ECONOMIE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 13 NOVEMBRE 2025
Coopération «La relation économique franco-marocaine entre dans une nouvelle dynamique»
Autant de positions qui lui ont permis d’observer les évolu- tions du continent sous diffé- rents angles. L’enseignement occupe une place importante dans son approche. L’auteur enseigne depuis un peu plus de 15 ans à Sciences Po Paris et à l’ES- SEC, notamment ici à Rabat. Au total, il a formé un peu plus de 1.000 étudiants, venus du Maroc, du Kenya, d’Afrique du Sud, de Côte d’Ivoire, mais aussi d’Inde, de Chine, du Japon, des États-Unis ou d’Europe. Une expérience qui lui profère une vision compa- rative rare, nourrie de regards croisés. S’il refuse de distinguer artifi- ciellement «étudiants africains» et «non-africains» , il observe «des similitudes» et «des dif- férences» entre eux, qui ne suivent pas forcément les frontières géographiques. Ce constat nourrit son intuition : la compréhension de l’Afrique passe par la reconnaissance de sa pluralité. Un moment décisif Par-delà les chiffres et les cycles, l’auteur souligne que le continent traverse des muta- tions plus profondes (politiques, sociales, technologiques). L’Afrique se trouve aujourd’hui «à un carrefour de son his- toire». Le chemin qu’elle choi- sira influencera durablement son avenir, mais également celui du monde, et notamment de l’Europe, engagée elle aussi dans une réflexion sur sa sou- veraineté. En conjuguant expériences de terrain, responsabilités institu- tionnelles et regard pédago- gique, «Ce qu’attend l’Afrique: ressources locales, tensions mondiales» propose une lec- ture nuancée d’un continent trop souvent ramené à un récit unique. Un ouvrage qui invite, sans emphase ni simplification, à considérer l’Afrique telle qu’elle se déploie : diverse, complexe, et engagée dans des transfor- mations profondes. ◆
Un an après la reprise du dialogue politique entre Rabat et Paris, les relations économiques entre les deux pays connaissent un nouvel élan. En marge du Forum Choiseul Africa, Benoît Chervalier, vice-président Afrique du Medef, analyse cette dynamique et livre son regard sur les opportunités de coopération en Afrique, l’intérêt croissant pour les Provinces du Sud et les perspectives industrielles autour des énergies renouvelables.
Propos recueillis par R. Mouhsine
Finances News Hebdo : Depuis la normalisation des relations politiques, comment jugez-vous l’évo- lution des relations écono- miques entre le Maroc et la France ? : Indépendamment du contexte politique, les entreprises fran- çaises et marocaines ont tou- jours continué à travailler ensemble. Le courant d’affaires ne s’est jamais interrompu. Ce qui change aujourd’hui, c’est l’inscription de cette relation dans une dynamique renouvelée, portée par un climat politique plus propice. Nous observons un mouvement positif, guidé à la fois par la reprise institutionnelle et par la nécessité, pour chacun, de diversifier ses partenaires dans un contexte géopolitique extrêmement complexe et par- fois inflammable. Benoît Chervalier Ce contexte incite les pays à ne pas dépendre d’un seul par- tenaire. La diversification n’em- pêche pas l’établissement de relations stratégiques. J’aime
définir la souveraineté comme la capacité à choisir ses dépen- dances. Certaines activités doivent être contrôlées de bout en bout, parce qu’elles sont vitales. D’autres peuvent être partagées par un nombre limité de partenaires privilégiés. C’est dans cette catégorie, selon moi, que s’inscrit majoritairement la relation franco-marocaine, même si, sur certains secteurs, elle s’apparente aussi à une logique plus ouverte. Ce qui la caracté- rise surtout, c’est sa profondeur. F. N. H. : Paris encourage désormais les entreprises françaises à investir au Sahara. La récente résolu- tion de l’ONU consacrant le plan d’autonomie maro- cain renforce-t-elle leur confiance ? B. Ch. : Cette décision est avant
tout politique. Les entreprises françaises se sont simplement alignées sur la position exprimée l’an dernier par les autorités fran- çaises. La résolution des Nations unies du 31 octobre 2025 vient conforter à la fois la position marocaine et le choix opéré par la France. Elle renforce ainsi la lisibilité du cadre et offre un signal positif aux investisseurs. F. N. H. : Le Maroc se déploie fortement en Afrique. Dans le même temps, la France traverse une période difficile dans une partie de l’Afrique de l’Ouest et au Sahel. Le Maroc peut-il devenir une plateforme de relais ? B. Ch. : Il faut d’abord rappe- ler qu’il n’y a pas une Afrique, mais des Afriques. Cinquante- quatre pays, autant de réalités
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