FNH N° 1153-1

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FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 23 MAI 2024

ECONOMIE

mier défi est lié à la réglementa- tion et à la conformité. Les entre- prises devront se conformer à des normes strictes pour garantir la qualité, la sécurité et l’effica- cité des produits. Pour cela, l’Etat doit élaborer des réglementations claires et transparentes pour gui- der et accompagner les entre- prises dans leurs activités, entre- prendre des inspections régulières et mettre en place un système de certification de conformité pour la culture, la transformation et l’usage du cannabis licite. Le deu- xième défi est relatif à la recherche et au développement. L’usage du cannabis thérapeutique néces- site des recherches approfondies pour comprendre les effets phar- macodynamiques de cette plante et de ses extraits ainsi que ses interactions sur les nombreux sites cellulaires. Ces recherches doivent également déterminer les dosages d’utilisation, en plus des interactions éventuelles du cannabis thérapeutique avec d’autres médicaments. Pour cela, les entreprises pharmaceutiques doivent investir lourdement dans la recherche et le développement, en collaboration avec les univer- sités et les centres de recherche, notamment sur le volet des études cliniques. Le but étant de mettre en place des protocoles théra- peutiques basés sur des preuves scientifiques. Les autres défis sont représentés par la formation de l’ensemble du personnel impliqué dans la filière du cannabis licite, allant du cultivateur au commerçant final, en passant par les transporteurs et les transformateurs, dans le but de respecter les bonnes pratiques de fabrication, de prescription, de délivrance, etc. Il s’agit également du défi représenté par le contrôle de la qualité du produit à base de cannabis et de sa sécurité. Ceci passe par un verrouillage de la filière du cannabis licite pour éviter toute fuite vers des circuits illicites ou encore la contamina- tion des circuits licites par du can- nabis illicite. Cela vise, non seu- lement, à garantir la sécurité de l’utilisateur final, mais également celle des travailleurs de la filière

 Les entreprises pharmaceutiques doivent investir lourdement dans la recherche et le développement afin de mettre en place des protocoles théra- peutiques basés sur des preuves scientifiques.

licite. La culture, la transformation et le stockage du cannabis thé- rapeutique ou de ses extraits et dérivés doivent se faire en confor- mité avec les normes nationales et internationales. Enfin, le dernier défi est représenté par la dédia- bolisation du cannabis licite et son acceptation sociale. Il faut rappeler que depuis près d’un siècle, cette plante couramment utilisée par la population maro- caine a été diabolisée et interdite, d’abord par les autorités du pro- tectorat, puis par l’Etat marocain qui cherche aujourd’hui à légaliser l’usage médical, cosmétique et industriel, sans légaliser l’usage récréatif malgré les nombreuses voix qui demandent une légali- sation tous azimuts. Pour réus- sir cette dédiabolisation et cette acceptation sociale, il est impor- tant de sensibiliser la population et les professionnels de la santé, non seulement sur les avantages thérapeutiques du cannabis, mais également sur ses risques. Dans ce cadre, la Fédération maro- caine de l’industrie et de l’inno- vation pharmaceutiques (FMIIP) a organisé avec l’Agence nationale de réglementation des activités liées au cannabis (ANRAC) et la

Direction des médicaments et de la pharmacie (DMP), le 17 mai à Casablanca, un atelier pour dres- ser un état des lieux sur la régle- mentation et les activités relatives au cannabis et présenter les ver- tus médicales des deux princi- paux composants du cannabis, à savoir le Cannabidiol (CBD) et le Tetrahydrocannabinol (THC), notamment en matière de cancé- rologie et de dermatologie. F.N.H. : Y a-t-il des modèles ou des exemples d'autres pays ayant adopté des politiques similaires sur le cannabis dont le Maroc pourrait s'inspirer ? A. B. : L’expérience du Maroc dans l’usage du cannabis licite, notam- ment médical, est très récente. Ainsi, le Royaume doit s’inspirer des politiques des autres pays et en benchmarker les expériences les plus réussies, à commencer par Israël qui reste le leader mon-

dial en matière de recherche sur le cannabis médical. Ce pays a développé un cadre réglemen- taire complet pour la culture, la transformation, la distribution et l’usage du cannabis à des fins thérapeutiques. On peut égale- ment citer l’exemple du Canada qui avait légalisé le cannabis à des fins médicales, mais aussi récréatives dès 2018, et avait mis en place un système de licences pour les producteurs, les trans- formateurs et les distributeurs. En Amérique latine, on peut évoquer le cas de l’Uruguay qui a été le premier pays au monde à légaliser entièrement la production, la vente et la consommation du canna- bis. En Europe, les Pays-Bas ont adopté une approche de tolérance assez originale envers la vente et la consommation dans les coffee shops. Notre pays pourrait s’ins- pirer des expériences de ces pays afin de mettre en place une bonne politique pour le cannabis théra- peutique, cosmétique et industriel. Celle-ci doit garantir la sécurité, la qualité et la conformité réglemen- taire, tout en luttant contre l’usage illicite du cannabis et les réseaux mafieux internationaux actifs dans ce domaine. ◆

Le marché mondial du cannabis médical devrait atteindre, en 2028, 114 milliards de dollars, ce qui offre au Maroc une importante opportunité d’exportation.

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