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INTERNATIONAL
FINANCES NEWS HEBDO
JEUDI 13 JUILLET 2023
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chapitre entier est dédié au foot- ball et à la Fédération française de football. Parlez-nous-en ? A. D. : Mon prochain livre, qui traitera du racisme en France (Chroniques du racisme ordinaire), évoque différentes situations où le racisme a été ouvertement pratiqué et assumé. Dans la politique, dans les médias, à l’éducation nationale, dans la culture et aussi dans le sport. J’ai consa- cré un chapitre entier à cette dernière thématique, qui traite du racisme dans le footbal,l et particulièrement au sein la Fédération française de football (FFF). Il
m’a suffi de reprendre plu- sieurs situations où les foot- balleurs issus de l’immigra- tion ont clairement et ouver- tement été victimes de trai- tements différenciés. Que ce soit Benzema, Benarfa,
Les deux quinquennats d’Emmanuel Macron auront fait descendre les Français dans la rue comme jamais auparavant.
Nasri, Anelka ou Ribéry, ils ont été nom- breux à subir une forme de racisme et d’islamophobie très présente dans cette instance du football français. Aujourd’hui, nombreux sont les footballeurs et les entraineurs à le reconnaitre, et à corrobo- rer cet état de fait. D’où la suspension et la mise à l’écart de l’ancien président de cette fédération, Noel Le Graet, qui a été remplacé le 10 juin dernier par Philippe Diallo. F.N.H. : Après plusieurs jours de violences, une accalmie semble se dessiner. La mort du jeune Nahel doit constituer un déclic pour rec- tifier le tir, car jamais le slogan «le changement c’est maintenant» n’a été autant d’actualité. Qu’en dites-vous ? A. D. : En effet, avec son slogan « le changement c’est maintenant », François Hollande s’est lui-même moqué des Français en veillant à surtout ne rien changer en dehors du mariage pour tous. Pour ma part, je suis d’un naturel opti- miste, et je pense que la France dispose de beaucoup d’atouts pour faire en sorte que chaque citoyen s’épanouisse dans ce pays et y trouve sa place. Emmanuel Macron, qui ne pourra pas se représen- ter à la prochaine élection présidentielle, devrait profiter de cette liberté pour se lancer dans de grands projets ambitieux pour la banlieue et favoriser l’émergence d’une véritable élite issue de l’immigration à la tête des administrations de la police, de l’armée et des grands corps d’État. Espérons qu’il nous entende ! ◆
avec régime militaire, instruction, sport, discipline, respect; et pour les autres (les majeurs) les neutraliser et les enfermer dans des structures pénitentiaires suscep- tibles de les transformer et d’éviter qu’ils récidivent. F.N.H. : Entre les émeutes de 2005 et celles de 2023, le constat est le même, une présence massive des mineurs. Peut-on dire qu'il y a eu un échec de l'éducation et de l’entourage familial ? A. D. : Concernant les émeutes de 2005 et celles de la semaine dernière, il y a évi- demment une constatation similaire. C'est la présence massive de la jeunesse des banlieues dans la rue, les mêmes reven- dications, les mêmes attentes, le même désir d'en découdre avec la police. Cette jeunesse ne supporte plus d'être stigmati- sée, associée aux pires références, celles de la délinquance, de l'islamisme tellement décriés par les médias français. Les établis- sements scolaires ne sont plus en capacité de fournir un enseignement de qualité, et les références systématiquement néga- tives font passer cette population pour un peuple de parias dont la France aurait honte, et qu'elle voudrait cacher. A cela, il faut ajouter que dans cet environnement, les pères ont totalement disparu, le sys- tème politico-socio-judiciaire de la France les a marginalisés, condamnés, totalement broyés. Les familles monoparentales sont nombreuses dans ces quartiers, et les mères dans l'incapacité de gérer leurs pro- génitures. Les adolescents sont souvent
livrés à eux-mêmes, libres de quitter l'école pour sombrer dans divers trafics...
F.N.H. : Vous avez été membre du Conseil économique et social et l’un des 11 sages de la Haute autorité de lutte contre les discri- minations et pour l'égalité (HALDE) durant 5 ans. Pourquoi la France va-t-elle si mal aujourd’hui ? A. D. : A mon avis, la France va mal parce que nos dirigeants, depuis au moins trente ans, n’ont eu de cesse de diviser les Français, de les opposer, et de faire en sorte de prospérer sur les cendres de ces divisions. Le but étant de garder le pouvoir et d’être réélu «quoi qu’il en coûte». Cette stratégie qui se perpétue, a laissé des traces dans la mémoire des Français. Aujourd’hui, la division règne, chaque citoyen cherche à promouvoir sa caste, les femmes contre les hommes, les noirs contre les blancs, les croyants contre les athées, les hétéros contre les homos, les francs-maçons contre ceux qui ne le sont pas, etc. L’égoïsme qui prévaut porte clairement atteinte aux valeurs de la République et fragilise grandement notre cohésion nationale. F.N.H. : En 2017, vous avez sorti le livre «Chronique d’une jeunesse oubliée» qui met en avant le mal- être de la jeunesse issue de l’immi- gration. En septembre 2023, vous comptez sortir votre prochain livre «Chroniques du racisme ordinaire». Dans votre nouvelle parution, un
En 1997, Jean-Pierre Chevènement avait déjà signalé la néces- sité d’avoir «une police à l’image de la popula- tion française». Aujourd’hui, 26 ans après, rien n’a changé.
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