FNH N_ 1215

DEVELOPPEMENT DURABLE 32

FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 13 NOVEMBRE 2025

en être la troisième. En Afrique, les sécheresses prolongées et la recrudescence des tempêtes tropicales menacent la sécurité alimentaire de millions de per- sonnes. Dans les petits États insulaires du Pacifique et des Caraïbes, la montée du niveau des mers fait planer la menace d’une disparition pure et simple de territoires entiers. «Les pays qui subissent le plus lourd tribut sont ceux qui ont le moins contribué à la crise», a rappelé Inger Andersen, direc- trice exécutive du Programme des Nations unies pour l’envi- ronnement (PNUE). L’Afrique représente moins de 4% des émissions globales, tandis que les petits États insulaires contri- buent à moins de 1%. Pourtant, ces régions sont en première ligne face aux pertes et dom- mages climatiques. Lors de la COP29 à Bakou en Azerbaïdjan, les pays dévelop- pés s’étaient engagés à mobili- ser 300 milliards de dollars par an d’ici 2035, triplant ainsi l’ob- jectif précédent. Une promesse ambitieuse, mais encore fra- gile. À Belém, les négociations s’annoncent tendues : comment garantir la pérennité du fonds «Pertes et dommages» , adopté lors de la COP28 à Dubaï, et transformer les promesses en réalisations concrètes ? Les experts plaident pour un nouveau contrat de confiance entre Nord et Sud, fondé sur la solidarité et la redevabilité. Car au-delà des montants, c’est la gouvernance même du finance- ment climatique qui est en jeu. Le Maroc joue sa partition Face à cette urgence, tous les pays doivent présenter leurs nouvelles ambitions en matière de réduction d’émissions de gaz à effet de serre. Les contri- butions déterminées au niveau national (CDN) serviront à éva- luer les progrès réalisés à date et envisager les émissions sus- ceptibles d’être évitées au vu des programmes de transition énergétique des différents pays.

 La CDN 3.0 du Maroc ambitionne de réduire de 53% les émissions de GES d’ici 2035.

COP30 à Belém

Une planète à bout de souffle dans l’attente d’actions concrètes Par Désy M. D À l’heure où la planète étouffe sous les records de chaleur, la conférence de Belém s’impose comme un tournant pour rétablir l’équité climatique et sauver le multilatéralisme environnemental. Objectif utopique ou réalité atteignable ? Détails.

ix ans après l’Accord de Paris, le constat est impla- cable : les promesses n’ont pas été tenues. Tandis que le thermomètre mondial affiche +1,55 °C au-dessus de l’ère préindustrielle, un record his- torique selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), les inégalités clima- tiques se creusent. Et c’est au cœur de l’Amazonie, à Belém au Brésil, que 191 pays tentent à nouveau de réconci- lier justice et action climatique, lors de la 30 ème Conférence

des parties à la convention- cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP30) qui se tient du 10 au 21 novembre 2025. Lors du sommet des Chefs d’Etat en préparation de cette COP, les gouvernements ont assuré que «l’heure est venue de passer des paroles aux actes». Le but est d’avancer sur de nombreux fronts : atténua- tion, financement climat, adap- tation, bilan mondial, pertes et préjudices. Des défis de taille qui rencontrent, de surcroît, une montée en flèche du cli- matoscepticisme orchestré par Donald Trump, conduisant prin- cipalement au retrait des USA de l’Accord de Paris. L’absence du Président américain à ces assises a suscité des réac-

tions en chaîne, interrogeant sur la capacité à financer la lutte contre le changement cli- matique, avec un Washington qui figure parmi les principaux pollueurs aux cotés de la Chine et de l’Inde. Cette absence n’a pas freiné les discussions pour autant. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a affir- mé que «nous nous trouvons à un moment décisif. Il n’est donc plus question de fixer de nouveaux objectifs, mais bien d’atteindre ceux qui ont déjà été fixés lors des précédentes COPs». Les chiffres parlent d’eux- mêmes : 2024 a été l’année la plus chaude en 175 ans d’obser- vation, avec une chaleur océa- nique inédite, et 2025 prévoit

Dix ans après Paris, les pays vulnérables réclament une répartition plus juste des responsabilités, tandis que les grands émetteurs sont appelés à rehausser leurs ambitions.

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