FNH N° 1151 (1)

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JEUDI 9 MAI 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

ECONOMIE

Marchés de gros de fruits et légumes

Le Conseil de la concurrence pointe du doigt les failles

Prédominance des intermédiaires, spéculation, absence d’un cadre juridique, vétusté des infrastructures … : les marchés de fruits et légumes du Royaume souffrent d’une série de maux qui nuit notamment à la compétitivité et à la fluidité des échanges. Par M. Ait Ouaanna L

fonctionnements dont souffre ledit marché, notamment la pro- blématique des intermédiaires. Des dysfonctionnements qui, d’après le Conseil, entravent l’intégration du secteur agricole d’amont en aval et allongent les circuits de commercialisation des fruits et légumes. «Ces problèmes sont caractérisés par la présence d’une multitude d’intermédiaires, qui pratiqueraient de la spécula- tion en ponctionnant des marges excessives et injustifiées, suppor- tées in fine par les consomma- teurs» , indique la même source. Dans le détail, le rapport du Conseil indique que la commercialisation des fruits et légumes au Maroc se fait notamment à travers «des cir- cuits longs» qui se caractérisent par l’existence d’une multitude d’intermédiaires, qui œuvrent tout au long de l’acheminement du produit, du producteur jusqu’au consommateur final. Ces circuits demeurent toujours critiqués dans la mesure où ils conduisent à la détérioration du pouvoir d’achat du consommateur final, sous l’effet de l’incidence des marges commerciales de chaque inter- médiaire sur le prix de vente en détail. Ils entraînent également la perte de contact entre produc- teurs, détaillants et clients finaux,

e Maroc est l'un des principaux producteurs et exportateurs de fruits et légumes de la région. Néanmoins, en dépit de cette position avantageuse, les mar- chés de gros de fruits et légumes du pays, dont le nombre avoisine la quarantaine, sont confrontés à plusieurs défis et dysfonctionne- ments qui entravent leur efficacité. Au cœur de ces dysfonctionne- ments, la forte présence des inter- médiaires constitue une véritable épine dans le pied. Cette situation impacte non seulement la qualité des produits, mais affecte éga- lement la rentabilité des produc- teurs et se traduit inévitablement par une hausse des prix. Ces intermédiaires, qui agissent sou- vent en tant que courtiers entre les agriculteurs et les revendeurs, remplissent certes une fonction logistique en facilitant le proces- sus de distribution, mais leur pré- dominance entraîne souvent des injustices et affecte l’équilibre des marchés. Spéculation et prolifération des intermédiaires …. Dans son récent avis relatif à l’état de la concurrence dans les marchés de fruits et légumes au Maroc, le Conseil de la concur- rence a mis à nu les divers dys-

en plus de l’augmentation des coûts des contrôles d’hygiène par les services compétents (ONSSA) au niveau de chaque stade du processus de distribution et de commercialisation. «Hormis le fait qu’ils détiennent un pouvoir de marché et agissent en faiseurs de prix, la présence de multiples acteurs d’intermédia- tion dans le circuit de distribution (grossistes, semi-grossistes, com- missionnaires, etc.) est critiquée pour son manque de structuration et son impact sur les prix pour le consommateur final. Chaque acteur ajoute sa propre marge brute au prix d’achat, ce qui peut représenter une part importante du prix payé par le consomma- teur», insiste le Conseil. Dans la même veine, l’institution constitutionnelle fait savoir que la prédominance des intermédiaires donne lieu à «une inégalité fla- grante» dans la répartition de la

valeur ajoutée tout au long de la chaîne de valeur. «Alors que les producteurs, souvent confron- tés aux défis agricoles et éco- nomiques, luttent pour maintenir leur rentabilité, les intermédiaires semblent profiter d’une part dis- proportionnée des profits. Cette situation soulève des préoccu- pations concernant l’équité et la durabilité de l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, et appelle à une réflexion sur les mécanismes de fixation des prix et la distribution équitable des béné- fices entre les différents acteurs», poursuit la même source. Le cadre juridique fait défaut Par ailleurs, le Conseil de la concurrence pointe du doigt l’ab- sence d’un cadre juridique régis- sant l’organisation et le fonction- nement des marchés de gros de fruits et légumes du Royaume. «Au niveau global du secteur, le

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