoit qu’il n’y aura pas de tensions majeures sur le marché mondial des matières premières. Ainsi, l’infla- tion devrait refluer au niveau national à +5,4% au troisième trimestre 2023 et sa composante sous-jacente pourrait diminuer jusqu’à 4,8%, suite à une moindre hausse des prix alimen- taires et manufacturiers. Dans ces condi- tions, la demande intérieure poursuivrait son amélioration, contribuant pour 1,5 point à la croissance économique globale. La consom- mation des ménages progresserait de 1,9%, mais l’investissement des entreprises tarde- rait à se redresser, du fait de la faible progres- sion de leurs marges, est-il expliqué. Selon le HCP, cette résilience de la demande devrait entretenir une hausse de la valeur ajoutée des activités hors agriculture de 3,3%, au troisième trimestre 2023, en variation annuelle. La valeur ajoutée agricole devrait également enregistrer une hausse de 6,8%, portée par la poursuite du redressement de la production végétale. Et dans l’ensemble, l’activité économique devrait progresser de 3,4% au troisième trimestre 2023, en variation annuelle, au lieu d’une hausse de 1,9% au cours de la même période en 2022. ◆

Au troisième trimestre, la valeur ajou- tée agricole devrait enre- gistrer une hausse de 6,8%, portée par la poursuite du redressement de la produc- tion végétale.

Une campagne agricole passable…

Et dans ce contexte-là, le Maroc court un petit risque. La campagne agricole 2022-2023 est en effet juste moyenne. A fin avril dernier, elle n’a enregistré qu’un cumul pluviométrique de 207 mm, soit une baisse de 36% par rapport à une année normale (322 mm). Le début de la campagne a été caractérisé par des conditions climatiques défavorables, avec un retard des premières pluies, un déficit hydrique notable et une répartition spatio-temporelle inadéquate, en particulier depuis le mois de septembre jusqu’à la 1 ère décade du mois de novembre 2022. Ce qui a retardé l’installation des cultures d’automne et impacté négativement l’état des parcours. Les pluies ont été concentrées sur la période de la 2 ème décade de novembre 2022 à fin février 2023, avec de faibles précipitations en mars et début avril sur certaines régions.

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