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JEUDI 18 NOVEMBRE 2021 FINANCES NEWS HEBDO

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Mécénat

◆ Soutien des artistes par l’achat et l’exposition de leurs œuvres, sensibilisation du public, notamment les jeunes, création de musées privés, restauration de merveilles architecturales, édition d’ouvrages somptueux…, les banques, agissant en avant-garde, ont mis leur argent au service du rayonnement de l’art et de la culture au Maroc, compensant ainsi le désengagement progressif des pouvoirs publics. Les banques, des promoteurs de l’art ( Première partie)

caine. Il est déjà bien ancré en Occident comme au Japon, pendant qu’au Maroc, en rai- son de son jeune âge, il est encore balbutiant, mais pro- metteur. En outre, seules quelques banques puisent dans leur escarcelle pour promouvoir l’art, domaine forcément éli- tiste – ou peut-être à cause de cela qu’il semble avoir les faveurs des mécènes -; les autres privilégient plutôt les actions sociales, huma- nitaires ou écologiques, plus gratifiantes pour leur image. Le mécénat en faveur de l’art n’est pas, à l’évidence, monnaie courante, raison majeure pour exalter l’action des banques qui s’y donnent, contre vents et marées, sans contrepartie symbolique notable : Attijariwafa bank,

Société Générale Marocaine de Banques (SGMB) ou encore BMCE. Au commencement, il y avait la BCM A tout seigneur tout hon- neur : dirigée à l’époque par Abdelaziz Alami, poète et esthète qui s’est mis à bâtir patiemment une collection d’œuvres d’art dès le début des années 60, la défunte Banque Commerciale du Maroc (BCM) a été la première entreprise, souligne Farid Britel dans son ouvrage, «Le mécénat au Maroc», à opter franchement pour une action culturelle. A cet égard, on peut lui recon- naître le statut de précurseur. Forte d’une collection picturale excédant 800 toiles, c’est sur l’art que la BCM concentrait son intérêt. Alami donne tout son decorum à son siège ainsi que s’en réjouit le critique d’art Khalil M’Rabet, dans «Peinture et mécénat» : « L’ensemble pictural de la BCM n’est pas cantonné dans un espace spécialisé et la présence, à tous les niveaux, de l’art, frappe le visiteur du siège. La pein- ture épouse les lieux de tra- vail; elle ponctue et valorise l’espace de la banque, au point que plusieurs salles de réunion, de délibérations s’ap- pellent désormais salle Fatima Hassan ou Farid Belkahia, Houssein Miloudi, Hassan El

Glaoui, Jacques Majorelle ou Alejandro Reino. Ces pièces sont des repères spatiaux qui contribuent à la répartition équilibrée d’autres œuvres de plus d’une soixantaine d’artistes, dans les bureaux, lieux de passage et de ren- contre ». Au lieu d’être confi- nées dans un espace spé- cialisé, les œuvres s’affichent partout à travers le siège. « L’art veillant sur les transac- tions ! », belle alchimie grâce au mécénat. Depuis la créa- tion de l’Espace Actua en 1996 au cœur du siège de la BCM avec une vocation plurielle, dont celle de promouvoir les arts plastiques contemporains marocains par une politique d’expositions collectives ou monographiques souvent délectables, la banque ne se contente plus de faire veiller l’art sur les transactions pro- saïques. Elle le donne à voir au plus grand nombre. Tâche dont elle s’acquitta, avec une régularité de métronome et beaucoup de brio. Que l’on songe à ces moments de bonheur procurés par les expositions «Peintres étran- gers au Maroc», «Le Maroc dans le regard de l’Autre», «La Méditerranée a du talent»…. Autant de manifestations coû- teuses, de 250.000 DH (avec un petit catalogue) à 600.000 DH (avec un beau livre), mais qui servent les artistes et leur per- mettent d’exhiber leur talent,

E n tel lieu s’offre à voir l’œuvre tour- mentée du peintre Salah Benjkan, en tel autre s’étendent les corps surdimensionnés de Chaïbia, ailleurs les fresques narratives de Fatéma Hassan El Farroujou ou les person- nages hauts en couleur de Fatna Gbouri accueillent les visiteurs... Quel dénominateur commun entre ces espaces voués à l’art ? Ils appar- tiennent respectivement à des banques qui, par leur patro- nage, concilient deux uni- vers antinomiques : celui de l’argent et, donc, de l’appât du lucre, et celui de l’art, fondé sur la gratuité et le plaisir. Le mécénat bancaire n’est pas une spécificité maro- Par R. K. Houdaïfa

Au lieu d’être confinées dans un espace spé- cialisé, les œuvres s’af- fichent par- tout à travers le siège.

La 4 ème Biennale internationale de Casablanca s'est tenue, en 2018, à l'espace d'art Actua, au coeur du siège d'Attijariwafa bank.

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