Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc
Du 26 décembre 2024 - 8 DH - N° 1178
PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC
Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli
«Il faut une harmonisation progressive des cadres réglementaires» Assurances / Zlecaf
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Ouafae Mriouah, CEO de la SCR
CODE DE LA FAMILLE
Le Maroc ajuste sa boussole sociale
● La réforme de la Moudawana, où tradition et modernité semblent s’embarquer dans un mariage harmonieux, souhaite un équilibre entre conservatisme et aspirations progressistes.
P. 2 & 30/31
Marché des capitaux Retour sur les grandes tendances de 2024
Régionalisation avancée
Nouveau gouvernement français Bayrou, l’aventurier de Koh-Lanta
Entre ambitions royales et lenteurs administratives
P. 23 à 25
P. 10 à 16
P. 17 à 19
Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma
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JEUDI 26 DÉCEMBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO
SOMMAIRE
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Editorial
Voyons voir : Cap sur 2025 ! Ça se passe au Maroc Ça se passe ailleurs
Fatima Ouriaghli Directeur général, Responsable de la publication
Code de la famille
e Roi Mohammed VI a présidé, le 23 décembre 2024 au palais royal de Casablanca, une séance de travail, consacrée à la révision du Code de la famille. Cette réunion marque une étape majeure dans ce processus, vingt ans après la mise en œuvre initiale de la Moudawana. Ce monu- L Le Maroc ajuste sa boussole sociale
BOURSE & FINANCES
légale des enfants à la mère chargée de la garde vient également rectifier ce qui était perçu par beaucoup comme une injustice. L’égalité progresse aussi sous d’autres formes, comme la reconnais- sance du travail domestique de l’épouse dans le calcul des biens communs. Cette disposition, bien que symbolique, reflète une avancée significative pour les femmes, souvent invisibilisées dans leur contribution au foyer. Et que dire de la révision de la Nafaqa (pension alimentaire), désormais due dès l’établissement de l’acte de mariage ? Cela pourrait réduire les abus et mieux protéger les femmes abandonnées. Mais la réforme ne se limite pas aux ajustements juridiques. Il s’agit aussi d’un projet sociétal pour renforcer la justice familiale, consolider les droits des femmes, protéger les enfants et préserver la dignité des hommes. En somme, une approche qui rappelle, loin des discours populistes, que la famille, cellule de base de la société, ne peut prospérer qu’en assurant un équilibre à toutes ses composantes. Cependant, ne soyons pas naïfs : traduire ces pro- positions en lois claires, applicables et intelligibles ne sera pas une mince affaire. Les lectures judi- ciaires contradictoires, les interprétations parfois divergentes entre juges, ou encore les résistances sociales peuvent être des freins à la mise en œuvre de cette réforme. Raison pour laquelle le Roi, conscient de ces défis, a insisté sur la nécessité de clarté et de complé- mentarité pour éviter ces écueils. La volonté du Souverain est d’inscrire le Maroc dans une dyna- mique d’ouverture et de progrès. En se projetant au-delà des clivages idéologiques, cette réforme traduit un pari donc sur l’avenir et une foi en la capacité du Royaume à évoluer tout en restant fidèle à son identité. Elle ne sera pas la panacée, mais elle s’annonce comme une avancée majeure pour une société en quête d’équité et de stabilité. En attendant son adoption législative, chacun peut déjà entrevoir les contours d’une Moudawana rénovée, fidèle aux fondements du Royaume et à la hauteur des aspi- rations du peuple marocain. u
Point Bourse Hebdo : Le marché cherche son dernier souffle Entretien avec Ouafae Mriouah : Assurances / Zlecaf, «Il faut une harmonisation progressive des cadres réglementaires» Politique monétaire : Bank Al-Maghrib a-t-il gagné son combat contre l'inflation ?
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Bourse de Casablanca : La croissance ne suffit plus ? Bourse de Casablanca : 2024, une année historique
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Marché obligataire : Retour au calme et baisse des taux en 2024 Gestion d’actifs : Bilan d’une année exceptionnelle pour les OPCVM OPCI : Le cap symbolique des 100 milliards de dirhams franchi
ment juridique, qui avait déjà marqué une avancée significative dans les droits des femmes et la sta- bilité des familles, s’offre ainsi, sous la supervision éclairée du Souverain, une révision dictée par l’évo- lution de la société marocaine. Une réforme mûre- ment réfléchie, où tradition et modernité semblent s’embarquer dans un mariage harmonieux, et qui souhaite un équilibre entre conservatisme et aspi- rations progressistes. C’est pourquoi l’approche adoptée par le Royaume pour cette réforme est à saluer. Pas moins de 100 propositions ont émergé des consultations menées par l’Instance chargée de la révision du Code de la famille, enrichies par des auditions auprès d’acteurs institutionnels, civils et religieux. On imagine aisé- ment les débats animés autour de la table : moder- niser, mais sans heurter; réformer, tout en préser- vant les constantes religieuses et sociales du pays. Le Roi, dans son rôle de garant des valeurs isla- miques et de la justice sociale, a fait jouer son arbitrage royal, notamment sur les points où les avis pouvaient diverger. Une méthode qui témoigne d’une volonté de consensus et d’une attention aux détails, loin des révisions purement techniques ou imposées. Ce qui distingue cette nouvelle réforme, c’est justement cette capacité à concilier le respect des référentiels religieux, tels que le principe de la Maslaha (l’intérêt général), et l’adaptation aux réali- tés sociétales contemporaines. Les propositions qui font bouger les lignes Parmi les amendements envisagés, certains captent particulièrement l’attention. L’autorisation pour les Marocains résidant à l’étranger de se marier sans la présence de deux témoins musulmans, si cela s’avère impossible, est ainsi une reconnaissance des réalités de la diaspora. L’octroi de la tutelle
Nouveau gouvernement français : Bayrou, l’aventurier de Koh-Lanta Entretien avec Me Amar Dib : France, Bayrou à Matignon est une forme de continuité dans un changement qui n’en est pas un» 23 24 POLITIQUE Entretien avec Malika Ahmidouch : Aishore, «Nous avons fait le choix stratégique de nous positionner sur le marché international» 26 L'UNIVERS DES TPME Régionalisation avancée : L’investissement public, un levier pour le développement des territoires Entretien avec Abdelali Doumou : Régionalisation avancée, entre ambitions royales et lenteurs administratives Entretien avec Abdellatif Komat : Régionalisation avancée, «La région s’impose aujourd’hui comme le vecteur de développement de notre pays» Tourisme : Une moisson exceptionnelle en 2024 Commerce de proximité : Une modernisation bénéfique, mais controversée 17 18 19 20 22 ECONOMIE
25 Technologie : Ce que 2025 nous réserve HIGH-TECH
• Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05 • S.A.R.L. au capital de 5.000.000,00 DH - C.N.S.S. 600 50 62 I.F. 1022303 - Patente 35770001 - ICE N° : 001526693000021 Révision du Code de la famille : Les avancées de la réforme présentées par Ouahbi 30 SOCIÉTÉ Gazoduc africain-atlantique : Bientôt le démarrage des phases opérationnelles 32 DEVELOPPEMENT DURABLE
• Directeur des rédactions & Développement : David William • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Ibtissam Zerrouk, Désy Mbakou • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine • Mise en page : Zakaria Beladal
• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com
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FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 26 DÉCEMBRE 2024
VOYONS VOIR
Cap sur 2025 !
d’innover et de renforcer nos interactions avec vous. Nous souhaitons multiplier les événements fédérateurs, offrir des contenus éditoriaux toujours plus pertinents et jouer pleinement notre rôle de média au service de la collectivité. Notre objectif est de consolider la position de notre Groupe en tant que plateforme incon- tournable de réflexion et d’échanges, que ce soit sur des questions financières, écono- miques, voire sociétales. Enfin, nous tenons à vous remercier, vous, chers lecteurs, pour votre fidélité tout au long de l’année. Vos commentaires, vos sugges- tions et votre engagement à nos côtés nous poussent à nous surpasser. A nos annonceurs et partenaires, dont la confiance est un moteur inestimable pour nos initiatives, nous exprimons notre gratitude pour le soutien indéfectible qui nous permet de réaliser nos ambitions. Alors que nous tournons la page de 2024, c’est avec enthou- siasme et optimisme que nous abordons 2025. Que cette nouvelle année soit synonyme de réussite, de prospérité et d’opportunités pour
ment a réuni une diversité d’acteurs : banques, assurances, sociétés de gestion, tous engagés dans la promotion de l’éducation financière. Nous avons pu créer un espace où profes- sionnels et particuliers ont pu échanger sur des solutions concrètes pour un avenir éco- nomique plus inclusif. La forte affluence et les retours positifs ont renforcé notre conviction que ce genre d’initiative est essentiel pour accompagner le développement de l’épargne et de l’investissement au Maroc. Mention spéciale également à notre Salon Auto Occasion, organisé en octobre. Cet évé- nement novateur a permis de dynamiser le marché des véhicules d’occasion, tout en offrant aux consommateurs une visibilité claire sur les meilleures opportunités. Ces succès ne sont pas une fin en soi, mais plutôt une source d’inspiration pour aller encore plus loin. En 2025, nous nous engageons à continuer
V ous tenez entre vos mains le dernier numéro de Finances News Hebdo de 2024. Alors que l’année s’achève, il est temps de faire une pause pour contempler le chemin parcouru et célébrer ensemble les accomplissements qui l’ont marquée. Cette année a été jalonnée d’événements importants que nous avons eu l’honneur d’organiser. Tout d’abord, Les Nuits de la Finance, notre rendez-vous bimestriel incontournable, ont continué de fédérer les leaders et décideurs du Maroc autour de débats enrichissants. Ces dîners exclusifs ne sont pas seulement des rencontres conviviales : ils sont devenus une plateforme d’échange privilégiée qui, au fil du temps, ont gagné en impact et en notoriété. En novembre, le Salon de l’Epargne a brillé par son succès. Organisé à Anfa Park, cet événe- Par D. William
En 2025, nous nous engageons à continuer d’innover et de renforcer nos interactions avec vous.
chacun de vous. Bonne année ! ◆
oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)
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JEUDI 26 DÉCEMBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO
ÇA SE PASSE AU MAROC
Projet de loi organique relatif à la grève
Intégration des travailleuses et travailleurs domestiques L a Chambre des représentants a adopté, mardi soir, à la majorité, le projet de loi orga- nique définissant les conditions et les modalités d’exercice du droit de grève dans son ensemble, tel qu’il a été modifié et approuvé par la Chambre, avec 124 voix pour et 41 contre. Cette séance plénière, présidée par le président de la Chambre des représentants, Rachid Talbi Alami, a été marquée par l’examen d’un ensemble d’amendements, dont de nouveaux qui n'ont pas été examinés auparavant au sein de la commission des secteurs sociaux à la Chambre des représentants. Ces amendements concernent des propositions présentées par le ministre de l'Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l'Emploi et des Compétences, Younes Sekkouri, et d’autres soumis par des députés parlementaires, dont la réduction des délais de notifi- cation de la grève dans le secteur public, le service public ou encore dans le secteur privé pour les professionnels. Parmi les principaux amendements proposés par le gouvernement et adoptés, figure l'intégration des travailleuses et travailleurs domestiques parmi les caté- gories concernées par le droit de grève. Cette catégorie a été intégrée dans l’alinéa 2 de l'article 2 du projet de loi, qui stipule désormais que «la grève implique tout arrêt volontaire et collectif d'exercice de la profession ou du travail de la part des professionnels, travailleurs indépendants, personnes non-salariés et travailleuses et travailleurs domestiques, pendant une période déterminée, en vue de défendre un droit ou un intérêt lié à l'amélioration de leurs conditions professionnelles». Les amendements du gouvernement ont également porté sur la possibilité de recourir à la justice urgente pour suspendre temporairement une grève, en ajoutant un alinéa à l'article 20 stipulant que «les autorités publiques concernées peuvent saisir le juge des référés au tribunal compétent pour obtenir une ordonnance judiciaire en vue de suspendre d’une manière temporaire la grève, lorsque celle-ci menace l'ordre public ou interrompt le service minimum.» Ce projet de loi a fait l'objet de plusieurs amendements au sein de la commission des sec-
Télécoms
Bientôt le déploiement de la 5G L e Maroc se prépare à entrer pleinement dans l'ère de la 5G, en vue de la Coupe d'Afrique des nations 2025 et de la Coupe du monde 2030. Amal El Fallah Seghrouchni, ministre délé- guée chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’Administration, a annoncé au Parlement le déploiement progressif de cette technologie stra- tégique, avec des objectifs ambitieux : atteindre 25% de couverture de la population d’ici 2026 et 70% à l’horizon 2030. Les villes qui accueilleront les matchs du Mondial bénéficieront d’une couverture intégrale. La ministre a également révélé que 6.300 structures administratives publiques seront connectées à la fibre optique d’ici 2026, tandis que 5,6 millions de foyers devraient suivre d’ici 2030. Cette transforma- tion numérique s’inscrit dans une politique globale visant à réduire la fracture numérique, notamment dans les zones montagneuses, et à renforcer les infrastructures de télécommunications. Pour soutenir ces chantiers, le gouvernement accom- pagne les opérateurs à travers des conventions d’investissement. Les efforts consentis en 2023 dépassent les 8,4 milliards de dirhams, témoignant de l’engagement du Maroc à faire des services numériques une priorité nationale, en phase avec son ambition de modernité et de connectivité internatio- nale. ■
teurs sociaux à la Chambre des représentants, notamment l’abro- gation des dispositions concernant l'interdiction des grèves par alter- nance et des grèves politiques, ainsi que la suppression de la mention « peine criminelle la plus sévère» des articles et des peines privatives de liberté. Le nombre d'amende- ments proposés par les différents groupes parlementaires s'est élevé à 334, tandis que le gouvernement en a soumis 56. ■
Soumission aux marchés de Bank Al-Maghrib : La nouvelle règle
A compter du 1 er janvier 2025, toutes les sou- missions aux marchés de Bank Al-Maghrib devront obligatoirement être effectuées par voie électronique via son Portail Achats. «Bank Al-Maghrib rappelle que la période tran- sitoire, instaurée depuis la mise en service le 6 septembre 2024 de son Portail Achats et durant laquelle les soumissions à ses marchés au format papier sont possibles, prendra fin le 31 décembre 2024» , indique la Banque centrale dans une com- munication publiée sur son site. Les soumissions
A ce titre, les fournisseurs désireux de partici- per aux marchés de la Banque devront se doter d'un certificat de signature électronique auto- risé et sont invités, en cas de besoin, à consulter les guides utilisateurs disponibles sur le Portail Achats. Ils peuvent également contacter la cellule d'assis- tance mise à disposition via l'e-mail « achats- assistance@bkam.ma» ou par téléphone sur le numéro « +212 5 37 81 82 84» (jours ouvrables, 9h-16h). ■
au format papier ne seront plus acceptées à partir du 1 er janvier de l'année prochaine.
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ÇA SE PASSE AILLEURS
USA
Afrique
5G
La population devrait atteindre en 2050 quelque 2,5 milliards d’habitants
La Chine franchit le cap d'un milliard d'abonnements L a Chine a franchi le cap d'un milliard d'abonnements à la téléphonie mobile 5G fin novembre, selon les données publiées par le ministère de l'Indus- trie et des Technologies de l'infor- mation du pays. Ces abonnements, au nombre de 1,002 milliard, repré- sentent 56% du total des abonne- ments mobiles dans le pays, soit une hausse de 9,4 points de pour- centage par rapport à fin 2023, indique la même source. Cette croissance est due au déploiement d'infrastructures, avec 4,2 millions de stations de base 5G installées à travers le pays, relève le ministère. La Chine compte désormais 29 stations 5G pour chaque 10.000 habitants, dépassant les objec- tifs fixés dans le 14 ème plan quin- quennal (2021-2025), avait déclaré Zhang Yunming, vice-ministre de l'Industrie et des Technologies de l'information, plus tôt ce mois. ■
La FED poursuivie par les banques pour ses tests de résistance contreproductifs L e secteur bancaire américain a annoncé mardi des poursuites contre la Banque centrale des Etats-Unis (FED), estimant que ses tests annuels de résistance étaient «opaques» et nuisaient in fine à la croissance économique. « Depuis des années, nous avons évoqué nos sérieuses inquiétudes concernant le cadre des tests de résistance et le besoin de les réformer », explique le Bank Policy Institute (BPI), groupe de pression réunissant les plus grands établisse- ments bancaires et financiers amé- ricains. Il argue que ces tests, mis en place par la loi Dodd-Frank après la crise financière de 2008, « continue d'en- traîner des réserves de capitaux inappropriées, volatiles et exces- sives, ce qui réduit les capacités de prêts et la croissance économique ». Les banques affirment en effet que ces tests limitent le volume des prêts qu'elles pourraient accorder aux particuliers et aux entreprises, affectant l'emploi, les marchés de capitaux et augmentant le coût du crédit. ■
L a population de l’Afrique devrait atteindre en 2050 quelque 2,5 milliards d’habi- tants, avec un âge médian de 20 ans, qui sera la plus jeune de tous les continents, selon un docu- ment publié par la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies (CEA), basée à Addis-Abeba. Cette jeune population représente un précieux dividende démogra- phique, qui peut être exploité sous forme de main-d’œuvre pour le développement industriel, lit-on
dans la note conceptuelle du 8 ème Forum des entreprises africaines (Africa Business Forum) prévu à Addis-Abeba en février prochain. « En outre, si l’on tient compte des 60 milliards de dollars dépen- sés chaque année pour l’impor- tation de denrées alimentaires en Afrique, la population nombreuse du continent représente un mar- ché intérieur potentiel considé- rable pour les produits agricoles fabriqués par les chaînes de valeur régionales », relève le docu- ment. ■
Espagne
L a croissance économique en Espagne a atteint 0,8% au troi- sième trimestre, portée par la consommation des ménages et la hausse des exportations, a indiqué l'Institut national de la statistique (INE). Cette performance, iden- tique à celle du deuxième trimestre, confirme la bonne santé de la qua- trième économie de la zone Euro, qui figure actuellement parmi les plus dynamiques des pays membres de l'OCDE. L'Institut de la statistique attribue ces résultats à la vigueur des exportations, qui ont progressé de 0,4% après avoir grimpé de 1,8% et 0,4% aux deux trimestres précé- dents, mais également à la consom- mation des ménages, qui a bondi de 1,2% entre juillet et septembre dans un contexte de ralentissement de l'inflation. ■ La croissance économique atteint 0,8% au troisième trimestre
Royaume-Uni
Croissance nulle au troisième trimestre, le gouvernement sous pression
L a croissance de l’économie britannique est restée nulle au troisième trimestre de l’année en cours, un résultat qui remet en question les promesses du gouvernement travailliste de relancer l’économie. L’Office national des statistiques a révélé, lundi, que la crois- sance du Produit intérieur brut britannique a été nulle entre juillet et septembre, contre une estimation initiale de 0,1%. De plus, l’économie britannique, confrontée à de graves pro- blèmes, risque une stagnation sur toute la deuxième moitié de 2024, selon les analystes de la City, quartier financier de Londres.
La publication de ces chiffres a mis le gouvernement, dirigé par le Premier ministre travailliste Keir Starmer, sous une pression accrue pour son «échec» à remettre l’économie sur les rails depuis son arrivée au pouvoir suite aux élections législatives de juillet dernier. ■
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FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 26 DÉCEMBRE 2024
BOURSE & FINANCES
Point Bourse Hebdo Le marché cherche son dernier souffle
Evolution de l'indice Masi depuis début décembre 2023
L L’épisode monétaire tant attendu de Bank Al-Maghrib n’a pas apporté l’entrain espéré sur le marché actions. Les investisseurs ont préféré «vendre la nouvelle». septembre : après un pic au-delà des 14.900 points, le Masi a clô- turé légèrement sous les 14.800 points, confirmant une fois de plus que le marché a «vendu la nouvelle». Les opérateurs semblent avoir choisi de tempo- riser, attendant des signaux plus convaincants pour reprendre le chemin des sommets. Par Y . Seddik
e bras de fer entre acheteurs et vendeurs a pris une tour- nure presque «théâtrale» cette semaine, chaque camp pesant ses forces sans réellement prendre l’ascendant. Résultat : une progression timide du Masi, qui grappille 0,11% à 14.721 points. Si cette petite avancée a suffi à interrompre une série de trois semaines de baisse consé- cutive, elle ne donne pas encore l’élan nécessaire pour rêver d’un rallye de fin d’année. Mais avec sept séances restantes avant la clôture annuelle, la grande ques- tion demeure : assistera-t-on à un ultime sursaut ou les inves- tisseurs se contenteront-ils d’un gain annuel déjà conséquent de 22% ? Rien n’est moins sûr. L’épisode tant attendu de Bank Al-Maghrib a finalement laissé les investisseurs sur leur faim. La décision de maintenir les taux directeurs inchangés, bien qu’an- ticipée, a suscité un bref assaut haussier, rapidement neutralisé par des prises de bénéfices. En témoigne la séance du mardi 17
TOP Performances
FLOP Performances
Maghreb Oxygène Maroc Leasing Promopharm S.A
-9,21%
CMGP Group électrise le marché
+28,7% +11,11%
CMGP Group Jet Contractors Zellidja S.A
-6,77%
Si le Masi a manqué de panache cette semaine, CMGP Group a brillé de tous ses feux. Dernière recrue de la Bourse, le titre s’est offert une envolée de 26,12%, pour clôturer à 277,40 DH. Une performance qui s’accompagne de volumes élevés : la valeur a capté à elle seule 40% des échanges hebdomadaires, soit 1 milliard de dirhams. Cette effer- vescence a porté les volumes globaux (marché central et de blocs) à plus de 4 milliards de dirhams, un niveau remarquable en cette période de l’année. Sur le marché obligataire, la fin
-5%
+6 %
de l’année 2024 s’est caractérisée par une offre du Trésor à des plus bas depuis le début de l’année. En effet, le Trésor a effectué cette semaine une souscription de 500 MDH face à une demande des investisseurs de 3 Mds de DH. Face à cette maîtrise de l’offre du Trésor sur le marché des adju- dications, les taux primaires ont accusé des baisses importantes par rapport à la séance dernière. Alors que l’année 2024 touche à sa fin, les projecteurs se tournent
vers ces dernières séances qui décideront si le Masi pourra s’offrir un dernier coup d’éclat. Si les investisseurs restent pru- dents, l’ombre d’un rallye de fin d’année plane toujours, avec en ligne de mire les 15.000 points, et au-delà. Mais à mesure que les prises de bénéfices s’intensifient et que la sélectivité domine, il est clair que le marché attend désor- mais un catalyseur puissant pour écrire son dernier chapitre de l’année. ◆
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JEUDI 26 DÉCEMBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO
BOURSE & FINANCES
«Il faut une harmonisation progressive des cadres réglementaires» Assurances / Zlecaf
progressive. Les priorités incluent :
Les compagnies d’assurances et de réassurance souhaitent se positionner dans la chaîne de valeur de la Zone de libre- échange continentale afri- caine (Zlecaf). Jusqu’où peut aller l’intégration du sec- teur de l’assurance dans ce cadre? Eléments de réponse avec Ouafae Mriouah, CEO de la Société Centrale de Réassurance.
• Créer une instance continentale de coordination, qui supervise- rait les réformes réglementaires et assurerait leur cohérence avec les objectifs de la Zlecaf. • S’appuyer sur les structures existantes, comme la CIMA ou la CEDEAO, pour élaborer des normes communes et renforcer les synergies avec les organisa- tions régionales. • Adopter un cadre réglementaire minimal, en établissant des stan- dards de base en matière de sol- vabilité, de gouvernance et de transparence financière, tout en offrant des périodes transitoires aux pays les moins avancés et en leur apportant de l’assistance technique pour renforcer leurs capacités régulatrices. • Favoriser un dialogue inclusif, en impliquant les régulateurs, les compagnies d’assurances, les réassureurs, les assurés, les inter- médiaires … afin que les réformes soient adaptées aux réalités locales. Ces mesures permettront de réduire les disparités actuelles, d’encourager les investissements transfrontaliers et de poser les bases d’un marché d’assurance intégré et durable en Afrique. F.N.H. : Comment les compa- gnies d’assurances peuvent- elles tirer parti de la libérali- sation des échanges et des services pour étendre leur couverture au niveau conti- nental ? O. M. : La Zlecaf offre aux com- pagnies d’assurances et de réas- surance africaines une opportunité
Propos recueillis par Désy M.
Finances News Hebdo : Quels sont les principaux défis auxquels le secteur de l’assurance africain fait face pour s’intégrer pleinement dans le cadre de la Zlecaf ? Ouafae Mriouah : Le secteur de l’assurance et de la réassu- rance africain rencontre plusieurs défis majeurs pour s’intégrer pleinement dans le cadre de la Zlecaf. Parmi ces défis, les diver- gences réglementaires occupent une place centrale, fragmentant le marché et compliquant les initia- tives d’intégration. Les exigences différentes en matière de capital, de solvabilité et de normes comptables entraînent des disparités entre pays. Par exemple, certains pays adoptent des réglementations comparables à Solvabilité II, tandis que d’autres se contentent d’exigences mini- males. Par ailleurs, l’absence d’uniformité dans les normes
comptables, où coexistent IFRS et des standards locaux, complique l’analyse et la comparaison des performances financières. En outre, la régulation de la tari- fication oscille entre des régimes rigides et des marchés plus déré- glementés, ce qui nuit à l’effi- cience globale du secteur. Ces divergences augmentent les coûts de conformité, freinent les investissements transfrontaliers et réduisent les opportunités de coopération régionale. Pour rele- ver ces défis, il est indispensable de travailler à une harmonisation progressive des cadres réglemen- taires, en favorisant une approche
inclusive et coordonnée à l’échelle continentale.
F.N.H. : Quels ajustements réglementaires ou institu- tionnels seraient néces- saires pour harmoniser les cadres juridiques des assu- rances entre les différents pays membres de la Zlecaf ? O. M. : Pour harmoniser les cadres juridiques des assurances dans le contexte de la Zlecaf, plu- sieurs ajustements réglementaires et institutionnels sont nécessaires. Ces ajustements doivent à la fois respecter les spécificités locales et promouvoir une convergence
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FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 26 DÉCEMBRE 2024
BOURSE & FINANCES
unique de développer leur présence sur le continent en profitant de la libéralisation des échanges et des services. Avec un marché africain de l’assurance estimé à 64 milliards de dollars (soit seulement 0,9% du marché mondial malgré 17% de la population mondiale), le poten- tiel de croissance est immense. Le faible taux de pénétration de 3,5% en moyenne cache d’importantes disparités : hors Afrique du Sud, ce taux chute à 1,2% en 2023. Ce constat reflète un déficit important en matière de couverture et de pro- tection, que les assureurs peuvent combler en explorant les marchés sous-assurés ou émergents. Grâce à la libéralisation, les assu- reurs pourront pénétrer de nou- veaux marchés, diversifier leurs portefeuilles et offrir des produits adaptés aux besoins locaux, tout en bénéficiant d’une plus grande
nales coordonnées. Les pools de risques, qui mutualisent les ressources, et l’expertise entre plusieurs pays, constituent une réponse efficace. La Zlecaf amplifie les opportuni- tés, mais aussi les défis pour les entreprises. Elles auront besoin d’une couverture renforcée pour sécuriser leurs opérations et développer leurs activités à l’échelle continentale. Ainsi, en soutenant les entreprises dans la gestion des risques transfron- taliers, le secteur de l’assurance contribue non seulement à leur résilience, mais aussi au déve- loppement économique durable du continent africain. En tant que réassureur, la SCR s’engage à fournir des solutions innovantes et adaptées, tout en jouant un rôle actif dans ces ini- tiatives régionales. ◆
«Avec un marché africain de l’assurance estimé à 64 milliards de dollars, représentant seulement 0,9% du marché mondial malgré 17% de la population mondiale, le potentiel de croissance est immense».
compétitivité et d’une réduction des barrières commerciales. Cette dynamique favorisera également les synergies régionales, l’échange d’expertises et la création de champions continentaux capables de rivaliser avec les leaders mon- diaux. F.N.H. : Dans quelle mesure le secteur de l'assurance pourrait-il contribuer à la résilience économique des entreprises africaines face aux risques transfrontaliers amplifiés par la Zlecaf ? O. M. : Le secteur de l’assu-
rance, et particulièrement la réassurance, joue un rôle clé dans la résilience économique des entreprises africaines face aux risques transfrontaliers. Ces risques, comme les catastrophes naturelles, les risques tech- niques, ou les cyberattaques, s’intensifient avec l’intégration des marchés. En mutualisant les risques à une échelle plus large, la réassurance offre une capacité accrue de pro- tection. Par exemple, la gestion des inondations – l’un des périls les plus fréquents en Afrique – nécessite des approches régio-
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BOURSE & FINANCES
plusieurs effets positifs pour l’éco- nomie marocaine. Tout d’abord, elle contribuerait à réduire les charges d’intérêt pour le Trésor, offrant une marge budgétaire précieuse dans un contexte où d’importants investissements publics sont nécessaires. La reconstruction post-séisme, la transition énergétique et l’orga- nisation de la Coupe du monde 2030 exigent des ressources signi- ficatives, estimées à environ 1,7 billion de dirhams entre 2025 et 2030, soit l’équivalent de 1,2 fois le PIB du Maroc. En outre, un coût de financement réduit favorise- rait la relance de l’investissement privé, clé pour dynamiser la crois- sance économique, prévue à 3,9% en 2025 contre 2,6% en 2024. Selon le bureau de Recherche, les 2 baisses du taux directeur en 2024 permettraient au Trésor d’économiser une charge d’intérêt annuelle avoisinant les 620 MDH. Un alignement avec les grandes tendances mondiales Le Maroc n’est pas isolé dans cette stratégie. Les grandes Banques centrales, comme la BCE et la FED, ont également amorcé des cycles de réduction de leurs taux directeurs. En 2024, la BCE a abaissé son taux principal de 100 points de base, et la FED prévoit un assouplissement cumulatif de 100 points de base en 2025. Cet alignement des politiques moné- taires à l’international offre une fenêtre d’opportunités au Maroc pour ajuster ses propres taux sans compromettre la compétitivité de sa monnaie. Toutefois, certains risques demeurent. Les aléas cli- matiques, le dialogue social et la poursuite du processus de décom- pensation du gaz pourraient créer des tensions inflationnistes locali- sées. Bank Al-Maghrib devra ainsi jongler entre soutien économique et vigilance face aux signaux de surchauffe. Pour l’heure, les indicateurs pointent vers un scénario où BAM disposera encore de marges de manœuvre pour abaisser son taux directeur en 2025, consoli- dant ainsi une reprise économique durable et équilibrée. ◆
L'inflation est revenue à 0,7% en octobre 2024.
La hausse des prix devrait se stabiliser autour de 1% à moyen terme, de quoi justifier la poursuite de la politique accommodante de la Banque centrale. Bank Al-Maghrib a-t-il gagné son combat contre l'inflation ? Par A. Hlimi L Politique monétaire
es prix des produits et services au Maroc sont actuellement bien au-dessus de leurs niveaux de 2021. Mais leur rythme de pro- gression a, lui, beaucoup bais- sé, revenant à moins de 1% en rythme annuel depuis trois mois. Le reflux des matières premières à l'international, notamment les produits pétroliers, et l'ancrage des anticipations des opérateurs économiques après le resserre- ment de vis de Bank Al-Maghrib en sont des raisons. Mais il en existe d'autres, notamment les différentes mesures gouverne- mentales prises ces 2 dernières années pour tenter de freiner la hausse des prix, avec de nouvelles souplesses sur les importations et un soutien au pouvoir d'achat qui, malgré leur faible popularité, contribuent à l'atterrissage de l'in- flation. Les dernières statistiques de Bank Al-Maghrib montrent qu'après une légère hausse à 1,3% au
troisième trimestre, l'inflation est revenue à 0,7% en octobre 2024. Cette décélération est attribuable essentiellement à l’accentuation des baisses des prix des pro- duits alimentaires à prix volatils et des carburants. En parallèle, la progression des tarifs régle- mentés est demeurée inchangée à 1,9%. L’inflation sous-jacente est restée à un niveau modéré, se situant légèrement au-dessus de 2%, soit dans la cible de la Banque centrale, selon le wali. Par ailleurs, les anticipations d’in- flation, telles qu’elles ressortent de l’enquête trimestrielle de Bank Al-Maghrib auprès des experts du secteur financier, indiquent que ces derniers s’attendent à un taux moyen de 2,3% pour l’horizon de 8 trimestres et de 2,4% pour celui de 12 trimestres, ce qui témoigne d'un ancrage des anticipations. Ainsi, pour la Banque centrale, en 2024, l’inflation ressortait autour de 1%, après un taux de 6,1% en
2023. Elle devrait rester modérée à moyen terme, se situant, selon les projections de Bank Al-Maghrib, à 2,4% en 2025 et à 1,8% en 2026. Le Conseil de BAM a entériné une baisse de 25 points de base du taux directeur en décembre, le ramenant à 2,5%. Elle se trouve justifiée par cette inflation désor- mais contenue à des niveaux com- patibles avec l’objectif de stabilité des prix. Mais pour le wali, face à un environnement économique international toujours marqué par des incertitudes, la prudence reste de mise. La Banque centrale désormais tournée vers le soutien à l'investissement Maintenant que l'inflation semble résorbée, BAM peut poursuivre son cycle d'assouplissement pour accompagner la croissance éco- nomique. Pour les analystes de Attijari Global Research, la pour- suite de la baisse des taux aurait
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tielle et pérenne pour susciter l’adhésion des investisseurs. Ces derniers ne sont pas uniquement à la recherche d’une amélioration ponctuelle des résultats, mais bien d’une croissance soutenue et de perspectives claires sur le long terme. Dans un contexte de valorisa- tions tendues, les investisseurs semblent intégrer des scénarios de croissance plus ambitieux, ce qui met ainsi les entreprises sous pression. Autrement dit, lorsqu’une action se négocie à des multiples élevés, chaque point de croissance compte, et toute déception est immédiate- ment sanctionnée.
Malgré une croissance des revenus de 5,3% au 3 ème trimestre, l’indice Masi recule, signe que les investisseurs exigent davantage pour des valorisations élevées. Le marché devient plus sélectif en récompensant uniquement les entreprises capables d’une croissance pérenne et exponentielle. La croissance ne suffit plus ?
Par Y. Seddik
Vers une Bourse plus sélective ?
Le comportement du marché révèle aussi un retour à une cer- taine rationalité. Les investis- seurs semblent chercher à dis- tinguer les performances réelles des effets d’embellie conjonc- turelle. Ils scrutent davantage la capacité des entreprises à maintenir leur croissance dans un environnement post-inflation- niste, à optimiser leurs marges malgré les pressions sectorielles et à investir dans l’avenir pour garantir des revenus récurrents et stables. Le troisième trimestre 2024 consacre un changement de paradigme sur le marché actions. Les investisseurs sont devenus plus exigeants, une conséquence directe des valorisations élevées et d’un environnement où l’appé- tit pour le risque s’accompagne d’une certaine rigueur. Désormais, pour les entreprises cotées, la croissance est une condition nécessaire mais non suffisante pour séduire les mar- chés. Seules celles capables de dépasser les attentes et d’offrir des perspectives solides par- viendront à justifier les niveaux de prix actuels. Dans un marché où chaque Dirham investi doit rapporter plus, la performance financière est un ticket d’en- trée, mais la confiance reste à conquérir. «Qui paye cher, exige plus» ! ◆
de 1,2%, signe que cette crois- sance, aussi impressionnante soit-elle, n’éveille pas un enthou- siasme proportionnel. Peut-être que le marché semble déjà avoir intégré ces résultats dans les cours ? • BTP : Le secteur des BTP affiche une progression de 18% de ses revenus au troisième tri- mestre. Pourtant, sa capitalisa- tion recule de 5,1%. • Cimenteries : Après un second trimestre difficile marqué par une baisse de 8%, le secteur connaît une embellie avec une reprise des revenus de +10 %. Mais là encore, les investisseurs restent sur leur réserve, la capitalisation du secteur se contractant de 1,8%. À travers ces réactions, le mar- ché envoie un message clair : la croissance ne suffit plus, elle doit désormais être exponen- Malgré des performances financières solides dans plusieurs secteurs, les investisseurs se montrent de plus en plus sélectifs.
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es investisseurs en Bourse sont-ils devenus insatiables ? À la lecture des performances du troisième trimestre 2024, la question mérite d’être posée. Car si les revenus des sociétés cotées continuent leur ascen- sion avec une progression de 5,3% – la plus forte hausse enre- gistrée depuis six trimestres –, l’indice Masi accuse un repli de 2% depuis le 20 novembre, selon Attijari Global Research. Une correction qui laisse penser que le marché ne se contente plus de croissance : il exige des résultats supérieurs à des valorisations élevées. Dans ce contexte, la réaction du marché est parlante. Malgré
des performances financières solides dans plusieurs secteurs, les investisseurs se montrent de plus en plus sélectifs. Les valorisations actuelles, relati- vement élevées, imposent aux entreprises un rythme de crois- sance soutenu pour justifier leurs niveaux de prix. Quelques évolutions sectorielles illustrent parfaitement cette dis- cordance entre performances financières et réaction du mar- ché, toujours selon AGR : • Secteur bancaire : Le secteur a consolidé sa place de locomo- tive avec une croissance de +9% du produit net bancaire (PNB) au T3-2024. Pourtant, sa capitalisa- tion boursière peine à décoller. • Secteur minier : Avec des revenus en progression de 18%, le secteur réalise une per- formance notable. En face, sa capitalisation n’augmente que
Les investisseurs semblent chercher à distinguer les performances réelles des effets d’embellie conjoncturelle.
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Bourse de Casablanca 2024, une année historique
investisseurs pour des valeurs de croissance et certains dos- siers spéculatifs. En revanche, tout n’a pas été rose en 2024. Les télécommu- nications accusent une chute marquée de 14,80%, impac- tées par des litiges persistants et une concurrence de plus en plus accrue. Le secteur tech- nologique a reculé de 4,35%, mettant en lumière des défis conjoncturels et un manque de catalyseurs. Enfin, les distribu- teurs ont vu leurs performances baisser de 3,71%, sous l’effet de pressions sur les marges et d’une concurrence exacerbée dans un marché fragmenté. Des perspectives optimistes pour 2025 Les perspectives pour 2025 restent prometteuses. Bank Al-Maghrib prévoit une infla- tion sous la barre des 2,5%, ce qui laisse présager un envi- ronnement monétaire favo- rable. De grands événements tels que la Coupe d’Afrique des nations 2025 et les pré- paratifs pour le Mondial 2030 au Maroc s’annoncent comme des catalyseurs majeurs pour des secteurs comme le BTP et le tourisme. Par ailleurs, les bénéfices des entreprises cotées, en hausse de 15% en 2024, devraient continuer à jouer un rôle moteur. Le programme de reconstruction des régions tou- chées par le séisme d’Al Haouz constitue également un levier économique et social crucial pour renforcer la résilience de plusieurs secteurs stratégiques de la cote. ◆
L'année 2024 a été une année record pour la Bourse de Casablanca, avec une forte hausse du Masi et des volumes d'échanges historiques. Bilan annuel. Par Y. Seddik
L’année 2024 a également été celle des moyennes et petites capitalisations, avec un Masi Mid and Small Cap en hausse de plus de 58%.
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année 2024 s’inscrit en lettres d’or dans les annales de la Bourse de Casablanca. Après une progression de 12,8% en 2023, le Masi, principal baro- mètre de la place casablan- caise, a enregistré une hausse spectaculaire de 21,74% pour atteindre à 14.721,45 points au 20 décembre. Une per- formance qui ferait presque oublier les incertitudes écono- miques mondiales et qui traduit une confiance réaffirmée des investisseurs, portée par une inflation maîtrisée et des pers- pectives économiques solides. Cette année, le regain d’acti- vité s’est surtout traduit par des volumes d’échanges his- toriques. Au premier semestre, le chiffre cumulé atteignait 36,5 milliards de dirhams, soit plus du double de celui de la même période en 2023. Cet essor repose sur l’engouement des investisseurs particuliers, dont les transactions ont été multi- pliées par 4,8, mais également
sur une forte mobilisation des OPCVM et des institutionnels. Cette diversification des profils a renforcé la profondeur et la liquidité du marché. Le 20 novembre restera, à n'en point douter, une date phare dans l'histoire de la Bourse de Casablanca. Dans une ambiance électrique, le Masi a fait tomber son record his- torique de 2008 pour atteindre les 15.049 points. Les gagnants et les perdants de l’année Parmi les secteurs qui ont mar- qué l’année, l’immobilier s’im- pose comme le grand gagnant, avec une progression vertigi- neuse de 202% (arrêtée au 20 décembre), portée par des pro- grammes d’aide au logement et une demande en pleine reprise et des bilans de promoteurs assainis. Quant au secteur de la santé, représenté par Akdital, il affiche une progression de 110%,
témoignant de l’intérêt crois- sant des investisseurs pour la santé privée au Maroc. Dans un contexte de reprise des acti- vités portuaires, le transport, porté notamment par Marsa Maroc, a également brillé avec une hausse de 89%, renforcée par l’intégration de nouveaux marchés africains. L’année 2024 a également été celle des moyennes et petites capitalisations, avec un Masi Mid and Small Cap en hausse de plus de 58%. Une tendance qui témoigne l’appétit des
L’introduction en Bourse de CMGP Group, réalisée le 16 décembre, couronne cette année exceptionnelle. Avec une demande 37 fois supérieure à l’offre initiale, cette opération a mobilisé plus de 33.000 investisseurs et permis de lever 1,1 milliard de dirhams. Les fonds récoltés serviront à renforcer les capacités de production et à financer l’expansion du groupe en Afrique. En l’espace de quelques séances suivant son IPO, l’action a affiché près de 27% de gains au compteur. Une introduction en Bourse emblématique
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