Finances News Hebdo N° 1079

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POLITIQUE

FINANCES NEWS HEBDO

VENDREDI 7 OCTOBRE 2022

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de ce qu'il faut bien appeler une confusion des clivages : qui est avec qui ? Contre qui ? Et pour quoi faire ? L'historique des camps de la majorité et de l'opposition depuis le cabinet d'alternance en 1998 n'aide point à la clarification : tant d'allers et venues depuis près d'un quart de siècle - dif- ficile d'y voir bien clair... La grille des programmes des six cabinets recen- sés est-elle plus explicative ? Pas vrai- ment. Ce que l'on peut en revanche en tirer regarde ce qui suit : globale- ment, un tronc commun des différents programmes de 1998 à 2021, avec cependant des déclinaisons diffé- rentes suivant le cabinet. Aujourd’hui, c'est l'Etat «social», inspiré et fondé sur une vision royale, qui est le mar- queur central témoignant d'une forte inflexion des politiques publiques. L'on peut y ajouter la régionalisation, même si elle peine encore dans son opéra- tionnalisation. Le rapport du nouveau modèle de développement (NMD) par- ticipe bien de cette nouvelle vision : de la prospective, des axes stratégiques et des leviers de changement à l'hori- zon 2035. Insuffisances des offres partisanes Dans ce registre -là, force est de faire ce constat : les partis sont-ils à la hauteur des enjeux et des défis d'au- jourd'hui et de demain ? Une réponse affirmative est difficilement soute- nable. Leurs programmes respectifs, lors des campagnes électorales de 2021, attestent bien de cette difficulté. Autre paradoxe : les insuffisances des offres partisanes alors que l'on compte pas moins de 34 formations ! En prin- cipe, les citoyens et les électeurs ont, devant eux, sur le marché électoral et politique, un large éventail de propo- sitions, de mesures et de réformes. Comment se fait-il que tout cela n'im- prime pas, pourrait-on dire, et qu'il y ait si peu d'intérêt, d'attractivité et d'adhésion en la matière ? Le scrutin du 8 septembre 2021, avec 50,18% de votants, a sans doute enregistré près de huit points de plus par rapport à celui d'octobre 2016. L'on a ainsi relevé 8.786.000 bulletins dans les urnes. Mais ce chiffre est à relativiser, puisque les électeurs inscrits totali- saient, eux, 17.509.000 citoyens, soit pratiquement le double. Plus encore, les citoyens en âge de vote sont éva- lués à 25 millions de personnes. La

conclusion à en tirer est préoccupante : un tiers seulement des électeurs potentiels exerce son droit de vote. Sur ces bases-là, comment ne pas s'interroger sur l'étroitesse de la base électorale et portant politique de la démocratie quand elle ne concerne et n'implique qu'un tiers des citoyens ? Leur encadrement demeure fortement insuffisant. Ils sont des électeurs sans

doute, mais tous ne sont pas des adhérents; leur vote est souvent vola- tile. Au fond, c'est le «système» insti- tué qui pose problème : 4% dans les partis, 1% de jeunes inscrits, ... Même les syndicats ne comptent qu'un médiocre taux de l'ordre de 8% de salariés encartés. Cela ne signifie pas la dépolitisation, mais autre chose: la concurrence d'une sorte de «mar-

ché parallèle» accordant peu de place aux structures instituées (partis, syn- dicats,...). La politisation est en effet ravivée dans les réseaux sociaux et dans le numérique. Une autre manière de faire de la politique s'impose à l'évidence. Faute de quoi, il y aura les structures institutionnelles de la démo- cratie d'un côté et celles en dehors... Qui s'en préoccupe vraiment ? ◆

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