Argenteuil_2017_07_21

DOSS I ER

Passionnés de derby de démolition

KRISTINA SERVANT kristina.servant@eap.on.ca

venaient assister à ses courses. La famille qui vivait plus loin restait dormir à Lachute, c’était unmoment parfait pour se réunir en famille. Une chose qu’aimerait reproduire Mathieu : réunir la famille à nouveau pour qu’elle vienne le voir sur la piste. Dans le cas de Rémi Leblanc, un habitué des derbys, il a découvert ce sport extrême alors qu’il allait à l’Exposition agricole de Lachute avec sa famille lorsqu’il était en- fant. Comme chez les Laplante, les Leblanc viennent encourager Rémi lorsqu’il fait un derby et se fait entendre dans les gradins. Un derby spécial Quelques coureurs vont faire le derby pour quelqu’un, pour une cause ou pour rendre hommage à quelqu’un, en plus de le faire pour eux-mêmes. Cette année, la course deMathieu devait être pour son gar- çon Raphael. « Je faisais le derby pour mon garçon puisqu’il devait naître au mois de mai. Malheureusement, le 23 avril dernier, il est décédé dans le ventre dema conjointe. Alors je fais le derby en son honneur », a men- tionné le coureur, la voix émotive. La voiture deMathieu était donc décorée spécialement pour lui rendre hommage : des ailes d’anges, une auréole ainsi que le nom de Raphael et sa date de décès. Pour offrir du soutien àMathieu Laplante, d’autres coureurs ont décidé de faire une voiture spéciale pour rendre hommage à Raphael, en incluant des ailes d’anges ou le ruban bleu et rose symbolisant le deuil périnatal. Préparation de la voiture et…physique Pour participer à un derby de démolition, il ne suffit pas de prendre une voiture qui en est à la dernière étape de sa vie. Il faut la

Chaque année, près d’une centaine de conducteurs participent au derby de démo- lition de l’Exposition agricole de Lachute. Un évènement attendu chaque année, tant chez les conducteurs que les spectateurs en quête de sensations fortes. Que l’on soit à Lachute, Saint-Hyacinthe, Saint-Brigide-d’Iberville, Bedford, Saint- Chrysostome ou Sainte-Marguerite, les derbys de démolition attirent la foule et les concurrents. Partout où il y a un derby, il y a des gradins pleins à craquer et des spectateurs en quête dumeilleur spectacle possible. Dès que les noms des coureurs se font entendre dans les haut-parleurs, la foule se met à crier en guise d’encouragement. Un sentiment agréable pour les coureurs, comme le mentionne Mathieu Laplante, un participant au derby de démolition de l’Exposition agricole 2017. « C’est le fun de savoir que tu es apprécié ! La voiture a beau faire beaucoup de bruit, mais tu les entends. » Réunion de famille Chez les Laplante, le derby est une his- toire de famille. Son père était un des orga- nisateurs des derbys avec Pierre Sabourin, à l’époque, et sa mère était secrétaire-tré- sorière pour le Lachute Motorsport Club, l’organisme responsable du derby. Le père de Mathieu faisait lui-même des derbys et avait toujours plusieurs voitures dans la cour. « J’avais quatre ans et je peinturais les voitures », s’est souvenuMathieu Laplante. Lorsque son père faisait des derbys, nom- breux étaient les membres de la famille qui

Mathieu Laplante pose sur sa voiture rendant hommage à son garçon pour le derby de Lachute. —photo Kristina Servant

rendre sécuritaire, tant pour le conducteur, pour les autres concurrents et même pour les spectateurs. « C’est beaucoup de préparation, amen- tionné Rémi Leblanc. Pour la rendre sécu- ritaire, il faut donc enlever les fenêtres et modifier un peu la voiture tout en respectant les règlements de l’endroit. » Chaque évè- nement comporte ses propres règlements, mais « ça se ressemble partout », a indiqué Mathieu Laplante, qui possède la série docu- mentaire Bing Bang chez lui. La préparation consiste à enlever toutes les fenêtres, les poignées des portes, les sièges passagers et remettre le réservoir d’es- sence dans la voiture, à la place des sièges arrière. La porte côté conducteur est éga- lement renforcée avec une barre de métal. Enfin, certains conducteurs habitués connaissent les limites de leur corps et prennent un rendez-vous chez le chiro ou le massothérapeute pour le lundi suivant la course. « L’an dernier, j’ai été raqu é pour une semaine », a reconnu le conducteur Laplante. Adrénaline, défoulement et tôle froissée L’adrénaline, le défoulement et même voir la tôle froissée sont une les raisons qui font en sorte que les conducteurs reviennent année après année. « C’est une peur, c’est un accident et tu causes un accident légal. C’est ça qui fait que j’aime ça et ça me donne de l’adrénaline ! », a préciséMathieu Laplante. Le derby permet également de se défou- ler. « Tu n’aimes pas une personne ? Ça ne se règle pas avec des coups de poing, ça se règle dans la voiture, dans l’arène ! », a commenté le conducteur Laplante. Cependant, pour les deux conducteurs,

une chose est claire : le derby n’est pas là pour blesser un autre participant, mais bien pour s’amuser et offrir un spectacle au public. « Voir de la tôle froissée » plaît également à Rémi Leblanc, qui est heureux de voir l’état général de sa voiture après les évène- ments. Si la voiture n’est pas assez froissée et qu’elle est encore capable d’en prendre, il n’hésite pas à remettre la voiture lors d’un autre derby. Enfin, le derby constitue un évacuateur de stress quotidien pour Mathieu Laplante. « Ça change les idées aussi. Quand tu entres sur la piste, tu ne penses qu’au derby et tu ne penses plus à l’école, au travail. Tu penses au moment présent. » Lachute et ailleurs Un weekend de derby à Lachute n’est pas suffisant pour certains coureurs, alors nombreux sont ceux qui préparent plusieurs voitures afin d’aller faire des derbys dans les autres évènements de la province et en Ontario. Même si Mathieu Laplante n’a fait que des derbys à Lachute, il aimerait bien essayer celui de Saint-Chrysostome, qui se fait sur un terrain asphalté contrairement aux autres pistes de ce genre qui sont en terre. Quant à Rémi Leblanc, il a commencé ses derbys à Lachute, mais comme il habite maintenant dans la région de Brome-Mis- sisquoi, il fait principalement ses derbys à Saint-Hyacinthe, Bedford et Saint-Brigide- d’Iberville. Il avoue avoir une petite préfé- rence pour l’Exposition agricole de Saint- Hyacinthe, car avant le grand spectacle de derby, les voitures participent à une course en ovale.

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3 Rémi met la touche finale à sa voiture. —photo Kristina Servant

4 Le réservoir à essence respectant les règlements du derby. —photo Kristina Servant

Rémi Leblanc sur une de ses voitures lors d’un derby à Saint-Hyacinthe, il y a quelques années. —photo Kristina Servant

L’Argenteuil, Lachute QC.

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Le vendredi 21 juillet 2017

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