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BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

DU 21 AU 27 MAI 2020

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virage de la Data Analytics pour mieux connaître le consommateur, mieux l’évaluer, mieux l’ac- compagner dans un nouveau paradigme où la banque anticipe les besoins de ses clients. Malheureusement, force est de constater que des leviers comme l’intelligence artificielle, l’or- ganisation «Agil» ou encore la Big Data sont sous, voire pas, utilisés par les établissements de crédit au Maroc. Il est impératif que nous puissions très rapi- dement digitaliser la totalité des services ban- caires y compris le crédit. Aujourd’hui, il faut se déplacer en agence, attendre la délibération ensuite attendre la période de rétractation de 7 jours avant de voir les fonds débloqués. Or, nous vivons dans une époque de l’immédiateté, facilitée par une technologie disponible et géné- ratrice de valeur. Le crédit en trois clics, c’est d’actualité dans les autres pays, pourquoi pas chez nous ? Les Marocains méritent ce genre de service surtout lorsqu’on voit le taux de pénétra- tion des smartphones dans le pays : c’est une aubaine inexploitée. Réorganisation du travail, digitalisation de toute la verticale, hyper automatisation des process, intégration de nouveaux outils analytiques etc. Les établissements de crédit doivent apporter des réponses concrètes aux difficultés subies aujourd’hui afin de capter des parts de marché d’une industrie du crédit doublement anéantie par un arrêt brutal de l’activité économique sur fond de récession. A la lumière et à la mesure de la pandémie, ils devront opérer des change- ments d’une envergure proportionnelle. F.N.H. : En vous appuyant sur vos modèles et vos données, quelle pourrait-être l’évo- lution de la production de nouveaux crédits ainsi que celle des impayés ? Une hausse conséquente du coût du risque est-elle inévitable ? Y. F. : Nous avons observé un arrêt quasi-total de la demande de nouveaux prêts. Les banques se sont principalement concentrées sur la mise en place des reports, ce qui sur un plan orga- nisationnel a demandé un effort considérable de leur part. Une bonne partie des potentiels «impayés» qui auraient pu être enregistrés depuis le début du confinement, ont été absor- bés en partie par les quelque 500.000 rééche- lonnements qui ont eu lieu depuis le début du confinement. Ceci ne concerne que les personnes qui ont pu justifier d’une perte d’emploi ou d’une réduction de salaire, et ce pour une période déterminée. Que se passera-t-il quand les banques ne pourront plus rééchelonner ? Ou si le chômage continue à grimper avec une économie qui peine à redémarrer ? Malheureusement, nous allons de fait passer par une période difficile

La Data, un outil incontournable pour soutenir le crédit bancaire ◆ Face à la crise induite par la pandémie de coronavirus et la montée des risques, les banques doivent redessiner une nouvelle vision pour l’industrie du crédit, basée sur une approche holistique de l’emprunt, et appuyée par une optimisation de la data et de ses outils, estime Yacine Faqir, DG de Quantik DBCB Credit Bureau, 2 ème Credit Bureau agréé par Bank Al-Maghrib au Maroc depuis 2015. Entretien.

Propos recueillis par A. Elkadiri

le plus long de tous les pays et donc une mise en coma artificielle prolongée de son économie. Sur un horizon relativement court, nous risquons de voir des entreprises incapables de subir le choc et donc d’honorer leurs engagements. Même son de cloche pour les consommateurs qui, je pense, ne vont pas se ruer sur le crédit au déconfinement, non seulement parce que nous n’avons pas une culture agressive de l’emprunt, mais parce qu’avec les pertes d’emplois et les réductions de salaires, la tranche éligible au cré- dit risque considérablement de se contracter. C’est justement dans ce contexte que les banques doivent redessiner une nouvelle vision pour l’industrie du crédit. Une vision conçue sur une approche holistique de l’emprunt avec des Départements risque, recouvrement, marketing qui travaillent en unisson et non en silo; le tout appuyé par une optimisation de la data et de ses outils. Le reste du monde bancaire a déjà amorcé le

Finances News Hebdo : Quels sont les prin- cipaux changements de paradigmes en cours pour le secteur bancaire national confronté à la crise induite par la pandémie de coronavirus, que ce soit sur les plans organisationnel ou opérationnel ? Le sec- teur entre-t-il dans une phase critique de son histoire ? Yacine Faqir : Avant d’amorcer un véritable chan- gement de paradigme, les banques doivent commencer par gérer l’urgence. Elles vont accuser des contre-performances importantes sur les prochains trimestres en termes de reve- nus, notamment ceux liés à l’industrie du crédit. Tout prête à penser que la relance de la machine économique sera lente et surtout corrélée à la vitesse du regain de confiance qu’auront les Marocains à reprendre une vie «normale» et la capacité des ménages à récupérer leur pouvoir d’achat. Le Maroc aura connu le confinement

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