Finance d'entreprise 6e éd. Extrait

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Chapitre 1 – Entreprises et marchés financiers

Crise financière La faillite de Lehman Brothers

Le 15 septembre 2008, la banque d’investissement américaine Lehman Brothers, inca- pable de faire face à ses engagements, se déclare en cessation de paiement. Avec un passif supérieur à 700 milliards de dollars, c’est la plus grande faillite de l’histoire, qui manque de provoquer une crise systémique mondiale. Malgré cette faillite, la banque n’a pas cessé ses activités : dès la semaine suivante, Barclays a acheté pour 1,75 milliard de dollars les activités de banque d’investissement et de courtage de Lehman Brothers en Amérique du Nord (y compris son siège social de Manhattan) ; la plupart des salariés n’ont donc pas eu à pointer au chômage : ils sont devenus salariés de Barclays. Le mois suivant, Nomura a fait de même avec plusieurs filiales non américaines de Lehman Brothers. D’autres filiales de Lehman Brothers ont été rachetées par des fonds de capital-risque ou des entreprises industrielles : EDF a ainsi racheté Eagle Energy, filiale de Lehman Brothers spécialisée dans le trading de matières premières. Malgré ses conséquences pour l’économie mondiale, la faillite de Lehman Brothers ne s’est donc pas traduite par la cessation de ses activités, mais par un transfert de la propriété et du contrôle de l’entreprise. 1.3. Les marchés financiers Les actionnaires souhaitent que les dirigeants agissent pour maximiser la valeur de l’entreprise et donc de leurs actions. Pour la plupart des entreprises, il est néanmoins compliqué d’estimer précisément la valeur des actions : les actionnaires sont peu nombreux, les achats et ventes d’actions sont rares et lorsqu’une transaction survient, l’information n’est pas toujours publique. Les choses sont différentes pour les entre- prises qui choisissent de faire coter leurs actions sur un marché financier 9 : la Bourse est un marché organisé sur lequel s’échangent les actions, leur prix est connu de tous en temps réel et il est possible d’en acheter en grande quantité, dans un délai court et à un prix proche de celui auquel on aurait pu les vendre. Cette liquidité est évidemment un facteur clé pour attirer les investisseurs 10 , puisque cela leur garantit de pouvoir vendre leurs actions quand ils le désireront. Lorsqu’une entreprise émet des actions et les vend sur le marché, on parle de marché primaire des actions. Une fois émises, les actions des entreprises cotées sont librement échangeables ; on parle alors de marché secondaire des actions. Les émissions d’actions nouvelles étant rares, l’immense majorité des transactions est effectuée sur le marché secondaire.

9. Attention aux faux amis : en anglais, les entreprises cotées sont des public companies par opposition aux entre- prises non cotées ( private companies ) ; les entreprises détenues par l’État sont des state-owned companies . 10. On compte en France environ 3 millions d’actionnaires individuels qui détiennent en direct des actions de sociétés cotées ; ce nombre s’élevait à plus de 7 millions en 1990. Au cours de la pandémie de Covid-19, on a toutefois assisté à un rebond du nombre d’actionnaires individuels actifs.

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