Finances News Hebdo N° 1079

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CULTURE

FINANCES NEWS HEBDO

VENDREDI 7 OCTOBRE 2022

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riffs massifs, cette dernière n’eut même pas le temps de se réchauf- fer que, déjà, un cercle se forme. Il a suffi qu’un beat reprenne de plus belle après une courte mise en sourdine pour que l’espace libéré au centre du cercle soit brutalement envahi par la foule. Aux premiers rangs, on se prend ceux venant de la direction opposée dans un choc plus ou moins violent, avant de se mettre à sauter tous ensemble de manière désordonnée, certains se mouvant de droite à gauche, d’autres de haut en bas, quitte à pousser son voi- sin sans ménagement… Les corps s’agitent, on est pris de vertige; et on ressort vidé, mais heureux. Clôture en beauté Dimanche 2 octobre. Kamar Mansour (2 ème prix Tremplin, catégorie fusion), qui eut le redoutable honneur d’ou- vrir le bal, fit chavirer le public avant de plonger dans le délice quand elle entonna, d’une voix solaire, sa chanson Holm . Le groupe Khmissa (1 er prix), qui prit la suite, embrasa l’assistance avec son rock pimenté de « musique spirituelle africaine », puis Jubantouja, plus indé folk que jamais, vint souffler sur les braises. Au feu ! Le reste fut aussi incan- descent, de part en part. De la belle ouvrage, voilà à quoi nous étions conviés; car lorsqu’on consultait le menu des réjouissances, il y avait lieu de se pourlécher les babines. Il est 20h45. L’Boulevard s’apprête à tirer sa révérence en y mettant les formes. Rien moins que les papis jaloux de leur anonymat, L’Entourloop et le mythique Alborosie en guise de cadeau d’«à très bientôt» ! Nourris « au bon grain des sounds systems, de la culture vinyle et bercés par les dialogues épiques du cinéma d'antan », les papis, issus du col- lectif de beatmakers L’Entourloop, couchent des samples sur des sons dub, dancehall, parfois ragga ou trip hop. C’est du « Banging hip-hop inna yardie style », décrivent-ils leur style. A 21h30, le prodige du reggae entre en scène. Il provoque un tonnerre d’applaudissements. De sa voix puis- sante, Alborosie, accompagné par Shengen Clan, appelle au respect de l’héritage et à la spiritualisé, implore la justice, souhaite l’émancipation,

Les papis du collectif L'Entourloop ont véritablement cassé la baraque.

Alborosie, étoile incontestée du reggae, a été proprement époustouflant.

tation la semaine dernière lors de la compétition Tremplin, certains avaient particulièrement hâte de redécouvrir le punk déjanté de Teltach (2 ème prix) et le rock d’Aghroomers (1 er prix). Sous un tonnerre d'applaudisse- ments, ce dernier remballe sa guitare. Hold The Breath prend le témoin. Par l’esprit, on remonte le temps jusqu’à 2011, l’année où le groupe avait déboulé sur la scène musicale, avec son progressive metalcore frap- pé au bon coin des As I Lay Dying, Killswitch Engage, August Burns Red ou This or The Apocalypse . Quatre morceaux et un EP plus tard, il s’est défait puis refait pour se défaire et se refaire au gré des humeurs, tout en traçant sa route musicale en marge des projecteurs (ils ont pris part au Tremplin 2017). Mais l’énergie, l’en- thousiasme, la conviction demeurent intacts. Leurs sons, aussi énervés que troublants, trouvent un écho ému dans la foule. Mais c’est aux Togolais Arka’n Asrafokor que celle-ci fait un triomphe. Seul groupe en Afrique de l’Ouest qui s’évertue dans un registre trash, speed, néo metal saupoudré de rap et allié de Gazo ou de Blekete (rythmes régionales). Leur mélange explosif de metal, de percussions et instruments traditionnels, porté par des chants en

éwé, anglais et parfois français, venus du ventre ou de la gorge débrident les sens du public qui danse avec une expressivité. Devant la scène, une cohue de metal- heads s'ébroue, délirants et à demi- nus, dans une confusion insensée, hurlant comme des animaux qu'on égorge. Ils dansaient le pogo, dit «mosh pit». Il s’agit d’une danse qui consiste à sauter et se bousculer violemment les uns et les autres, le tout dans la joie et la bonne humeur. Inventée par les punks, popularisée par le metal, elle serait aujourd’hui incontournable dans les concerts hip- hop. Venu le tour des rockers qui se sont proclamés « A7ssan groupe fel 3alam », les Betweenatna, stimulés par la foule déjà en délire, se surpassèrent. Ça vibre et ça pulse, rythmes endiablés et paroles bien frappées à l’unisson. Et quand ils abordèrent Zouwaka , L’handia ou encore Lay chafi , c’est le délire dans les rangs. Inutile de vous décrire l’ambiance ?! Les Betweenatna ont mis le feu, Vader, qui prend leur suite, l’attise. Lorsque ces vétérans du death metal polonais, parfois pimenté de trash, prennent possession de la scène, une vague d’émotion parcourt la foule. Apparemment très excitée par leurs

Du bel ouvrage,

voilà à quoi nous étions conviés; car lorsqu’on consultait le menu des réjouissances, il y avait lieu de se pour- lécher les babines.

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