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JEUDI 26 DÉCEMBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

POLITIQUE

France «Bayrou à Matignon est une forme de continuité dans un changement qui n’en est pas un»

F.N.H. : Emmanuel Macron a nommé le vendredi 13 décembre, François Bayrou Premier ministre. Comment interprétez-vous ce choix ? Pensez-vous que cette nomi- nation a le potentiel d’apaiser les tensions politiques provo- quées par la motion de cen- sure ? Me A. D. : D’abord, il faut savoir que sous les deux présidences de Emmanuel Macron, le nom de François Bayrou a systématique- ment été évoqué quand il s’est agi de changer le Premier ministre de la France. Notamment parce que ce fut dès 2017, l’un des premiers responsables politiques à soutenir, avec son parti le Modem, le candidat Macron et à lui apporter un soutien total et les parrainages nécessaires. Il attendait son heure depuis long- temps, c’est aujourd’hui pour lui la consécration qu’il espérait. Les pro- chaines semaines, et les prochains mois, nous diront si François Bayrou est l’homme providentiel dont avait besoin la France… Quant à sa capa- cité à modérer les tensions actuelles, je doute qu’il y parvienne. Rien dans son long parcours ne permet de le croire, ou même de l’espérer. F.N.H. : Dans l’immédiat, quels sont les principaux défis aux- quels François Bayrou devra faire face ? Me A. D. : Il va déjà devoir faire mieux que son prédécesseur, Michel Barnier, qui a dû démissionner face à une motion de censure présentée et portée par une majorité des parle- mentaires de l’Assemblée nationale

Un nouveau gouvernement vient d’être constitué, le quatrième en 2024, ce qui témoigne de l’instabilité politique du pays. Dans un contexte marqué par des tensions internes et une opposition parlementaire divisée, le Premier ministre hérite d’une mission délicate et complexe. Entretien avec Amar Dib, écrivain, sociologue, juge et médiateur international.

Propos recueillis par Ibtissam Z.

de renaître. La gauche n’est plus la gauche, elle se cherche une nouvelle identité, un nouveau souffle, pour se relancer et revenir aux affaires, mais se montre incapable de mobiliser tel- lement elle a beaucoup déçu. Enfin, il reste les extrêmes, à gauche comme à droite, le RN et LFI notamment. Ces derniers essayent d’apparaître comme des alternatives crédibles et en mesure de sauver la République, ses valeurs et son identité, mais ne parviennent pas à constituer une majorité à l’Assemblée nationale leur permettant d’accéder au pouvoir. Viennent se greffer là-dessus les col- lusions en tout genre, les trahisons, les débauchages, les compromis-

sions multiples où chacun privilégie sa carrière et sa réussite personnelle, en oubliant allègrement les véritables soucis des Français… La liste de ce gouvernement baroque, constitué de personnalités hétéroclites, dispa- rates, me parait à l’image des débuts de monsieur Bayrou, très inquiétante. Le Premier ministre s’est dit «fier de sa nouvelle équipe», il n’y a vraiment pas de quoi ! Quand on recycle deux anciens Premiers ministres, dont un certain Manuel Valls, un homme assoiffé de reconnaissance, qui a tout trahi, on peut naturellement pen- ser que ce gouvernement ne va faire que plonger davantage la France dans la division et le chaos…

Finances News Hebdo : La scène politique française traverse une période difficile. Quel regard portez-vous sur cette situation et comment analysez-vous la composition de ce quatrième gouvernement formé en 2024 ? Me Amar Dib : Le spectacle donné par notre classe politique, depuis au moins quinze ans, est par moments assez affligeant et inquiétant, pour conduire les Français à s’interro- ger sérieusement sur le devenir de leur pays. La droite n’est plus la droite, elle suit haletante, et sans véritable conviction, les idées du Rassemblement National pour tenter

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