Finance d'entreprise 6e éd. Extrait

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Partie I - Introduction

« gagnant-gagnant » ; dans les autres situations, les actionnaires devront se mettre d’ac- cord : certains seront prêts à des sacrifices, d’autres non, ce qui peut conduire à des conflits d’intérêts entre actionnaires.

Finance verte Quelle responsabilité sociale pour les entreprises ?

Pour Milton Friedman, prix Nobel d’économie 1976, la réponse est simple (1971) : « La responsabilité sociale des entreprises est de faire des profits […] ; l’entreprise n’a pas de responsabilité sociale envers le public, ses seules responsabilités sociales sont les revenus qu’elle procure à ses propriétaires. Le travail d’un dirigeant est de faire de l’argent, d’at- teindre ou de battre l’indice de référence du marché. » Sa position a le mérite de la clarté : pour lui, dans la droite ligne d’Adam Smith, c’est en cherchant le profit que l’entreprise rend le plus grand service possible à la société. Pourtant, un nombre croissant de théoriciens, de politiciens, mais également de chefs d’entreprises et d’actionnaires (voir l’encadré « Fonds ISR » du chapitre 11) soutiennent, au contraire, que les entreprises ont une responsabilité sociale étendue ; elles doivent certes prendre en compte l’intérêt de leurs actionnaires ( shareholders ), mais également ceux des autres parties prenantes ( stakeholders ), c’est-à-dire de tous ceux qui participent, de près ou de loin, à leur existence. Réduire l’empreinte environnementale de l’entreprise, améliorer la qualité de vie des salariés, proposer des produits durables sont autant de manières de concilier économie, social et protection de l’environnement. Et ce n’est même pas nécessairement contraire à la recherche du profit, puisque cela améliore l’image de l’entreprise, ce qui peut attirer de nouveaux clients. De même, si l’entreprise prend des décisions qui profitent à ses salariés (par exemple, en augmentant leur sécurité d’emploi), elle sera en mesure d’attirer de meilleurs salariés et de bénéficier d’une productivité accrue. Les objectifs dits ESG – pour Environnement, Social et Gouvernance – sont de plus en plus populaires, au point que même les plus grands gestionnaires d’actifs au monde en font la promotion. Ainsi, d’après Larry Fink, le P-DG de Blackrock (2022) : « Le capi- talisme des parties prenantes n’est pas une question de politique. Il ne s’agit pas d’un programme social ou idéologique. Ce n’est pas “woke”. C’est un capitalisme qui repose sur des relations mutuellement bénéfiques entre vous et les salariés, les clients, les fournis- seurs et les communautés sur lesquels votre entreprise s’appuie pour prospérer. Tel est le pouvoir du capitalisme. [...] Une entreprise doit créer de la valeur pour l’ensemble de ses parties prenantes et être appréciée par elles afin de générer une valeur à long terme pour ses actionnaires . » Lorsque les entreprises prennent des décisions qui affectent leur valeur et qui, dans le même temps, ont des conséquences sociales importantes, elles doivent quantifier l’impact sur elles, mais aussi sur la société, pour permettre au P-DG, au conseil d’admi- nistration et, en fin de compte, aux actionnaires d’évaluer le rapport coût-bénéfice et de prendre une décision en connaissance de cause. Enfin, soulignons qu’il est d’autant plus facile pour une entreprise d’allouer des fonds à des objectifs sociétaux et environnemen- taux qu’elle est en bonne santé financière...

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