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LUNDI 30 NOVEMBRE 2020

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Tests PCR

◆ La façon dont le virus se propage dans le corps humain peut parfois faus- ser les résultats des tests PCR. D’où les fameux faux négatifs. Mieux comprendre les faux négatifs ! L es tests PCR sont-ils fiables ? C’est une inter- rogation que se posent de nombreux citoyens qui ont pu, parfois, constater que des gens testés négatifs sont por- teurs du virus. Par Ibtissam Z.

Dr Mounir Fillali, biolo- giste

En réalité, il faut prendre en consi- dération la période d’incubation qui est de plusieurs jours. Les symp- tômes peuvent alors prendre du temps avant d’apparaître, notam- ment les maux de tête, la fièvre, l’écoulement nasal, la toux, la perte de goût et d’odorat... En effet, «la période d’incubation commence au contage par le virus (contamination) et la détection du virus au niveau de la sphère ORL, par les techniques classiques. Elle est de 5 à 7 jours. On peut consta- ter l’apparition de symptômes à la fin de cette période d’incubation» , explique le Dr Mounir Fillali, biolo- giste depuis 20 ans. Ainsi, si le test de dépistage est réalisé trop tôt au cours de l’infec- tion, le résultat peut présenter un

faux négatif, alors que le patient est porteur du virus. «Les faux négatifs sont dus princi- palement au fait que les tests PCR au niveau de la sphère ORL (naso- pharynx ou oraux) sont soit réalisés trop tôt (période d’incubation du virus), soit trop tard (absence du virus dans la sphère ORL). Parfois, cela est dû au fait qu’ils sont prati- qués par des personnes non habi- litées à le réaliser. D'où ma recom- mandation d’effectuer les tests chez des personnes expérimentées et professionnelles» , ajoute-t-il. La réussite d’un test PCR repose sur trois critères importants : le pré-analytique, c’est-à-dire un bon prélèvement dans le respect des

normes, l’acheminement rapide du prélèvement, étant donné que l’ARN est très fragile contrairement à l’ADN qui est plus solide et résis- tante, et la phase analytique qui comprend une PCR bien faite. Alors pourquoi sommes-nous confrontés à davantage de faux négatifs ? «En pourcentage, on ne constate pas de plus en plus de faux néga- tifs. Cette impression est due sim- plement au fait que plus les tests sont réalisés, plus le nombre de faux négatifs augmente. Les faux négatifs sont intrinsèquement liés à la technique par PCR. N’oublions pas que les kits permettant la réa- lisation de ces tests sont jeunes, qu’ils ont tout au plus 6 à 8 mois d’ancienneté. Leurs performances, malgré les progrès énormes réa- lisés, restent encore aujourd’hui moyens, si on les compare par exemple à d’autres tests réalisés en laboratoire, comme les tests contre le VIH ou l’hépatite C. C’est pour- quoi je recommande de faire les tests dans les laboratoires publics et- ou privés» , précise Dr Fillali. «Et en cas de doute, s’adresser aux biologistes et médecins. Ils sont là au service du citoyen pour l’éclairer et l’aider dans sa prise

en charge. Le test peut être refait sans problème en cas de doute» , poursuit le pharmacien-biologiste, qui effectue dans son laboratoire privé plus d’une centaine de tests PCR par jour. Quid du test antigénique ? La science est en constante évolu- tion. D’autres alternatives peuvent compléter les tests PCR, comme notamment les tests antigéniques. Selon notre interlocuteur, « les tests antigéniques sont très attendus pour leur simplicité et facilité d’uti- lisation, ainsi que pour leur rapi- dité d’analyse et de rendu des résultats. Leurs performances sont aujourd’hui acceptables et ils peuvent être généralisés faci- lement à l’ensemble des struc- tures de soins, petites ou grandes. Cependant, leur utilisation doit être encadrée et doit rester dans la main des professionnels du dia- gnostic biologique, à savoir les bio- logistes médicaux. Ceci pour éviter les dérives liées à leur mauvaise utilisation. En résumé, ils peuvent être d’une grande efficacité s’ils s’inscrivent dans une stratégie du dépistage et du diagnostic enca- drée par les professionnels du domaine». ◆

La communauté scientifique internationale souligne que le timing du dépistage pour une infection à la Covid-19 peut influencer le résul- tat, et ce même si le patient est contaminé. «Le virus ne se trouve pas dans le nez tout au long des différentes phases de la maladie. Sur 100 patients testés négatifs, il est probable que 30% d’entre eux soient infectés par le virus. Cela ne veut pas dire que le test n’est pas bon, mais que nous cherchons le virus au mauvais endroit, là où il n’est pas à toutes les phases de la maladie» , expliquait récemment sur France bleu le professeur Vincent Thibault, chef de service du laboratoire de virologie au CHU de Rennes. Chercher au bon endroit

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