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JEUDI 9 MAI 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

BOURSE & FINANCES

jusqu’en septembre avant de réduire son taux des fonds fédéraux. Nous ne prévoyons qu’une seule baisse des taux de la FED cette année, 4 réductions de taux supplémentaires en 2025 et peut-être plus en 2026. De manière générale, nous nous attendons à ce que de plus en plus de Banques centrales dans le monde réduisent leurs taux d’intérêt cette année et l’année prochaine, tandis que la flambée d’inflation due à la pandémie de COVID-19 et au conflit en Ukraine continue de s’estomper, et dans la mesure où les taux d’in- térêt élevés actuels ont pour effet de ralentir la demande économique globale. F.N.H. : Vous évoquez dans votre présentation un nouveau Bull Market sur les matières premières. Pourquoi ? E. Sh. : Le monde a sous-inves- ti dans la nouvelle production de matières premières (énergie, métaux, agriculture) depuis 2015 en raison de la faiblesse des prix de ces dernières et de la consolidation rapide des industries énergétiques, minières et alimentaires à l’échelle mondiale. Mais il existe un dicton auquel je souscris : «Le remède aux prix bas, ce sont les prix bas». Plus les prix des produits de base resteront bas, plus les entreprises productrices de ces mêmes pro- duits sous-investiront dans de nou- velles capacités, voire fermeront même temporairement ou définiti- vement la production existante. Ceci entraîne finalement une baisse de l’offre jusqu’à ce qu’elle soit égale, puis inférieure à la demande, ce qui conduit finalement à une hausse des prix des produits de base. Selon nous, la combinaison de quatre facteurs aujourd’hui est à l’origine d’un nouveau marché haussier : • Sous-investissement dans la nou- velle production de matières pre- mières (par exemple les puits de pétrole et de gaz, les mines); • Consolidation des principaux sec- teurs producteurs de matières pre- mières comme les grandes sociétés pétrolières, gazières, minières, d’en- grais et agricoles qui ont fusionné ou acheté d’autres producteurs de matières premières, en se concen- trant ensuite uniquement sur la pro-

Edmund Shing, Chief Investment Officer BNP Paribas Wealth Management, et Soraya Mahfoud, directeur Banque Privée – BMCI, nous offrent dans cet entretien un tour d’horizon de l’actualité des marchés financiers et du comportement des différentes classes d’actifs. «Les marchés réagissent de manière excessive à l’inflation US» Epargne et placements

Propos recueillis par A. Hlimi

ce que les taux d’intérêt élevés et l’atténuation des pressions structu- relles sur l’offre permettent à l’infla- tion américaine de baisser d’ici la fin de cette année, parallèlement à un ralentissement de la consomma- tion des ménages à mesure que la demande d’emploi diminue. Plusieurs composantes de l’inflation américaine devraient ralentir dans les mois à venir : les loyers liés au logement, l’assurance automo- bile, l’inflation des services liée à la

croissance des salaires, qui devrait baisser à mesure que le chômage commence à augmenter. Cependant, il est trop tôt pour dire que le sujet de l’inflation américaine «plus élevée pour plus longtemps» est définitivement derrière nous, car une présidence Trump à partir de 2025 pourrait voir des droits de douane plus élevés sur les impor- tations et de nouvelles réductions d’impôts, ce qui pourrait stimuler à nouveau l’inflation. F.N.H. : Quelles sont vos anticipations de la politique monétaire de la FED et de la BCE ? Des pivots sont-ils pos- sibles cette année ? E. Sh. : Oui, nous nous attendons à ce que la Réserve fédérale amé- ricaine et la Banque centrale euro- péenne commencent à réduire leurs taux d’intérêt de référence cette année. La BCE devrait commencer à baisser ses taux directeurs en juin, la croissance économique dans la zone Euro étant déjà très faible (les ménages ont tendance à épar- gner plus qu’à dépenser à l’heure actuelle). L’inflation en Europe se rapproche relativement rapidement de l’objectif de 2% de la BCE. Nous nous attendons à ce que cette der- nière procède à trois baisses de taux cette année (à 3,25% d’ici la fin de 2024), et davantage en 2025. Aux États-Unis, compte tenu de la demande robuste des consomma- teurs et de la nécessité de voir l’infla- tion chuter vers 2%, la FED attendra

Finances News Hebdo : Certains économistes évoquent une spirale plus longue que prévue de l'infla- tion US. Pensez-vous que ce sera le cas ou bien le sujet est définitivement dépassé ? Edmund Shing : Je crois que les marchés financiers sont en train de réagir de manière excessive à trois mois de données sur l’inflation américaine plus élevées que prévu. En général, nous nous attendons à

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