Finance d'entreprise 6e éd. Extrait

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Partie I - Introduction

assemblée générale). Si les actionnaires sont nombreux à agir de la sorte, le prix de l’ac- tion chute. À l’inverse, lorsqu’une société est bien gérée, les investisseurs sont nombreux à vouloir y acheter des actions, ce qui fait monter le cours boursier. Globalement, le prix des actions peut donc être considéré comme un baromètre permettant d’évaluer les dirigeants, puisqu’il reflète l’opinion des actionnaires sur la performance de l’entreprise. Que se passe-t-il si le conseil d’administration s’évertue à accorder sa confiance à l’équipe dirigeante malgré de piètres performances ? Dans ce cas, il est probable que le cours de la Bourse baissera au fil du temps, ce qui exposera l’entreprise à une offre publique d’achat hostile ( hostile takeover ). C’est ce qui se produit lorsqu’un ou plusieurs investisseurs – qualifiés de raiders – essaient d’acheter suffisamment d’actions et donc de droits de vote pour changer les administrateurs et les dirigeants. Ils espèrent ainsi qu’avec une nouvelle équipe dirigeante, plus efficace et plus dévouée aux actionnaires, le cours boursier augmentera – pour leur propre bénéfice, mais aussi pour celui des autres actionnaires. Malgré la connotation négative généralement attachée à ces opérations, les raiders rendent en fait un grand service aux actionnaires. D’ailleurs, la menace d’une attaque hostile est souvent suffisante pour inciter les dirigeants à être plus performants et le conseil d’administration à prendre des décisions difficiles, le cas échéant. Le simple fait que les actions de l’entreprise soient librement échangeables en Bourse crée donc un « marché » pour le contrôle des entreprises, dont l’existence incite les dirigeants et le conseil d’administration à agir dans l’intérêt des actionnaires. Le contrôle des créanciers sur l’entreprise Les actionnaires ne sont pas les seuls à investir dans une entreprise : les créanciers égale- ment. Néanmoins, tant que l’entreprise honore ses engagements envers ces derniers, c’est-à-dire qu’elle paie les intérêts dus et qu’elle rembourse le capital emprunté, ils n’ont pas voix au chapitre en ce qui concerne sa gestion. C’est uniquement lorsque l’entre- prise ne peut pas rembourser sa dette ou payer les intérêts que les créanciers se voient reconnaître des droits spécifiques (de contrôle, d’inspection, etc.) qui leur permettent de défendre leurs intérêts. En dernier recours, les créanciers peuvent saisir des actifs de l’entreprise à titre de compensation, voire prendre le contrôle de l’entreprise, à la place des actionnaires. La faillite d’une entreprise n’est donc rien d’autre qu’un transfert de propriété et de contrôle des actionnaires vers les créanciers (voir chapitre 16). Afin d’éviter une telle situation, les dirigeants ont la possibilité de réorganiser l’en- treprise et de renégocier la dette avec les créanciers. Ce n’est donc pas parce qu’une entreprise rencontre des difficultés financières qu’elle sera nécessairement liquidée : le plus souvent, les créanciers ont intérêt à accepter une réorganisation de l’entreprise pour qu’elle continue à fonctionner. Et même si le contrôle passe dans les mains des créan- ciers, il peut être dans leur intérêt de maintenir l’activité et de restructurer l’entreprise.

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