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ECONOMIE

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 13 NOVEMBRE 2025

nées aux startups de la tech présentes au Maroc. Le cam- pus de l’AFD, basé à Marseille, travaille aussi avec l’université Mohammed VI Polytechnique pour développer les compé- tences, encourager l’innova- tion et soutenir les incuba- teurs. F. N. H. : Quels ins- truments innovants déployez-vous actuelle- ment au Maroc ? S. K. : Je plaisante souvent en disant que nous ne sommes jamais très innovants, car nous restons des banquiers, mais nous disposons pourtant déjà d’une palette d’outils diversi- fiée. Au-delà du financement de projets, nous intervenons au niveau des politiques publiques, un levier essentiel pour créer un environnement favorable au développement. Ces dernières années, nous avons par exemple accompa- gné un financement budgétaire dédié au budget sensible au genre, pour favoriser l’emploi et l’entrepreneuriat féminin. Nous préparons actuellement un nouveau prêt budgétaire consacré à l’eau et à l’irri- gation, domaine stratégique pour le Maroc. L’objectif reste constant : toucher au plus près les acteurs de terrain et géné-

 Le Directeur général de l’AFD, Rémy Rioux, (au centre) a effectué une mission officielle dans les régions de Laâyoune- Sakia El Hamra et Dakhla- Oued Eddahab en mai 2025.

rer des impacts tangibles pour les populations.

partage d’expériences et aux partenariats avec les entre- prises marocaines souhaitant travailler dans d’autres pays africains. Certaines d’entre elles n’ont pas nécessaire- ment besoin de notre appui direct, mais d’autres peuvent en bénéficier. Nous collabo- rons notamment avec l’OCP et l’UM6P autour de programmes liés à la sécurité alimentaire, à la souveraineté alimentaire et à l’intégration des agricultures africaines dans les chaînes de valeur mondiales. Ces ini- tiatives convergent avec de nombreux programmes que

nous soutenons déjà sur le continent.

F. N. H. : Le Maroc se projette de plus en plus sur le continent. Existe- t-il des synergies entre l’AFD et les entreprises marocaines en Afrique ? S. K. : À l’AFD, nous croyons fermement à l’importance d’une intégration africaine plus forte. Le développement passe par des acteurs nationaux et régionaux solides, capables de proposer des solutions adaptées aux réalités locales. Nous sommes ouverts au

F. N. H. : Les boulever- sements politiques en Afrique de l’Ouest et au Sahel ont-ils des consé- quences sur vos activités ? S. K. : En tant qu’opérateur public, nous évoluons parfois sur des temporalités diffé- rentes de celles des relations diplomatiques. Dans certains pays du Sahel central, il a été décidé de suspendre la coo- pération au développement, entraînant l’arrêt de nos acti- vités. Cette suspension se fait cependant de manière ordon- née, afin d’assurer une clô- ture correcte des projets et de préserver la possibilité de reprise lorsque les conditions politiques le permettront. Nous restons un acteur de long terme et nous nous atta- chons à maintenir le lien. En République centrafricaine, par exemple, nous avons réussi à garder notre agence ouverte malgré les crises. Aujourd’hui, nous travaillons à consolider la paix. Pour les pays actuel- lement en suspension, notre priorité est de gérer correcte- ment les engagements exis- tants et de préserver la rela- tion afin de rouvrir le champ de la coopération lorsque le contexte le permettra, au bénéfice des populations. ◆

L’Agence française de développement est aujourd’hui le premier partenaire bilatéral du Royaume. Son engagement repose sur une enveloppe d’environ 3,5 milliards d’eu- ros, mobilisée au service des grandes priorités nationales. L’AFD accompagne notamment la réduction des inégali- tés territoriales et sociales, l’amélioration de l’accès aux services essentiels et la modernisation d’infrastructures durables. Elle soutient également les politiques publiques en faveur de l’emploi et de l’entrepreneuriat, en particulier celui des femmes, ainsi que les initiatives allant vers la transition climatique et l’adaptation aux effets du change- ment global. L’action du groupe s’exerce à travers ses trois composantes : l’AFD, dédiée au secteur public; Proparco, qui appuie le sec- teur privé et favorise la prise de risque via des mécanismes financiers adaptés; et Expertise France, chargée de la coo- pération technique. Cette organisation permet de proposer un accompagnement à la fois financier, institutionnel et Les actions de l’AFD au Maroc

opérationnel, capable d’adresser des enjeux allant de la décarbonation d’acteurs industriels majeurs aux projets d’innovation portés par les startups. Dans les Provinces du Sud du Royaume, l’AFD œuvre à la modernisation de ports artisanaux, à l’élaboration de programmes de déve- loppement local et au renforcement de l’accès à l’eau, à la santé et aux services sociaux, au plus près des besoins des populations.

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