FNH N_ 1215

Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 13 novembre 2025 - 8 DH - N° 1215

PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC

Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli

Formation professionnelle

Cash Plus

Les analystes à l’achat

Vacarme bureaucratique !

P. 12/13

P.11

P. 4/8 à 10

«Nous soutenons une prospérité inclusive et durable au Maroc» AFD

Automobile

Résolution 2797 de l'ONU Un booster économique pour les Provinces du Sud

Comment le Maroc est devenu un «dragon» du low cost industriel

P.14/15

P.22 à 24

P. 25

 Entretien avec Sandra Kassab, directrice Afrique de l’AFD

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

SOMMAIRE

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 13 NOVEMBRE 2025

ACTUALITÉ

30 L'UNIVERS DES TPME

Editorial

Entretien avec Mehdi Dioua : Deepmod , «La communication n’a de valeur que lorsqu’elle crée une émotion durable»

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Voyons voir : Cryptoactifs : Le Maroc sort de la brume Ça se passe au Maroc

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BOURSE & FINANCES

Point Bourse Hebdo : Un ralentissement sans panique Cryptoactifs : Le Maroc passe du «no man’s land» à un marché régulé Entretien avec Badr Bellaj : Cryptoactifs, «Le Maroc tourne la page de l’interdiction pour entrer dans l’ère de la régulation» Cash Plus : Les analystes à l’achat

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Fatima Ouriaghli Directeur général, Responsable de la publication

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COP30 à Belém : Une planète à bout de souffle dans l’attente d’actions concrètes 32 DEVELOPPEMENT DURABLE

Sahara marocain

L’initiative d’autonomie, un projet de Nation

«D

ans le droit fil de la résolution onusienne, le Maroc procédera à l’actualisation et à la formulation détaillée de la proposition d’autonomie en vue d’une soumission ultérieure aux Nations Unies. En tant que solution réaliste et applicable, elle devra constituer la seule base de négociation ». C’est ce qu’a affir- mé, le 31 octobre, le Roi Mohammed VI dans un discours à la nation juste après l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU de la résolution 2797 consacrant l’initiative marocaine d’autonomie comme la seule base sérieuse et réaliste pour

ECONOMIE

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Formation professionnelle : Vacarme bureaucra- tique ! Entretien avec Sandra Kassab : Agence française de développement, «Nous soutenons une prospé- rité inclusive et durable au Maroc» Tourisme : Le Maroc séduit de plus en plus le marché américain Entretien avec Zoubir Bouhoute : Tourisme, «Le Royaume a intérêt à diversifier ses marchés émetteurs» Politiques publiques : Rahhou et Benmoussa unissent leurs forces Afrique : Benoît Chervalier déconstruit les visions simplistes sur le continent Entretien avec Benoît Chervalier : Coopération, «La relation économique franco-marocaine entre dans une nouvelle dynamique» Résolution 2797 de l'ONU : Un booster économique pour les provinces du Sud Provinces du Sud : Un potentiel de développement à la lumière de la nouvelle résolution de l’ONU Automobile : Comment le Maroc est devenu le nouveau «dragon» du low cost industriel Immobilier : Avec Rixos, Alliances se lance dans l’hôtellerie de luxe Entretien avec Adil Lamnini : Made in Morocco, «Une économie forte se reconnaît à la puissance de ses marques»

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le règlement définitif du différend régional autour du Sahara. Dix jours plus tard, le Souverain joint l’acte à la parole, non sans choisir la voie la plus exigeante : celle de la concertation nationale. En cela, sur son ordre, une importante réunion a été tenue au cabinet royal le 10 novembre. Présidée par ses conseillers, Taïeb Fassi Fihri, Omar Azziman et Fouad Ali El Himma, en présence des chefs des partis représentés dans les deux Chambres du Parlement et des ministres de l’Intérieur et des Affaires étrangères, l’objectif était de les associer à l’actualisation et à la formulation détaillée de l’initiative d’autonomie, dans le cadre de la souveraineté marocaine. Dans un pays où la monarchie incarne l’unité nationale, la démarche royale prend une portée symbolique et institutionnelle majeure. En associant l’ensemble de la classe politique à cette étape, le Souverain fait de la question du Sahara marocain non pas une cause d’Etat abstraite, mais une entreprise collec- tive, nourrie par toutes les sensibilités. Ce dossier devient ainsi l’affaire de tous, jusque dans ses contours techniques et diplomatiques. Le message est limpide : l’initiative d’autonomie proposée par le Maroc depuis 2007 n’est plus une simple offre. Elle entre dans une phase de maturation et de formalisation, à même de devenir un modèle d’autonomie démocratique sous souveraineté nationale. L’actualisation voulue par le Souverain n’est pas cosmétique, en ce qu’elle vise à renforcer la cohérence interne du projet, l’adapter aux nouveaux contextes régio- naux et à en faire une référence du droit international contemporain en matière de règlement pacifique des différends. Autrement dit, il s’agit d’élaborer un projet d’autonomie garantissant la dignité, la représentativité et la prospérité des popu- lations sahraouies, au sein d’un Maroc uni. Tous les partis politiques, du RNI au PAM, en passant par le Parti de l’Istiqlal, l’USFP, le MP et le PPS, sans oublier le PJD, l’UC et le PSU, ont salué cette ouverture royale et promis de soumettre des mémorandums au Souverain. Cette dynamique participative traduit une continuité dans la gouvernance nationale : chaque grande orientation est le fruit d’un dialogue institutionnel encadré par la monarchie. L’histoire retiendra que cette initiative royale n’est pas une simple étape adminis- trative. Elle scelle la maturation d’un consensus national et l’aboutissement d’un demi-siècle de combat diplomatique. En impliquant les partis, le Roi a rappelé que la souveraineté n’est pas une donnée, mais une construction collective et permanente. Les Marocains ont longtemps défendu leur intégrité territoriale. Aujourd’hui, ils en écrivent la conclusion politique. Cette concertation nationale marque le passage d’une ère de défense à une ère de consolidation. u

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34 HIGH-TECH

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Streaming de jeux : La performance réseau devient le nouveau terrain de jeu

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• Directeur des rédactions & Développement : David William • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Ibtissam Zerrouk, Désy Mbakou • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine • Mise en page : Zakaria Beladal

• Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Tirage 5.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05 • S.A.R.L. au capital de 5.000.000,00 DH - C.N.S.S. 600 50 62 I.F. 1022303 - Patente 35770001 - ICE N° : 001526693000021

• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com

VOYONS VOIR

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Cryptoactifs

Le Maroc sort de la brume

à deux têtes. D’un côté, l’AMMC encadrera les émissions, les offres au public et les plateformes d’échange. De l’autre, Bank Al-Maghrib supervisera les jetons adossés à des actifs, ces fameux stablecoins qui prétendent imiter la stabilité d’une monnaie nationale sans en avoir la légitimité. L’objectif est clair et double : • Primo : encourager l’innovation, mais sans anarchie. En cela, tout prestataire de ser- vices sur cryptoactifs devra disposer d’un agrément obligatoire, d’un siège social au Maroc, de fonds propres solides et, surtout, d’une gouvernance exemplaire. Autrement dit, fini le Far West numérique où quelques plateformes opéraient à visage couvert. • Secundo : transformer une pratique long- temps perçue comme marginale en levier de modernisation. Concrètement, il s’agit de réguler non pas pour freiner, mais pour

canaliser. Par ailleurs, l’un des points saillants du pro- jet concerne la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, avec notamment l’introduction de la Travel Rule, cette obligation pour les prestataires d’identifier l’expéditeur et le bénéficiaire de chaque transfert. Ce souci global de rigueur s’accompagne d’une volonté de pédagogie et d’une pru- dence bienvenue, tant la frontière entre inno- vation et illusion est parfois fine. Mais attention à l’excès de prudence : si la régulation protège, elle peut aussi freiner. D’où la nécessité de ne pas trop complexi- fier le dispositif réglementaire. Dans l’Union européenne, le modèle «MiCA» (Markets in Crypto-Assets) a induit une confiance accrue qui a poussé les investis- seurs institutionnels (fonds, banques, assu- rances…) à revenir sur le marché crypto, sti- mulés par la sécurité juridique. En face, les startups ont jugé le cadre lourd et coûteux à respecter, contraignant certaines d’entre elles à s’installer dans des pays au dispo- sitif réglementaire plus souple, notamment Dubaï et Singapour. C’est dire que l’UE a certes assaini le marché, mais au prix d’une bureaucratie qui pèse sur la créativité. ◆ oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)

I l aura fallu du temps, beaucoup de prudence et un soupçon de scepticisme pour que le Maroc accepte enfin de donner un visage légal aux cryptoactifs. Longtemps perçues comme des «créatures» insaisissables, à mi-chemin entre innovation technologique et aventure spéculative, ils étaient surveillés sans être encadrés ni reconnus. Aujourd’hui, ce flou artistique appartient au passé : avec un avant-projet de loi pour le moins bien circonscrit, le Royaume tourne la page de l’ambiguïté pour entrer dans l’ère de la régu- lation. C’est un petit pas pour le régulateur, mais un grand bond pour la finance marocaine. L’initiative, menée de concert par le minis- tère de l’Economie et des Finances, Bank Al-Maghrib, l’AMMC et l’UTRF (Unité de trai- tement du renseignement financier), s’inspire des standards internationaux sans jamais se laisser dicter la marche à suivre. Elle est adaptée aux spécificités et enjeux locaux, pragmatique et ancrée dans la souveraineté financière du Royaume. Concrètement, le texte bâtit un écosystème Par D. William

L’UE a certes assaini le marché des cryptoactifs, mais au prix d’une bureaucratie qui pèse sur la créativité.

ÇA SE PASSE AU MAROC

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TPME

Lancement du nouveau dispositif de soutien

L e chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a donné mardi à Errachidia le coup d’envoi du nouveau dispositif de soutien spécifique aux très petites, petites et moyennes entreprises (TPME). Initiée par le ministère de l'Investisse- ment, de la Convergence et de l'Evaluation des politiques publiques, en partenariat avec plu- sieurs acteurs économiques, cette initiative s’ins- crit dans le cadre de la nouvelle Charte de l’inves- tissement visant à stimuler la création d’emplois, réduire les disparités territoriales et améliorer le

Pêche

climat des affaires. Ce dispositif prévoit trois aides principales : à la création d’emplois perma- nents, à l’attractivité territoriale et aux activités prioritaires, pouvant atteindre 30% du montant de l’investissement éligible, cumulables avec les aides régionales. L’événement, placé sous le thème « Le soutien aux entreprises : au cœur de la dynamique nationale de l’investissement », a réuni plusieurs ministres, responsables régionaux et acteurs économiques. À cette occasion, le gouvernement a également lancé les caravanes régionales des Centres régionaux d’inves- tissement, qui parcourront l’ensemble du Royaume pour promouvoir ce nouveau dispositif. ■

Près de 9 Mds de DH de produits commercialisés à fin octobre L es produits commercialisés de la pêche côtière et artisanale ont atteint, en valeur, près de 9 milliards de dirhams à fin octobre 2025, en recul de 3% par rapport à la même période une année auparavant, selon l’Office national des pêches (ONP). Le poids global de ces produits s'est établi à 948.177 tonnes (T), en repli de 14% en glissement annuel, indique l’ONP dans son dernier rapport sur les statis- tiques de la pêche côtière et artisanale au Maroc. Par espèce, la valeur des coquillages a bondi de 1.258%, tandis que celles des algues et du poisson blanc ont progressé respectivement de 27% et 9%. En termes de poids, les coquillages ont enregistré une forte hausse à 409 T, devant les algues (25.143 T) et le poisson blanc (110.920 T). À l'inverse, les pois- sons pélagiques ont diminué de 18% à 757.613 T, les céphalopodes de 16% à 47.469 T et les crustacés de 6% à 6.221 T. Par zone maritime, les ports de la Méditerranée ont connu une hausse de 6% en poids à 13.516 T, et de 3% en valeur à 601,2 millions de dirhams à fin octobre dernier. Les ports atlantiques, pour leur part, ont enre- gistré un repli de 14% en volume à 934.661 T, et de 4% en valeur à environ 8,34 Mds de DH. ■

Habitat

El Mansouri dévoile les performances enregistrées dans le secteur L ’habitat connaît un regain d’activité soutenu par la réforme législative et les programmes gouvernementaux. Selon la ministre Fatima Ezzahra El Mansouri, les ventes de ciment ont progressé de 12,5%, les crédits à l’habitat de 3% et ceux destinés aux promoteurs de

7,58% en un an. Le BTP a généré 74.000 emplois, tandis que les TPME représentent 80% des acteurs du secteur. Le programme Daam Sakane a permis la construction de 90.000 logements subvention- nés, corrigeant les failles des anciens dispositifs comme Villes sans bidonvilles. En milieu rural, 84% des communes disposent désormais de documents d’urbanisme et 12 centres ont été réhabilités. Sur le plan juridique, l’adoption des lois 24-21 et 12-90 modernise les procédures, réduit les délais et encourage l’investissement. ■

Chambre des représentants : La 1 ère partie du PLF 2026 adoptée en commission

L a Commission des finances et du déve- loppement économique à la Chambre des représentants a adopté, mercredi à l’aube, à la majorité (24 voix pour et 10 contre), la première partie du projet de Loi de Finances (PLF) 2026. Sur les 350 amen- dements examinés, 325 ont été proposés par l’opposition, 23 par la majorité et deux par le gouvernement. Selon la présidente de la Commission, Zaina Chahim, les débats se sont déroulés dans un climat serein et

constructif, portant principalement sur les volets douaniers et fiscaux. Elle a salué l’écoute et la réactivité du gouvernement représenté par le ministre délégué au Budget, Fouzi Lekjaa. Pour sa part, la ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah, a souligné que ce PLF traduit le passage d’une logique de résilience post-crise à une crois- sance durable, soutenue par la diversification des sources de richesse et la consolidation des équilibres macroéconomiques. ■

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Point Bourse Hebdo Un ralentissement sans panique

Evolution de l'indice Masi depuis début novembre 2024

La mécanique haussière du marché actions a marqué une pause cette semaine avec un Masi en baisse de 1,87%.

A Par Y . Seddik

près deux semaines de forte reprise, la Bourse de Casablanca a nettement ralenti le rythme. La mécanique haussière du marché actions s’est essoufflée, non pas sur fond de mauvaises nouvelles, mais par simple respiration natu- relle d’un cycle qui alterne phases d’élan et moments de pause. En l’absence de catalyseurs nou- veaux, les investisseurs ont pré- féré verrouiller une partie de leurs gains, libérer un peu de liquidité, et se replacer en position d’at- tente avant certaines opérations sur capital, notamment l’IPO de Cash Plus. Dans une bonne forme ces der- nières semaines, le Masi semblait bien parti pour retenter la barre des 20.000 points. Autour de ce seuil, les prises de bénéfices se sont imposées d’elles-mêmes, sans panique ni désordre. L’indice clôture donc la semaine en baisse de 1,87% à 19.268,4 points, mais reste fermement ancré au-des- sus de ses niveaux de soutien. Rien, à ce stade, ne remet en

cause la dynamique haussière de fond. Tant que les 18.200 points sont préservés, la tendance reste intacte. Le reflux s’est accompagné d’un niveau d’activité convenable, avec 1,16 milliard de dirhams échangés sur le marché central. Les volumes ont été dominés par TGCC (13,2% des échanges), Bank of Africa (11,72%) et Attijariwafa bank (11,21%). Autrement dit, le marché n’a pas tourné au ralenti, mais s’est contenté de respirer. Sur le plan sectoriel, la conso- lidation a surtout concerné les compartiments les plus vola- tils. Les indices Mines (-4,74%), Sylviculture et papier (-4,54%) et Électricité (-4,04%) ont signé les plus fortes baisses, dans le sil- lage d’arbitrages ciblés. À l’in- verse, les secteurs Ingénierie et biens d’équipement industriels (+7,27%), Distributeurs (+0,5%) et Transport (+0,33%) ont mieux résisté, profitant d’un flux d’inté- rêt plus sélectif.

TOP Performances

FLOP Performances

Minière Touissit Balima Résidences Dar Saada

-26,44%

+8,15% +7,9%

Stroc Industrie Rebab Company Microdata

-9,06%

-8,42%

+1,1%

Côté valeurs, la semaine a été contrastée. Minière Touissit a subi une lourde correction (-26,44% à 1.839 DH), tandis que Balima (-9,06%) et Résidences Dar Saada (-8,42%) ont également fortement reculé. Vicenne (-4,78%) et Ennakl (-4,65%) ont, elles aussi, marqué le pas après plusieurs semaines dynamiques. À l’opposé, quelques dossiers ont tiré leur épingle du jeu: Stroc Industrie (+8,15%), Rebab Company (+7,9%) ou encore Microdata (+1,1%) et Label’Vie (+0,99%) ont affiché des progres-

sions notables sur des volumes restreints. Désormais, pour pousser plus haut, le marché aura besoin d’ar- guments frais, à savoir publica- tions de résultats, signaux macro ou annonces sectorielles. La vola- tilité devrait rester modérée dans les prochaines séances, rythmée par les publications du troisième trimestre. En dehors de cela, peu d’éléments majeurs sont à signa- ler. La place casablancaise se stabilise, sans excès, dans un environnement d’attente. ◆

BOURSE & FINANCES

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Al-Maghrib supervisera les émetteurs de jetons adossés à des actifs, notamment les stablecoins. Cette répartition des rôles vise à éviter les che- vauchements et à assurer une supervision adaptée à la nature de chaque produit. «Nous avons pris les standards internatio- naux, mais nous les avons adap- tés à notre contexte», précise Nabil Badr. Un Comité de coordination et de surveillance des risques systé- miques sera mis en place pour suivre les interconnexions entre le marché crypto et le système financier traditionnel, tandis qu’une Association profession- nelle des prestataires servira d’interface entre les acteurs du secteur et les autorités. En parallèle, le texte établit des définitions claires des cryp- toactifs et distingue les jetons utilitaires des jetons adossés à des actifs. Les premiers per- mettront d’accéder à un ser- vice ou à un produit, tandis que les seconds, les stablecoins, seront strictement réservés aux banques et établissements de paiement, sous le contrôle direct de Bank Al-Maghrib. «Nous considérons que les stablecoins sont similaires à des dépôts. C’est pourquoi leur émission doit relever d’ins- titutions financières régulées», explique Badr. Cette disposi- tion vise à éviter toute concur- rence entre les cryptoactifs et les moyens de paiement digi- taux promus par le Royaume, notamment dans le cadre de la stratégie d’inclusion financière. Le projet exclut en revanche les NFT, la finance décentralisée (DeFi), le minage et les mon- naies numériques de Banque centrale (CBDC), jugés encore trop expérimentaux. Il précise aussi que les cryptoactifs ne constituent pas des moyens de paiement légaux. Par ailleurs, le cœur du dispo- sitif repose sur l’agrément obli- gatoire des prestataires de ser- vices sur cryptoactifs (EPSC). Ces acteurs devront disposer d’un siège au Maroc, de fonds propres suffisants, d’un dispo-

 Après plusieurs années de réflexion, les régulateurs dévoilent les contours d’un cadre légal pour les cryptoactifs.

Cryptoactifs Le Maroc passe du «no man’s land» à un marché régulé F Avec un avant-projet de loi dense et structurant, le Maroc acte la fin de l’ambiguïté. Les cryptoactifs entrent dans un cadre réglementaire clair, porté par un double pilotage AMMC-Bank Al-Maghrib, un régime d’agrément pour les plateformes et des garde-fous AML/ CFT alignés sur les standards du GAFI. Éclairage. Par Y. Seddik lorsqu’ils utilisent ces actifs ?» , explique-t-il. Cette réflexion a conduit les autorités à bâtir un cadre légal, non pas pour freiner l’innovation, mais pour mieux canaliser un phénomène déjà massif. Selon les estimations de Chainalysis, le Maroc figure parmi les 25 premiers pays utilisateurs de cryptoactifs dans le monde, et premier en Afrique du Nord.

ruit d’un travail conjoint entre le ministère de l’Économie et des Finances, Bank Al-Maghrib, l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) et l’Unité de traitement du renseigne- ment financier (UTRF), l’avant- projet de loi sur les cryptoac- tifs a bénéficié de l’appui de la Banque mondiale et s’aligne sur les meilleures pratiques inter- nationales, du règlement MiCA européen aux recommanda- tions du GAFI, du FSB et du FMI. Lors de la 9 ème Conférence mondiale sur les finances cri- minelles et les cryptoactifs, coorganisée par Europol et le Basel Institute on Governance

et accueillie par l’ONU à Vienne, Nabil Badr, directeur adjoint de la Supervision bancaire à Bank Al-Maghrib, a expliqué com- ment le Maroc est passé de la prudence à l’action. «Depuis 2017, nous observons un fort intérêt pour les cryp- toactifs, avec un usage crois- sant dans certaines catégories de la population», a-t-il rappe- lé. «Le défi, pour nous régula- teurs, a été de répondre à deux questions : comment protéger le système financier contre les risques de blanchiment et de financement du terrorisme ? Et comment protéger les consom- mateurs, en l’absence d’auto- rité qui garantisse leurs droits

Une architecture réglementaire inédite

Le projet de loi repose sur une architecture duale. L’AMMC encadrera les émissions, offres au public et négociations de cryptoactifs, tandis que Bank

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sitif de contrôle interne et de diri- geants expérimentés. Les demandes seront instruites par l’AMMC dans un délai maximum de 120 jours, avec la possibilité de restreindre ou retirer l’agrément en cas de manquement. Ce cadre, selon Badr Bellaj, cofon- dateur de Mchain, «constitue une étape majeure pour créer un éco- système crypto marocain crédible, adossé à la transparence et à la confiance» . Il salue aussi la création d’un environnement prévisible pour les entrepreneurs en précisant que «ce texte donne un statut légal aux acteurs du secteur; il leur permet d’opérer à visage découvert. C’est essentiel pour attirer les talents et les investisseurs» .

fonds propres, les obligations de reporting et les modalités de coopé- ration entre BAM et l’AMMC. Pour Nabil Badr comme pour Badr Bellaj, cette loi marque une avancée d’un pays qui assume la transforma- tion numérique tout en préservant sa souveraineté financière. Le Maroc ne copie pas, il adapte. Ainsi, la «MiCA marocaine» se veut pragmatique et souveraine, fidèle à une philosophie simple, à savoir réguler pour proté- ger, innover pour avancer. ◆

Le volet anti-blanchiment de l’avant-projet de loi introduit pour la première fois au Maroc la Travel Rule.

sans céder à l’enthousiasme aveugle. Les cryptoactifs auront désormais droit de cité, mais dans un cadre strict, transparent et ali- gné sur les standards mondiaux.

La période transitoire de 18 mois prévue par le texte permettra aux acteurs existants de se mettre en conformité. D’ici là, les décrets d’ap- plication préciseront les seuils de

AML/CFT : une conformité de haut niveau

De son côté, le volet anti-blanchi- ment du projet de loi introduit pour la première fois au Maroc la Travel Rule, qui impose aux prestataires d’identifier l’expéditeur et le bénéfi- ciaire de chaque transfert de cryp- toactifs. Les acteurs devront conser- ver les données pendant dix ans, déclarer les opérations suspectes et coopérer avec l’UTRF et leurs homo- logues étrangers. Le texte transpose aussi un régime complet de prévention des abus de marché, incluant la lutte contre la manipulation de cours, les opéra- tions d’initiés et la diffusion d’infor- mations trompeuses. Les sanctions prévues vont du retrait d’agrément à des pénalités financières et des peines pénales pour les cas les plus graves. Pour Nabil Badr, «la crypto est par nature sans frontières, et c’est ce qui en fait un défi pour tous les superviseurs. Il est donc essentiel d’y intégrer les exigences AML dès la conception du cadre». Au-delà de la technique, le texte porte une ambition culturelle qui est de changer le regard porté sur les cryptoactifs. Longtemps perçus comme un outil spéculatif ou un risque, ils deviennent ici un levier de modernisation. « Ce projet de loi est une reconnaissance implicite de l’économie numérique marocaine» , estime Bellaj, précisant qu’ «il ouvre un espace régulé où innovation et conformité peuvent coexister». Le Maroc trace ainsi une ligne médiane entre ouverture et contrôle,

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Cryptoactifs «Le Maroc tourne la page de l’interdiction pour entrer dans l’ère de la régulation»

F. N. H. : Peut-on dire que le Maroc s’aligne sur les standards internationaux en matière de crypto-régula- tion ? B. B. : Oui, tout à fait. Le Maroc s’aligne sur les recomman- dations du GAFI, notamment la recommandation n°15, qui impose l’agrément et la surveil- lance des opérateurs de cryp- toactifs, ainsi que la mise en œuvre de règles contre la fraude et le financement du terrorisme. Le texte introduit aussi la «Travel Rule» , qui oblige à tracer les transferts entre prestataires de services crypto, comme cela se fait déjà en Europe ou aux États- Unis. Par ailleurs, la loi s’inspire direc- tement du règlement MICA euro- péen, dont certaines dispositions ont été reprises quasi mot pour mot. F. N. H. : En quoi l’approche marocaine se distingue-t- elle de celle d’autres pays ? B. B. : Le Maroc reprend lar- gement l’approche européenne, mais avec quelques adaptations. D’abord, il refuse de considérer les cryptoactifs comme moyens de paiement. Contrairement à l’Europe, il n’existe donc pas au Maroc de catégorie de «jetons de paiement». Ensuite, le texte ne fait pas de distinction entre les portefeuilles privés (auto-héber- gés) et ceux des plateformes, alors que c’est le cas dans l’Union européenne. Le projet marocain reste aussi plus généraliste : il ne traite pas en détail des stablecoins, contrairement aux États-Unis ou à l’Europe. Les Américains, par exemple, encouragent l’usage des stablecoins comme monnaies quasi officielles; une approche jugée trop audacieuse pour le Maroc. Enfin, contrai- rement au Royaume-Uni ou au Canada, aucun plafond de déten- tion en crypto n’a été introduit. En somme, on peut dire que le Maroc s’inspire des meilleures pratiques internationales, tout en adaptant la régulation à sa propre réalité économique et technologique. ◆

Après des années d’hésitation, le Maroc s’engage sur la voie de la régulation des cryptoactifs, un marché jeune mais impossible à ignorer. Entretien avec Badr Bellaj, expert en Blockchain et cryptomonnaies et cofondateur de «Mchain».

Propos recueillis par Y. Seddik

Finances News Hebdo : Pourquoi le Maroc a-t-il jugé nécessaire de se doter aujourd’hui d’un cadre légal pour les cryptoactifs, et quels risques ce texte cherche-t-il à encadrer ? Badr Bellaj : Pour plusieurs rai- sons. D’abord, l’adoption crois- sante des cryptoactifs par les Marocains. Le pays compte une population jeune, très exposée aux nouvelles technologies. Des études indépendantes, notam- ment de Chainalysis, estiment qu’entre 2023 et 2024, près de 12,7 milliards de dollars d’échanges de cryptoactifs ont eu lieu au Maroc, qui se classe 24 ème au niveau mondial (il était 20 ème quelques années auparavant). Autrement dit, il existe une acti- vité crypto bien réelle, même si sa taille exacte peut être débattue. Les autorités ont constaté que l’interdiction de facto- plus proche d’une mise en garde qu’une prohibition totale- n’a pas donné de résultats. Elle a même eu un effet pervers : la création d’un marché noir informel. Deuxième facteur : le change- ment de posture à l’échelle inter- nationale. De nombreuses auto- rités, autrefois hostiles, adoptent

aujourd’hui une approche d’inclu- sion et de régulation. L’Europe, par exemple, a mis en place le règlement MICA (Markets in cryp- to-assets), qui inspire fortement le texte marocain. On peut dire que cette loi est en quelque sorte une «MICA marocaine», en ver- sion miniaturisée. Enfin, il y a les recommanda- tions d’instances internationales, notamment le GAFI (Groupe d’ac- tion financière). La recomman- dation n°15 demande aux pays d’évaluer les risques de blanchi- ment liés aux actifs numériques et de soumettre les prestataires à un agrément et une supervision. Ce sont des principes repris dans le texte marocain. En résumé, cette loi vise à ren- forcer l’intégrité des marchés, à lutter contre la fraude, le blan- chiment et le financement du terrorisme, à préserver la stabi- lité financière, et à protéger les consommateurs.

F. N. H. : En quoi ce projet de loi pourrait-il changer la per- ception des cryptoactifs au Maroc, longtemps associés à l’informel ou à des usages non régulés ? B. B. : C’est avant tout un change- ment de position officielle. Avec ce texte, l’État reconnaît les cryptoac- tifs comme des actifs financiers légaux. Cela bouleverse la percep- tion dominante qui les associait à la marginalité ou à la fraude. La loi encadrera précisément comment acheter, vendre, détenir ou trans- férer des cryptoactifs. Cela don- nera confiance à une partie des Marocains (particuliers comme entreprises) qui restaient en retrait faute de cadre clair. Cette clarification juridique pour- rait alors accélérer l’adoption des cryptos et stimuler l’innovation financière, notamment dans les domaines des paiements ou des transferts transfrontaliers, où la demande est forte.

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transactionnel. Cette proximité géographique constitue un pilier du modèle Cash Plus, qui com- bine performance opérationnelle et inclusion sociale.

Une transition digitale accélérée

Cash Plus s’apprête à franchir un nouveau cap dans sa transfor- mation digitale avec le lancement d’une Super App intégrant l’en- semble de ses services financiers. L’application actuelle, Cash Plus Mobile, compte déjà 1,3 million d’utilisateurs. Le groupe mise sur sa filiale technologique Mobilab pour accélérer cette mutation. Sans être formellement classée comme fintech, l’entreprise opère comme un acteur financier hau- tement numérisé, capable de concurrencer les acteurs techno- logiques du secteur. Les actions issues de l’IPO don- neront droit à dividende dès 2026 (au titre de 2025), avec un divi- dende par action estimé à 8,9 dirhams, correspondant à un ren- dement de 4,4% sur la base du prix d’introduction - bien supérieur à la moyenne du marché (2,7%). Le groupe prévoit un taux de dis- tribution de 85% de son résultat net consolidé entre 2025 et 2030, tout en maintenant une politique de financement équilibrée. Ce profil hybride, alliant crois- sance, rendement et visibilité, confère à Cash Plus une place singulière parmi les introduc- tions récentes à la Bourse de Casablanca. Pour BMCE Capital Global Research, cette combinai- son justifie un niveau de valorisa- tion élevé pour une IPO, à 20,7x les bénéfices 2025 estimés. ◆

 Nabil Amar, PDG de Cash Plus

Cash Plus Les analystes à l’achat

BMCE Capital Global Research (BKGR) recommande de souscrire à l’introduction en Bourse de Cash Plus au prix proposé de 200 dirhams par action, estimant un cours cible de 254 dirhams, soit un potentiel de hausse de +27%. Par A. Hlimi

C

ette valorisation repose sur une approche par Discounted Dividend Model (DDM) et traduit, selon les analystes, la solidité du modèle économique et des pers- pectives du groupe. Le PER cible ressort à 22,3x en 2025 et 17,5x en 2026, en ligne ou en dessous des multiples de marché (22,6x et 21,3x respectivement). Créé en 2004 et agréé en tant qu’établissement de paiement par Bank Al-Maghrib en 2019, Cash Plus s’est imposé comme un acteur intégré des services finan- ciers et de proximité. Son offre couvre les transferts nationaux et internationaux, le change de devises, le paiement de factures ainsi que la gestion de comptes de paiement (M-Wallet). Le groupe joue un rôle central dans la démocratisation des services financiers auprès des particuliers et des entreprises, participant activement à l’inclusion financière au Maroc.

L’introduction en Bourse de Cash Plus intervient dans un environ- nement porteur, marqué par la hausse des transferts des MRE, la bonne dynamique touristique et la digitalisation accrue des services financiers. Le développement des établissements de paiement et la croissance soutenue des comptes M-Wallet renforcent le positionne- ment du groupe, notamment dans les flux entre l’État et les citoyens,

un segment à fort potentiel de croissance. Avec près de 5.000 points de service à fin juin 2025, Cash Plus dispose d’un maillage territorial dense, clé de son avantage com- pétitif. Sa stratégie de développe- ment vise à accroître la couverture dans les zones rurales et semi- urbaines, tout en consolidant sa présence dans les grandes agglomérations à fort volume

EN BREF

Immobilier

Résidences Dar Saada décroche le gros lot dans le marché du recasement de Marrakech L e groupe immobilier coté Résidences Dar Saada (RDS) a été retenu, sous réserve, dans le cadre de l’appel à manifestation d’intérêt relatif à la

mandes déjà solide, notamment après l’obtention d’un programme de plus de 10.300 logements sociaux à Casablanca, pour une valeur totale de 2,6 milliards de dirhams. À fin septembre, le management du groupe présentait l’AMI de Marrakech comme «une opportunité majeure pour renforcer notre engagement dans le secteur du logement social et poursuivre notre plan stratégique sur les prochains exercices».

mise à disposition de logements destinés au reloge- ment des ménages résidant dans les noyaux insa- lubres de Marrakech. Selon les résultats publiés, la filiale Saada X a décro- ché 7.773 unités, tandis que Résidences Dar Saada a obtenu environ 7.650 unités. Ce nouveau marché vient renforcer un carnet de com-

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organisme sous sa tutelle qui se rejettent la balle.

Et la jeunesse dans tout ça ? L’affaire aurait pu rester un simple désaccord technique si elle ne touchait pas à un secteur aussi stratégique que la forma- tion professionnelle, au cœur du projet royal de modernisation du capital humain. Car derrière les tensions bureaucratiques, c’est le fonctionnement même du programme des Cités des Métiers et des Compétences (CMC) qui s’en trouve ralenti. Ces structures, voulues par le Roi Mohammed VI, incarnent l’ambition d’un Maroc formant des jeunes compétents, adap- tés aux besoins de l’économie moderne. Le communiqué de l’OFPPT révèle que le programme des CMC a connu «14 mois d’in- terruption, faute de réunion du comité de pilotage» . Ce n’est qu’après l’intervention directe de la Primature et du ministère des Finances que le projet a repris, permettant l’ouverture de nouvelles Cités à Dakhla-Oued Eddahab, Marrakech-Safi et Guelmim-Oued Noun. Sans ces arbitrages au sommet, la dyna- mique aurait pu s’enliser. Comment ne pas voir dans cette situation un paradoxe ? La feuille de route pour la formation pro- fessionnelle a été présentée en grande pompe en 2019, et devait constituer l’un des leviers majeurs de l’insertion des jeunes et de la compétitivité des entre- prises. Alors que le Maroc y investit massivement, les que- relles administratives risquent d’en neutraliser les effets et d’impacter les chances de mil- liers de jeunes d’intégrer le mar- ché du travail. Le Roi lui-même n’a cessé de souligner la centralité de ce chantier. «Je ne me lasserai jamais de mettre en avant le rôle de la formation professionnelle, du travail manuel dans l’insertion des jeunes», a-t-il déclaré dans son discours du 20 août 2019. Et d’ajouter que «la promotion de la formation professionnelle est désormais une nécessité impé-

 Selon l’OFPPT, le programme des CMC a connu «14 mois d’interruption, faute de réunion du comité de pilotage».

Formation professionnelle Vacarme bureaucratique ! I Le torchon brûle entre l’OFPPT et le ministère de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences. Au centre de la discorde, la gestion des bourses attribuées aux stagiaires. Au-delà, se posent la cohérence et l’efficacité du pilotage des politiques publiques en matière de formation professionnelle. Par F. Ouriaghli

l est des tensions administra- tives qui, à force de non-dits et de communiqués feutrés, finissent par éclabousser l’effi- cacité de l’action publique. Celle qui oppose aujourd’hui Loubna Tricha, Directrice générale de l’Office de la formation profes- sionnelle et de la promotion du travail (OFPPT), à son ministre de tutelle, Younes Sekkouri, en est l’illustration parfaite. Motif du différend : la gestion des bourses attribuées aux stagiaires. En effet, le 8 novembre, un com- muniqué au ton inhabituelle- ment ferme de l’OFPPT a jeté un pavé dans la mare. L’institution publique y exprime sa «grande stupéfaction» face aux décla- rations du ministre, qui l’aurait accusée de retards dans la ges-

tion des bourses et promettait un «profond réajustement admi- nistratif». Tricha réplique alors point par point, chiffres à l’ap- pui : « (…) Entre 2018 et 2022, un écart financier significatif a été constaté entre les transferts prévus et les montants effec- tivement versés, ce qui a créé une forte pression financière sur l’OFPPT. L’Office a dû mobiliser ses res- sources propres pour garan- tir la continuité du versement des bourses aux stagiaires». En outre, entre 2017 et 2025, au total 968 millions de dirhams ont été versés aux stagiaires, dont 296 millions, soit environ 30%, prélevés sur les ressources propres de l’OFPPT. L’Office, dit-elle, a comblé les retards de

financement d’un ministère sou- vent lent à transférer les crédits budgétaires et à valider les listes de bénéficiaires. Dans ce cadre, poursuit-elle, «pour l’exercice 2025, bien que le Conseil d’ad- ministration ait validé le budget en avril, l’OFPPT n’a reçu aucun versement avant le 7 novembre, soit un retard de quatre mois, sur un montant global de 500 millions de dirhams destiné à exécuter le programme annuel de l’Office, estimé à 1,5 milliard de dirhams». Le ton est poli, mais le message limpide : si dysfonctionnements il y a, ils viennent d’en haut, pas d’en bas. En creux, c’est tout un modèle de gouvernance administrative qui est mise à mal, avec un ministère et un

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tant la nature des formations du capital travail aux besoins réels du tissu productif, l’ANAPEC oriente, met en relation et accompagne l’in- sertion. Ils sont ainsi au cœur de l’action publique visant à réduire le gap entre formation et emploi, et en consé- quence le taux de chômage. C’est dire que lorsque l’un des maillons se grippe, c’est la chaîne entière de l’insertion professionnelle qui s’en- raie. ◆

rieuse, non seulement pour créer de nouveaux emplois, mais aussi pour mettre le Maroc en capacité de rele- ver les défis de la compétitivité éco- nomique…» . Ces paroles ont d’autant de portée que les dysfonctionnements actuels donnent le sentiment d’un gâchis collectif. Le Roi parlait de «néces- sité impérieuse» , alors qu’en face, la machine administrative, au lieu de servir cette ambition nationale, s’en- lise dans ses propres pesanteurs. Cette tension entre la direction de l’OFPPT et le ministère de tutelle illustre un mal bien connu de l’Admi- nistration marocaine : la difficulté à faire dialoguer les institutions. Entre les services centraux, les agences autonomes et les départements ministériels, les logiques de coor- dination se heurtent souvent à des égos, des rivalités, voire des calculs politiques. Younes Sekkouri, à la tête d’un por- tefeuille tentaculaire qui regroupe Inclusion économique, Petite entre- prise, Emploi et Compétences, est dans une posture de pilotage trans- versal, avec de nombreux chantiers prioritaires. En face, Loubna Tricha défend un établissement qui «exerce ses missions avec transparence et rigueur, dans le strict respect des procédures financières et adminis- tratives» et qui «refuse d’être entraî- né dans des polémiques politiques ou des justifications inexactes». Son communiqué, à la fois institutionnel et offensif, marque une rare fermeté, pour ne pas dire agressivité à l’égard d’une tutelle ministérielle. Un secteur sous tension Le cas Tricha-Sekkouri n’est d’ail- leurs pas isolé. En juin dernier, Imane Belmaati, Directrice générale de l'Agence nationale de promotion de l'emploi et des compétences (ANAPEC), a été limogée quatorze mois seulement après sa nomination. Une révocation actée par le chef de gouvernement, sur proposition de Sekkouri, au motif de manquements dans la mise en œuvre de la feuille de route stratégique de l’Agence. De l’ANAPEC à l’OFPPT, le constat est donc le même : ces dossiers interrogent le modèle de gouver- nance des politiques publiques. Et ont ceci de commun qu’ils ont des incidences sur le marché du travail.

Cette tension entre la direction de l’OFPPT et le ministère de tutelle illustre un mal bien connu de l’Administration marocaine : la difficulté à faire dialoguer les institutions.

En effet, dans un pays où le taux de chômage s’établit à 13,1% au troi- sième trimestre 2025 (1.629.000 per- sonnes au niveau national) et atteint 38,4% parmi les jeunes âgés de 15

à 24 ans et 19% chez les diplômés, ces deux établissements constituent des leviers majeurs de l’insertion professionnelle des jeunes. Quand l’OFPPT prépare et qualifie en adap-

L'ESSENTIEL

Provinces du Sud

L’OFPPT intensifie son dispositif de formation

L a Directrice générale de l’Office de la forma- tion professionnelle et de la promotion du tra- vail (OFPPT), Loubna Tricha, a dévoilé mardi à Laâyoune les nouveautés du dispositif de formation dans les provinces du Sud. Organisée à la Cité des Métiers et des Compétences (CMC) de Laâyoune-Sakia El Hamra, la rencontre a mis en avant les grands projets menés au cours de la dernière décennie. Tricha a rappelé que la formation professionnelle consti- tue un pilier central de ce modèle, favorisant l’emploi, la valorisation du capital humain et la compétitivité territo- riale. Elle a cité plusieurs réalisations phares : l’Institut spécialisé de technologie appliquée (ISTA) de Laâyoune (1.200 places, 33 MDH), l’Institut des métiers des éner- gies renouvelables de Tarfaya (530 places, 64,3 MDH) et l’Institut de l’hôtellerie et du tourisme de Dakhla (507 places, 42,5 MDH). D’autres projets d’extension sont en cours, notamment à Boujdour, Tan-Tan et Guelmim, mobilisant 139,5 MDH d’investissement. L’OFPPT poursuit également la créa- tion des Cités des Métiers et des Compétences : celle de Laâyoune (2.000 places, 46 filières) a ouvert en 2022,

celle de Dakhla (1.400 places, 33 filières) sera opération- nelle en 2025 et celle de Guelmim (660 places) ouvrira à la mi-janvier 2026. Ces trois structures représentent un investissement global de 784 MDH. Le réseau de l’OFPPT dans les provinces du Sud com- prend désormais 16 établissements, trois CMC, cinq centres en milieu pénitentiaire et un Centre national Mohammed VI des handicapés. Pour l’année 2025-2026, il accueille 22.233 stagiaires répartis sur 76 filières diplô- mantes, 56 qualifiantes et deux parcours professionnali- sants, adaptés aux besoins du marché du travail. ◆

Tourisme

Naif Al-Rajhi Investment Group s’allie au Maroc pour développer la Cité de la Méditerranée à Tanger

E n marge de la 26 ème session de l’Assemblée générale d’ONU Tourisme à Riyad, Fatim-Zahra Ammor, ministre du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Economie sociale et solidaire, et Imad Barrakad, Directeur général de la Société marocaine d’ingénie- rie touristique (SMIT), ont procédé à la signature d’un mémorandum d’entente avec le groupe saoudien Naif Al-Rajhi Investment, portant sur le développement de la Cité de la Méditerranée à Tanger, pour un investissement d’environ 250 millions de dirhams. Identifiée parmi les projets locomotives de la feuille de route du tourisme 2023–2026, cette Cité comprendra un complexe d’animation et de loisirs haut de gamme, intégrant des composantes commerciales, culturelles et de divertissement. Ce projet contribuera à la création de 200 emplois directs et de nombreux emplois indirects, à la valorisation du littoral tangérois et à la consolidation du positionnement de Tanger comme destination touris- tique internationale de premier plan, tout en renforçant le rayonnement de la région Tanger–Tétouan–Al Hoceima.

Dans ce cadre, le département du Tourisme, à travers la SMIT, accompagnera l’investisseur afin d’assurer la bonne exécution du projet et son alignement avec la stratégie nationale de développement touristique durable. Au-delà de cet accord, les deux parties ont convenu d’explorer de nouvelles perspectives d’inves- tissement touristique, notamment dans le secteur de l’hôtellerie haut de gamme et d’autres segments à fort potentiel, confirmant ainsi l’intérêt croissant des opéra- teurs saoudiens pour le marché marocain. ◆

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