FNH N° 1116

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INTERNATIONAL

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 13 JUILLET 2023

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dénoncée par le défenseur des droits n’est jamais traitée; enfin ce plafond de verre qui interdit aux personnes issues de l’immigration d’envisager une véritable carrière dans la police, dans l’armée ou dans la haute fonc- tion publique. Toutes ces constata- tions qui perdurent ne font que fragi- liser le pacte républicain censé nous unir et nous protéger. On peut faire ici un parallèle avec les émeutes surve- nues en 2005, à la suite d’un contrôle de police qui a conduit à la mort de deux adolescents. Là encore, les jeunes dénonçaient les contrôles de police intempestifs, l’agressivité avec laquelle ils opéraient, et l’abandon social dans lequel ils se retrouvaient. Dix-huit ans plus tard, nous avons les mêmes ingrédients pour le même résultat. F.N.H. : Comment expliquer le fait que les Français ont culti- vé ces dernières décennies une certaine peur vis-à-vis de l’islam ? A. D. : Pour la question de l’islam et de son implantation en France, c’est un peu différent. D’abord, il faut rappeler que notre pays a subi plusieurs attentats qui ont conduit à la mort de nombreux Français. Cette simple réalité peut nous permettre de comprendre pourquoi une majorité de citoyens de ce pays éprouvent une véritable aversion à l’égard de cette religion. Du fait notamment que les auteurs sociopathes de ces attaques les ont revendiqués au nom de l’islam. Comment voulez- vous qu’un Français de base puisse faire la différence entre l’islam qui prône la paix et la fraternité, et l’islam préconisé par ces barbares ? Le malentendu est profond, et il faudra beaucoup de temps avant que les Français puissent penser que la reli- gion musulmane est une doctrine qui inspire la bienveillance et l’amour. F.N.H. : La police a toujours eu une relation difficile, voire conflictuelle avec les jeunes des quartiers défavorisés. Comment expliquer ce bras de fer entre les deux parties ? A. D. : Dès 1997, au moment de son arrivée à la tête du ministère de l’Inté-

rieur, Jean-Pierre Chevènement avait déjà signalé la nécessité d’avoir « une police à l’image de la population fran- çaise ». Aujourd’hui, 26 ans après, rien n’a changé; notre police reste très majoritairement monochrome, où les personnes issues de l’immigration ne sont pas vraiment les bienvenues.

Je pense personnellement, et depuis longtemps, que si nous avions au sein de chaque patrouille de police qui intervient en banlieue un policier black ou maghrébin, cela permet- trait d’afficher une image positive de l’intégration et de ne plus laisser les jeunes penser que la police est

raciste. Or, nous en sommes loin et je doute que les choses évoluent rapidement dans ce sens. Enfin, pour apporter un peu d’espoir à cette jeunesse, je pense qu’il fau- drait détruire ces ghettos ethniques, repérer les délinquants mineurs et les installer dans des centres adaptés

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