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Chapitre 1 – Entreprises et marchés financiers
la première à la Libération et la seconde à l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981. Depuis, plusieurs phases de privatisation ont contribué à réduire le nombre d’entre- prises publiques. En 2020, l’État contrôle, directement ou non, 1 830 entreprises qui emploient 562 000 salariés (2 % des salariés français), soit trois fois moins qu’il y a 30 ans. Les trois plus importantes sont la SNCF, La Poste et EDF.
Prix Nobel & Co.
Coase : la théorie de la firme
Aussi étrange que cela puisse paraître, les économistes sont longtemps restés indiffé- rents à la façon dont les entreprises étaient organisées, privilégiant dans leur approche la figure de l’entrepreneur : dans la théorie microéconomique standard, c’est le marché qui coordonne les actions des agents, l’entreprise n’étant qu’une « boîte noire ». Il faut attendre Ronald Coase en 1937 pour s’interroger sur la nature des entreprises* : pour lui, la raison d’être des entreprises tient à l’existence de coûts de transaction , ainsi nommés car faisant obstacle à certaines transactions sur le marché. Ces derniers peuvent être des coûts de recherche et d’information (trouver le meilleur rapport qualité-prix), des coûts de négociation (parvenir à un accord entre acheteur et vendeur) ou des coûts de surveil- lance et d’exécution (vérifier que le vendeur respecte les termes du contrat). Lorsque ces coûts sont élevés, les mécanismes de marché ne fonctionnent pas bien. L’organisation de ces transactions au sein d’une institution hiérarchique, telle qu’une entreprise, peut se révéler plus efficace. Pour Coase, marché et entreprises sont donc deux formes alterna- tives et complémentaires de coordination des activités de production. Ainsi, une entreprise ayant besoin de boulons a le choix entre les acheter sur le marché – ce qui implique de trouver un sous-traitant, de négocier un contrat et de payer le prix de marché de ces boulons – ou les produire elle-même – ce qui implique d’embaucher des salariés, de les former, d’acheter des machines et alourdit l’organisation de l’entre- prise. Face à cette alternative (« faire » ou « faire faire »), l’entreprise choisira l’option la moins coûteuse. Les travaux de Coase ont donné naissance, à partir des années 1970, à la théorie des institutions et lui ont valu le prix Nobel d’économie en 1991.
* R. Coase (1937), « The Nature of the Firm », Economica , 4, p. 386-405.
Le statut juridique de l’entreprise Une entreprise peut choisir différentes formes juridiques suivant la nature de son acti- vité (commerciale, artisanale, libérale), le nombre d’associés, la fiscalité des bénéfices ou le degré de responsabilité de ses propriétaires vis-à-vis de ses dettes. Ce dernier critère est particulièrement important : • lorsque les propriétaires sont responsables des dettes de l’entreprise sur leurs biens propres, les créanciers peuvent se retourner contre eux si l’entreprise est incapable de rembourser une dette, et ils sont alors tenus de la rembourser sur leur patrimoine personnel. Ainsi, un associé qui n’aurait investi que 1 000 € dans l’entreprise devrait rembourser le cas échéant la dette de cette dernière, fût-elle de plusieurs millions d’euros ; • lorsque la responsabilité des propriétaires est limitée au montant de leur apport, ceux-ci ne perdent que ce qu’ils ont investi dans l’entreprise. On parle alors de sociétés à responsabilité limitée .
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