FNH N° 1176

Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 5 décembre 2024 - 8 DH - N° 1176

PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC

Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli

CMGP Group

«Nous avons une ambition claire, être leader sur nos segments de marché»

L’Afrique au cœur des nouvelles dynamiques mondiales P. 21 à 28

 Entretien avec Y. Moamah, PDG de CMGP

P. 7

De fardeaux à actifs stratégiques CRÉANCES EN SOUFFRANCE

● Le lancement du marché secondaire des créances en souffrance permettra aux banques de libérer de nouvelles capacités financières en cédant ces actifs à des investisseurs spécialisés.

P. 8/9

Fiscalité «Le Maroc doit travailler sur ses facteurs de succès» «La réforme de l’IR, un des points nodaux de la Loi de Finances»

Résultats trimestriels Les financières continuent de tirer la croissance

Parlement La faillite morale de certains élus

 Entretien avec Khalid Doumou, économiste

P. 34

P. 10 à 14

P. 15

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

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JEUDI 5 DÉCEMBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

SOMMAIRE

Editorial

21 21 FOCUS MEDAYS

3 4 5 3 ACTUALITÉ

Attractivité et stabilité : Des indices premium pour le climat des affaires en Afrique Entretien avec Ali Benjelloun : «La souveraineté ne signifie pas la fin de la globalisation» Morocco Now = Africa Now : Une vision panafri- caine et un appel à l’action Entretien avec Moubarak Lô : Pays émergents, «Le principal défi est d’accroître la sophistication de l’économie marocaine» Sahara marocain : Coup de projecteur sur les Provinces du Sud Entretien avec Mossadek Bali : Développement économique, «L’Afrique a tout pour réussir, mais elle doit raconter son propre récit»

Fatima Ouriaghli Directeur général, Responsable de la publication

Voyons voir : Trump : La partie d'échecs écono- mique Ça se passe au Maroc Ça se passe dans le monde

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Le ciel ne répond plus Stress hydrique

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e chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, en plein sommet «One Water» à Riyad, a déroulé le catalogue des efforts marocains pour la gestion hydrique : dessalement d’eau de mer (14 stations existantes, 16 en projet, dont une méga-station à Casablanca), réutilisation des eaux usées, irrigation goutte-à-goutte... Des initiatives soutenues par une politique de barrages agressive, qui est en train de devenir une véritable religion

6 BOURSE & FINANCES

L'UNIVERS DES TPME

34 Parlement : La faillite morale de certains élus 34 POLITIQUE Désertification : Une lutte acharnée et une mobili- sation internationale 32 32 DEVELOPPEMENT DURABLE Entretien avec Selma Berdaï : Kojo, «L'innovation doit être au service des besoins réels du consom- mateur» 35 SOCIÉTÉ 35

d’Etat. Le Royaume dispose en effet d’un impressionnant réseau de 154 grands barrages offrant une capacité de plus de 20 milliards de mètres cubes. Et ce n’est pas fini : 17 nouveaux barrages, avec une capacité additionnelle de près de 5 milliards de mètres cubes, sont en chantier. Objectif : atteindre 25 milliards de mètres cubes d’ici 2030. En théorie, c’est noble, visionnaire même. En pratique, la pluie, elle, n’est pas au rendez-vous. Avec un taux de remplissage moyen des barrages agricoles plafonnant à 28%, soit 3,9 milliards de mètres cubes, la question se pose : à quoi bon construire des châteaux d’eau si les robinets du ciel restent déses- pérément fermés ? Alors que le Maroc subit des sécheresses de plus en plus sévères, peut-on vraiment continuer à miser sur une politique des barrages, aussi ambitieuse soit-elle, pour résoudre une crise hydrique qui semble être là pour durer ? Peut-être est-il temps de reconsidérer nos priorités. Entre l’eau potable pour les populations et l’irrigation pour les cultures, le choix est souvent cornélien. Et pourtant, les chiffres parlent : le secteur agricole consomme à lui seul 80% des ressources hydriques disponibles. Avec seulement 713 millions de mètres cubes attribués aux grands périmètres irrigués cette année, c’est une goutte d’eau face aux besoins. Peut-on continuer à maintenir ce modèle agricole dans un pays de plus en plus… déserté par la pluie ? En tout cas, malgré toutes les initiatives prises et un budget de 150 milliards de dirhams pour des programmes novateurs, le stress hydrique persiste toujours. Alors n’est-il pas pas temps de repenser notre stratégie hydrique ? Investir massivement dans les stations de dessalement et dans la réutili- sation des eaux usées semble plus en phase avec les nouvelles réalités climatiques. Ces solutions, bien qu’onéreuses, ont le mérite de ne pas dépendre de la pluie. Mais aujourd’hui, si tout le monde s’accorde sur le fait que le Maroc ne peut plus se permettre une agriculture aussi hydrovore, l’on doit de même convenir qu’on ne remet pas facilement en question une politique nationale, notamment celle des barrages, qui a été érigée en symbole de succès. Cependant, l’on doute que des barrages désespérément vides servent réellement leur objectif. Peut-on encore parler de «réserve straté- gique en eau» quand la nature refuse de remplir ces réservoirs ? C’est là toute la question. Car, au final, peut-être que l’avenir hydrique du Maroc ne réside pas dans ses barrages, mais dans sa capacité à changer son rapport à l’eau. u

Point Bourse Hebdo : Consolidation et nervosité Entretien avec Youssef Moamah : CMGP Group, «Nous avons une ambition claire, être leader sur nos segments de marché» Banques : Bank Al-Maghrib prépare le lancement du marché secondaire des créances en souffrance Créances en souffrance : Comment réussir le lance- ment du marché secondaire Entretien ave Khalid Doumou : Fiscalité, «La réforme de l’IR sera l’un des points nodaux de la présente Loi de Finances» Résultats trimestriels : Les financières continuent de tirer la croissance

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16 16 ECONOMIE

Désenvasement des barrages : «C’est le moment de lancer un vaste programme» Sous-traitance : Le secteur en quête de nouveaux horizons de développement Entretien avec Abdelkhalek Hassini : Transferts des MRE, De l’attachement affectif à l’engagement productif Villes sans bidonvilles : Les fraudes gonflent la population éligible

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Surpopulation carcérale : L’impact des peines alternatives sera «minime» Entretien avec Me Abdelhakim El Kadiri Boutchich : Travail des enfants, «La création de tribunaux spé- cialisés garantirait un traitement rapide et adapté des affaires»

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HIGH-TECH

Stéganographie : La menace cachée derrière des fichiers anodins

• Directeur des rédactions & Développement : David William

• Mise en page : Zakaria Beladal • Assistantes de direction : Amina Khchai

• Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Ibtissam Zerrouk, Malak Boukhari, Meryem Ait Ouaanna, Désy Mbakou • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine

• Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05

• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com

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VOYONS VOIR

Trump

La partie d'échecs économique

L'autre problème majeur des guerres commerciales, c’est qu’elles finissent souvent par se retourner contre ceux qui les déclenchent. Par ailleurs, en s'attaquant simultanément à la Chine, au Canada, au Mexique et aux pays du BRICS (avec la menace de droits de douane de 100%), Donald Trump pourrait bien accélérer ce qu'il redoute le plus : une alliance stratégique entre ces puissances émergentes contre les Etats-Unis. Les BRICS, aujourd'hui élargis à neuf membres et convoitant le soutien de dizaines d'autres pays, ont déjà manifesté leur volonté de développer une alternative au Dollar pour les échanges internationaux. Et si les menaces de Trump poussaient ce bloc à accélérer cette transition ? Les économistes sont divisés sur la question. partenaires commerciaux des Etats-Unis. La moindre perturbation dans les échanges peut entraîner des effets en cascade non seulement sur les chaînes d'approvisionnement, mais aussi sur les relations diplomatiques. Quant à la Chine, elle dispose de leviers tout aussi puissants. D’ailleurs, elle n’a pas tardé à réagir. Après l’annonce des nouveaux tarifs douaniers américains, Pékin a imposé, lui aussi, des restrictions sur l'exportation de composants essentiels pour l'industrie des semi-conducteurs. Montrant, de fait, que malgré toute la rhétorique de réindustrialisation de Trump, les Etats-Unis dépendent encore largement des importations pour soutenir leur secteur technologique. oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)

Certains estiment que la domination du Dollar est si profondément ancrée qu’elle est inébran- lable à court terme. Mais d'autres avertissent que la politique agressive de Trump pourrait précipiter une coalition anti-Dollar. Les dégâts collatéraux pour les Américains L'autre problème majeur des guerres commer- ciales, c’est qu’elles finissent souvent par se retourner contre ceux qui les déclenchent. Aux Etats-Unis, les consommateurs pourraient être les premières victimes de cette escalade tari- faire. Augmenter les droits de douane, c’est renchérir les coûts des produits importés. Or, de nombreux biens de consommation, des vête- ments aux appareils électroniques, proviennent de Chine, du Mexique ou du Canada. Résultat: une hausse des prix dans les rayons, risque d’alourdir encore le fardeau de l’inflation pour les ménages américains. Les entreprises américaines ne seront pas épargnées non plus. Beaucoup d'entre elles dépendent des chaînes d'approvisionnement transfrontalières pour maintenir leurs coûts compétitifs. Dans l'industrie automobile, par exemple, les constructeurs utilisent des pièces produites au Mexique ou au Canada. Imposer des tarifs élevés sur ces produits revient à aug- menter les coûts de fabrication, et donc à rendre les voitures plus chères pour les consomma- teurs. Quant aux exportateurs américains, ils pourraient être confrontés à des représailles de la part de leurs partenaires commerciaux. En réponse aux tarifs américains, le Mexique et le Canada pourraient imposer leurs propres droits de douane sur les produits agricoles ou indus- triels américains, réduisant ainsi la compétitivité des Etats-Unis sur les marchés mondiaux. Pourtant, malgré ses risques évidents, la stra- tégie commerciale de Trump continue de séduire une partie importante de son électo- rat. Le discours du «Made in America», avec ses promesses de création d'emplois et de renforcement de l'indépendance économique, trouve un écho dans un pays où les inégalités économiques restent criantes. De nombreux Américains perçoivent encore les accords de libre-échange comme responsables de la désin- dustrialisation et de la perte d’emplois dans les zones rurales et ouvrières. En brandissant les droits de douane comme une arme, Trump joue sur ces frustrations. Mais il fait aussi un pari risqué : celui que ses adversaires, confrontés à des tensions internes et des incer- titudes économiques, céderont sous la pression. Une vraie partie d'échecs économique ! ◆

L es droits de douane, c’est un peu le marteau de Donald Trump. Peu importe la complexité du problème, c’est l’outil qu’il semble privilégier pour montrer sa force. A peine élu, le président américain, devenu maître ès provocations éco- nomiques, a en effet annoncé une série de mesures tarifaires tonitruantes, ciblant ses par- tenaires commerciaux traditionnels, notamment le Canada, le Mexique et la Chine, mais aussi les pays du BRICS, avec la promesse d'un retour en force de l'industrie américaine. L’augmentation de 25% des droits de douane sur les produits mexicains et canadiens, et de 10% supplémentaires sur les importations chinoises, est ainsi officiellement justifiée par deux facteurs : l’immigration illégale et le fen- tanyl, responsable de la crise des opiacés aux Etats-Unis. Si l’on ne peut nier la gravité de ces problèmes, on peut raisonnablement s’interroger sur l’efficacité d’une guerre commerciale pour y répondre. Pour Trump, le raisonnement est simple : punir économiquement les voisins nord- américains et forcer Pékin à plier en frappant son portefeuille. Mais comme souvent, ce qui semble simple sur le papier est beaucoup plus complexe dans la réalité. Le Canada et le Mexique sont les premiers Par D. William

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ÇA SE PASSE AU MAROC

Société Générale Maroc

Nouvelle gouvernance A la suite de l’opération de cession conclue entre le Groupe Société Générale et le Groupe Saham, le Conseil de Surveillance de Société Générale Maroc s’est réuni le 3 décembre pour pro- céder au renouvellement de ses instances de gou- vernance et de gestion. Après avoir salué et remercié Jean-Luc Parer pour son mandat réussi, le Conseil de surveillance a nommé Moulay Hafid Elalamy président dudit Conseil. La composition du nouveau Conseil de sur- veillance est la suivante : • Moulay Hafid Elalamy, président • Moulay M’Hamed Elalamy, vice-président • Layla M’Zali, membre • Driss Benhima, membre indépendant • Ghita Lahlou, membre • Jean-Luc Parer, membre indépendant • Mehdi Ghissassi, membre indépendant • Caroline Zanaret-Giros, membre indépendant

membre du Directoire en charge de la supervi- sion et du pilotage des Risques et de la Finance.

Chambre des représentants

«Saham se réjouit d’intégrer Société Générale au Groupe et lui apportera tout son support. Le Conseil de surveillance confirme le Directoire dans ses fonctions et l'appuiera pour renforcer les fondamen- taux de la banque et améliorer en continu la qualité de service à ses clients» , a déclaré Moulay Hafid Elalamy, président du Conseil de surveillance. De son côté, Ahmed El Yacoubi, président du Directoire, a souligné : «Au nom de l’ensemble du Directoire et des collaborateurs, je tiens à remercier le Conseil de surveillance pour la confiance renou- velée envers notre équipe de management. Nous sommes pleinement engagés à accompagner cette nouvelle étape de développement de la banque, avec pour priorité l’accompagnement de nos clients et la contribution au dynamisme économique du pays». A l’issue de la réalisation de l’opération de ces- sion et conformément à la réglementation bour- sière applicable, Saham Finances, Société Générale Marocaine de Banques et Investima – agissant de concert au sens de la loi n°26-03 relatives aux offres publiques sur le marché boursier – déposeront une offre publique d’achat obligatoire visant les actions Eqdom. ■

Le projet de loi sur le droit de grève adopté L a Commission des secteurs sociaux à la Chambre des représentants a adopté à la majorité, mercredi matin, le projet de loi organique n°97.15 définissant les conditions et les modalités d'exercice du droit de grève. A l’issue d’une réunion qui s’est poursuivie de mardi soir à mercredi matin, ce projet de loi a été approuvé par 22 voix pour et 7 contre, sans aucune abstention. Cette réunion, qui s’est déroulée en pré- sence du ministre de l'Inclusion écono- mique, de la Petite entreprise, de l'Emploi et des Compétences, Younes Sekkouri, et du secrétaire d'Etat chargé de l'Emploi, Hicham Sabiry, a été marquée par l’examen et le vote de plus de 300 amendements apportés par différents groupes et groupe- ments parlementaires et des députés. ■

• Amine Lahrichi, membre • Abdelhalim Fadil, membre • Fadwa Ben Saad, membre

Par ailleurs, le nouveau Conseil de surveillance confirme et renouvelle les mandats des membres du Directoire. Sur proposition du président Moulay Hafid Elalamy, le Conseil de surveillance a nommé Jérôme Brun en tant que Directeur général adjoint et nouveau membre du Directoire en charge de la supervision et du pilotage des Risques et de la Finance. La composition du Directoire est la suivante : • Ahmed El Yacoubi, président du Directoire • Asmae Hajjami, Directrice générale et membre du Directoire en charge des Technologies, des Ressources et de la supervision des filiales du groupe • François Marchal, Directeur général et membre du Directoire en charge du Corporate et de la Banque d’Investissement • Mehdi Benbachir, Directeur général et membre du Directoire en charge de l’Exploitation • Jérôme Brun, Directeur général adjoint et

Viande rouge : 920.000 têtes importées L e ministre de l'Agriculture, Ahmed El Bouari, a dressé, mardi au Parlement, un état des lieux du marché de la viande rouge au

Des campagnes de soutien aux éleveurs, comme la distribution d'aliments pour bétail et des pro- grammes de vaccination pour 19 millions d'ovins/ caprins et 1,4 million de bovins, ont également été déployées. L'ONSSA supervise rigoureusement la qualité des viandes importées. Le ministre a souligné les efforts pour restructurer le cheptel, en valorisant les races locales et en renforçant la production de viande et de lait. ■

Maroc, affecté par la sécheresse et la hausse des coûts alimentaires. Pour remédier à la dimi- nution du cheptel national, le gouvernement a mis en place des mesures telles que l'importation de plus de 120.000 têtes de bovins et environ 800.000 têtes de moutons, la suspension des droits d'importation et de la TVA et l'interdiction

de l'abattage des femelles reproductrices.

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ÇA SE PASSE DANS LE MONDE

Q uelque 126 millions d'Américains se sont rendus physiquement dans un commerce pour acheter lors des cinq jours de promotions du «Black Friday», un chiffre en hausse de 3,8% par rapport à l'an dernier. Ils ont aussi été plus nombreux qu'en 2019 (124 millions), soit la dernière année avant la pandémie de coronavirus, selon les chiffres publiés mardi par la Fédération nationale du commerce de détail (NRF), qui prend en compte la période comprise entre la fête de Thanksgiving (28 novembre) et «Cyber Monday», l'équivalent du «Black Friday» sur Internet. C'est le signe d'un retour de l'appé- tit pour le shopping en personne après les années Covid, a estimé le président de la NRF, Matthew Shay, lors d'un point de presse télé- phonique. ■ 126 millions d'Américains se sont déplacés pour acheter «Black Friday»

L’ économie mondiale devrait rester rési- liente en 2025 et 2026 malgré des diffi- cultés considérables, selon un rapport de l’Organisation de coopération et dévelop- pement économiques (OCDE. D'après la dernière édition des «Perspectives économiques» de l'OCDE, la croissance du PIB mondial devrait atteindre 3,3% en 2025 et en 2026, contre 3,2% en 2024. des économies de l’OCDE, l’inflation devrait continuer de diminuer, passant de 5,4% en 2024 à 3,8% en 2025, puis à 3% en 2026, grâce à l’orientation restrictive persistante de la poli- tique monétaire dans la plupart des pays. L’inflation globale est déjà revenue au niveau des objectifs fixés par les Banques centrales dans près de la moitié des économies avan- cées et près de 60% des économies de mar- ché émergentes, selon l'OCDE. ■ La croissance mondiale devrait rester résiliente en 2025 et 2026 OCDE

L e chômage est resté stable en octobre dans la zone Euro, à 6,3% de la population active, un taux inchangé depuis août et qui constitue un plus bas historique, indique l’office européen des statistiques Eurostat. L'indicateur se maintient à son plus bas niveau depuis qu’Eurostat a commencé à compiler cette série en avril 1998 pour les 20 pays ayant adopté la monnaie unique, et ce malgré la faible croissance économique. Sur un an, le taux de personnes sans emploi s'inscrit en baisse de 0,3 point, relève l’office, notant que pour l'ensemble de l'Union européenne, le chômage a atteint 5,9% en octobre, un taux également inchangé depuis août, à son point bas historique. ■ Le taux de chômage stable, à son plus bas niveau UE

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BOURSE & FINANCES

Point Bourse Hebdo Consolidation et nervosité

En recul cette semaine, l'indice Masi a marqué une pause après la fin de la saison des résultats trimestriels. Sur le mois de novembre, il affiche une performance de 4,72%, l'une des plus élevées de l'année.

Evolution de l'indice Masi depuis début décembre 2023

C Par Y . Seddik

tage accuse une baisse marquée de 6,8%. Les industries, quant à elles, marquent une quasi-sta- gnation avec une progression marginale de 0,5% du chiffre d’af- faires. Ces éléments traduisent un certain essoufflement dans plusieurs secteurs clés, bien que la dynamique globale demeure favorable. Un mois de novembre positif Malgré la nervosité ambiante, le Masi affiche une progression de 4,72% en novembre, soutenue par des secteurs performants, en tête l’immobilier (+19,94%), les ser- vices de transport (+17,98%) et la chimie (+10,4%). À l’inverse, des replis notables ont été enregistrés dans l’électricité (-10,23%), les ingénieries et biens d’équipement industriels (-5,63%), ainsi que les distributeurs (-4,74%). L’activité a été animée avec des échanges dépassant 9,1 milliards de dirhams, dominés par BCP avec 11,2% des volumes, suivie de

ette semaine, la Bourse de Casablanca a marqué une pause après avoir atteint un sommet historique au-delà des 15.000 points. Désormais libéré de cette pression symbolique, le Masi a focalisé son attention sur les publications trimestrielles. Mais la nervosité n’a pas tardé à refaire surface, alimentée par des signaux de tassement dans cer- tains secteurs. Dans ce climat de prudence, le marché a interrompu sa série de cinq semaines de hausse consécutive, enregistrant un léger repli de 0,33% à 14.837 points. En effet, si les neuf premiers mois de l’année affichent une dyna- mique positive avec un chiffre d’affaires global en hausse de 4,7% à 230 milliards de dirhams, les résultats du troisième tri- mestre laissent entrevoir un ralen- tissement. Le produit net ban- caire des institutions financières a reculé de 3,5%, tandis que le sec- teur des assurances et du cour-

TOP Performances

FLOP Performances

Zellidja Auto Hall SMI

-9,57%

+9,92% +9,2%

M2M Group Disty Technologies Maghreb Oxygène

-7,27%

-6,31%

+8,75%

Marsa Maroc et Addoha. La capi- talisation boursière atteint désor- mais 756,5 milliards de dirhams. Par ailleurs, l’indice conserve une performance annuelle proche de 23%, confirmant une année exceptionnelle pour la Bourse de Casablanca. Les perspectives pour les résultats annuels restent prometteuses, soutenues par une détente des rendements obliga- taires sur toutes les maturités et des finances publiques solides,

qui renforcent l’arbitrage en faveur des actions. Alors que 2024 approche de son terme, la politique monétaire pourrait jouer un rôle crucial. La réunion de la Banque centrale prévue en décembre suscite une grande attente, certains analystes envisageant une possible baisse du taux directeur. Un scénario qui, s’il se concrétise, pourrait renforcer encore davantage la dynamique actuelle. ◆

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BOURSE & FINANCES

CMGP Group «Nous avons une ambition claire, être leader sur nos segments de marché»

F.N.H. : Votre activité repose en grande partie sur l’eau, un enjeu crucial au Maroc et en Afrique. Comment gérez-vous le stress hydrique qui impacte l’agricul- ture ? Y. M. : L’eau est effectivement au centre de nos préoccupations. Le Maroc traverse un cycle de séche- resse inédit qui dure depuis plus de six ans. Malgré cette situation, le pays a su faire preuve d’une résilience remar- quable, notamment grâce à des poli- tiques nationales visionnaires qui ont permis d’éviter les pénuries graves d’eau potable et de produits agricoles. Chez CMGP, nous travaillons principa- lement avec l’agriculture moderne, qui est moins directement affectée par les aléas climatiques. Nous contribuons également à optimiser l’utilisation de l’eau avec des solutions d’irrigation précises et innovantes. F.N.H. : Quels sont vos objectifs à moyen terme pour CMGP ? Y. M. : Nous avons une ambition claire : être leader sur nos segments de marché, que ce soit par la croissance organique ou externe. Nous continue- rons à investir dans des métiers à forte valeur ajoutée comme le traite- ment des eaux et les énergies renou- velables, tout en poursuivant notre expansion en Afrique et en consolidant notre position sur le marché marocain. F.N.H. : Un dernier mot pour les investisseurs ? Y. M. : Notre introduction en Bourse marque une étape importante pour CMGP. Nous offrons une opportu- nité de participer à l’essor d’un groupe innovant, résilient et engagé dans des secteurs stratégiques pour l’avenir de notre pays et de l’Afrique. Nous avons une vision claire et les moyens de nos ambitions. ◆

À l’occasion de l’introduction en Bourse de CMGP, son PDG et fondateur, Youssef Moamah, revient sur les ambitions du groupe, son positionnement panafricain et sa résilience face au stress hydrique.

Propos recueillis par A. Hlimi

Finances News Hebdo : Nous réalisons cet entretien en plein roadshow de CMGP pour pré- senter l’opération d’introduc- tion en Bourse aux investis- seurs. Comment se déroule ce marathon ? Youssef Moamah : Effectivement, nous sommes en pleine tournée pour rencontrer les investisseurs et leur présenter notre vision et nos ambi- tions. Jusqu’à présent, les échanges se passent très bien. C’est une période intense mais stimulante, car elle nous permet d’expliquer en détail notre métier et nos projets d’avenir. F.N.H. : Pour nos lecteurs qui découvrent CMGP, pouvez-vous résumer les principales activi- tés de votre groupe ? Y. M. : CMGP est un groupe panafri- cain organisé autour de trois grands axes : l’agroéquipement, l’agrofourni- ture et les infrastructures de l’eau. • Sur l’agroéquipement, nous propo- sons notamment des solutions d’irri- gation sophistiquées et du matériel agricole, y compris des systèmes solaires. • Pour l’agrofourniture, nous répon- dons aux besoins des agriculteurs en produits phytosanitaires, engrais, semences ou encore films plastiques. • Enfin, sur les infrastructures de l’eau, nous produisons des canalisations pour l’adduction d’eau potable, l’irri- gation agricole et l’assainissement, tout en développant des solutions de traitement de l’eau par osmose inverse.

F.N.H. : À qui s’adressent prin- cipalement vos produits et ser- vices ? Y. M. : Nous travaillons avec des agriculteurs de taille moyenne à grande, mais aussi avec des instal- lateurs et des revendeurs spéciali- sés dans l’agroéquipement. Notre modèle repose sur une offre glo- bale et intégrée pour répondre aux besoins spécifiques de ces acteurs. F.N.H. : L’introduction en Bourse prévoit en partie une augmentation de capital de 300 millions de dirhams. À quoi ces fonds seront-ils des- tinés ? Y. M. : L’opération totale s’élève à 1,1 milliard de dirhams, dont l’aug- mentation de capital de 300 MDH. Cette enveloppe sera consacrée à deux axes principaux : • L’augmentation de nos capacités industrielles, car l’intégration indus- trielle est au cœur de notre stratégie. Vous avez d’ailleurs pu le constater lors de la visite de nos sites de pro- duction. • La croissance externe, qui a déjà démontré son efficacité. En cinq ans, nous avons réalisé quatre acquisi- tions, dont une majeure en 2021 avec le Comptoir agricole du Souss. Cette stratégie nous a permis de doubler de taille. Nous poursuivons dans cette voie, en ciblant des métiers en forte croissance comme le traite- ment des eaux ou encore des seg- ments où nous souhaitons renforcer notre leadership.

F.N.H. : Vous vous définissez comme un groupe panafricain. Quelle est votre présence en Afrique et quels sont vos projets dans cette région ? Y. M. : Nous sommes présents direc- tement dans quatre pays : le Sénégal, la Côte d’Ivoire, la Mauritanie et le Ghana. Au Sénégal, où nous sommes implantés depuis 2020, nous avons déployé notre modèle «one-stop- shop», offrant une gamme complète de produits et services pour l’agricul- ture. Dans d’autres pays, comme la Mauritanie, nous sommes encore au stade de projets, tandis qu’au Ghana, nous avons commencé par l’agro- fourniture. Au-delà de ces présences directes, nous exportons vers une dizaine de pays africains depuis le Maroc ou à partir de nos hubs régio- naux comme celui du Sénégal, qui nous permet de desservir des mar- chés comme le Mali et la Gambie.

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BOURSE & FINANCES

de crédit. Cette croissance sera éga- lement alimentée par les incertitudes économiques persistantes et l’entrée en vigueur de la prochaine note circulaire de Bank Al-Maghrib relative à la classifica- tion des créances en souffrance. Le projet de loi, qui sera bientôt sou- mis au circuit législatif, lève plusieurs contraintes pour faciliter la cession de cette catégorie d’actifs, notamment les obstacles juridiques liés au consente- ment du débiteur. Les banques cédantes auront en face d’elles des investisseurs spécialisés dans cette classe d’actifs, notamment des opérateurs interna- tionaux. La mise en place du marché secondaire des créances en souffrance bénéficie également de l’accompagne- ment technique de la Société financière internationale (SFI). ◆

 Abderrahim Bouazza, Directeur général de Bank Al-Maghrib

Banques

Bank Al-Maghrib prépare le lancement du marché secondaire des créances en souffrance Piloté par un comité interministériel aux côtés de Bank Al-Maghrib, le lancement du marché secondaire des créances en souffrance permettra aux banques de libérer de nouvelles capacités financières en cédant ces actifs à des investisseurs spécialisés. Par A. Hlimi

L’expérience européenne

Le marché secondaire des créances en souffrance a permis aux banques européennes de réduire sensiblement leur stock, passant de 1.000 milliards d’euros à 350 milliards en quelques années. Pour les experts, ce marché est cyclique. Actuellement, les volumes sont bas, mais maintenir le marché permet de faire face à des périodes de stress. Une autre recommandation pour réussir cette expérience réside dans l’investissement dans les don- nées et dans les entreprises spécia- lisées dans le recouvrement afin de libérer tout le potentiel du marché. Ces opérateurs sont en effet un élément essentiel pour le fonctionnement de ce marché. De manière générale, la qua- lité de l’information et sa disponibi- lité, notamment via des plateformes spécialisées, permet de réduire l’asy- métrie d’information et encourager les investisseurs. Autrement, il est pos- sible d’observer des spreads impor- tants entre les cours acheteurs et ven- deurs. Des écarts supérieurs à 40% ont été observés, y compris sur des prêts garantis, ce qui peut rendre l’attrait de ce marché peu intéressant pour les banques qui viennent s’y refinancer.

B

ank Al-Maghrib a récemment réuni à Casablanca l’ensemble des acteurs de l’écosystème financier pour discuter des apports de la future loi qui encadrera le marché secondaire des créances en souffrance. Une réforme annoncée par le wali de Bank Al-Maghrib il y a quelques années et menée, selon Abderrahim Bouazza, Directeur général de la Banque centrale, de manière inclusive et avec une large concertation avec les acteurs concernés. Les enjeux sont considérables : le mon- tant actuel des créances en souffrance avoisine les 98 milliards de dirhams, soit un peu plus de 8,6% du porte- feuille de crédits des banques et 7% du PIB. Ces montants se sont accu- mulés, entre autres, en raison d’une conjoncture économique difficile pour

les entreprises et les ménages. Ces créances en souffrance sont conservées pour des périodes relativement longues dans les bilans bancaires en raison des délais de recouvrement, mais aussi des contraintes fiscales. En effet, la Direction générale des impôts exige un délai de cinq ans de détention pour bénéficier de la déduction fiscale des provisions. Cette situation pèse sur les fonds propres des banques, leur solvabilité et leur liquidité. La mise en place de ce marché leur per- mettrait de recycler une partie de ces créances, de soulager leurs ratios pru- dentiels et d’offrir de nouvelles capacités de financement. Il convient de noter que le gisement de créances en souffrance du secteur ban- caire devrait continuer à croître naturel- lement avec l’augmentation des encours

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• Optimisation judiciaire : Simplifier les procédures de notification et moderniser les ventes aux enchères sont des priorités, notamment via l’usage des technologies numériques. • Réformes fiscales : L’harmonisation des déducti- bilités fiscales sur les provi- sions et pertes est cruciale pour encourager les transactions. Les apports de la loi La réforme propose une série d’articles législatifs innovants pour sécuriser et simplifier le transfert des CES. D'abord, la cession des créances inclut désormais leurs accessoires (garanties, hypothèques), sans exigences supplémentaires de forme authentique. Elle intègre une dérogation au consente- ment du débiteur, simplifie les transferts, tout en respectant les droits des parties. La Banque centrale souhaite également obtenir un nouveau régime fiscal et des clarifications en matière de réglementation des changes pour encourager les investisseurs étrangers. Un comité interinstitutionnel, sous l’égide du Secrétariat général du gouvernement, supervisera l’ensemble du processus. Ce comité veillera à l’adoption des amendements nécessaires dans les textes juridiques exis- tants et à la proposition de nou- veaux mécanismes adaptés au contexte marocain. ◆

 Le projet de loi, qui sera bientôt soumis

au circuit législa- tif, lève plusieurs contraintes pour faciliter la cession des créances en souffrance.

• Prudence et transparence: Les banques devront four- nir des informations granu- laires sur les portefeuilles de créances non performantes, facilitant ainsi leur valorisation et leur cession. Comment réussir le lancement du marché secondaire Par A. Hlimi L Créances en souffrance Nabil Badr, directeur adjoint de la Supervision bancaire, a présenté la vision de la Banque centrale pour structurer le marché secondaire des créances en souffrance (CES) au Maroc.

a réforme des CES marque une étape décisive pour le secteur bancaire marocain. Elle permettra aux banques de se concentrer sur leur cœur de métier, tout en offrant aux investisseurs une plateforme transparente et structurée. À terme, ce projet pourrait trans- former les défis actuels en opportunités, renforçant ainsi la résilience et la compétitivité du système financier marocain. Ce projet, initié par Bank Al-Maghrib (BAM) avec l'appui technique de la Société finan- cière internationale (SFI), vise à libérer les bilans des banques tout en offrant des opportuni- tés nouvelles pour les investis- seurs et les institutions finan- cières. Il arrive à un moment clé où les créances en souf- france ont connu une hausse continue, accompagnée d’un taux de sinistralité bancaire

élevé, avec un doublement des encours en quelques années pour atteindre les 98 Mds de dirhams. En réponse, les pro- visions pour pertes ont aug- menté, traduisant une gestion proactive mais coûteuse pour les banques. En comparaison avec les standards internatio- naux, notamment européens, le Royaume affiche des écarts significatifs en termes de struc- turation et d’efficacité du mar- ché des CES. Au Maroc, les processus de recouvrement des créances manquent de robustesse, limitant la performance des banques qui subissent de plein fouet l'effet sur leurs fonds propres. La mise en place d’un cadre réglementaire et pruden- tiel clair est essentielle pour soulager les impacts sur le sec- teur. L’étude de la SFI identifie plusieurs leviers de réforme :

Les activités de marché boostent les performances à fin septembre Al Barid Bank

A l’issue des neuf premiers mois de l’exercice 2024, le produit net bancaire (PNB) d’Al Barid Bank a atteint 2,41 milliards de dirhams, enregistrant une forte progression annuelle de +53,2 %. Cette évolu- tion s’explique par la contribution significative des activités de mar- ché dont le résultat évolue de +218,6% ainsi que par la bonne tenue des activités récurrentes de la banque à travers l’amélioration de +14,5% de la marge nette d’intérêts et de +10,7% au titre de la marge sur commissions. Les performances commerciales et financières de la banque permettent ainsi d’enregistrer un résultat net (RN) de 501 millions de dirhams à fin septembre 2024, soit une variation annuelle exceptionnelle de +239,6%.

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Fiscalité «La réforme de l’IR sera l’un des points nodaux de la présente Loi de Finances»

social, que ce soit au niveau du processus de généralisation de la protection sociale au travers de l’Assurance maladie obliga- toire (AMO), la mise en place des indemnités de chômage, ainsi que la généralisation de l’adhé- sion aux caisses de retraite. On constate que le ministère de la Santé sera doté de plus de 32 milliards de dirhams, soit 7% du budget général de l’État. Il en est de même pour le secteur de l’éducation nationale, écoles et universités incluses, avec l’alloca- tion des enveloppes supplémen- taires de 11 milliards de dirhams dédiées à l’éducation nationale et de 16,4 milliards à l’enseignement supérieur. En ce qui concerne la maîtrise du pouvoir d’achat des ménages, la Caisse de compensation sera dotée de quelque 16,5 milliards de dirhams, destinés à soutenir le gaz butane, le sucre, le blé tendre et la farine de blé tendre. La consolidation de la dyna- mique d’investissement produc- tif, c’est-à-dire celle qui est créa- trice d’emplois, est également un axe majeur de ce présent PLF. L’emploi dans le secteur privé représente 10 millions de per- sonnes, tandis que celui dans le secteur public touche 1 million d’individus. Cette année, les nou- veaux postes budgétaires à pour- voir dans la fonction publique s’élèveront à 28.906. Ce chiffre montre clairement que la créa- tion de nouveaux emplois repose essentiellement sur le secteur privé, qui doit répondre à la

La Loi de Finances 2025 fait de la réforme de l’impôt sur le revenu une priorité. Plusieurs mesures ont été adoptées pour alléger la pression fiscale, particulièrement sur les ménages. Entretien avec Khalid Doumou, expert financier et économiste.

Propos recueillis par Ibtissam Z.

Finances News Hebdo : La réforme fiscale se poursuit pour la troisième année consécutive. Quelles sont, selon vous, les mesures clés prévues pour 2025 ? Khalid Doumou : Tout d’abord, il faut savoir que le présent PLF entre dans le cadre d’une pro- grammation pluriannuelle des finances publiques, c’est-à-dire qu’il est élaboré dans un cadre pluriannuel de recettes et de dépenses de l’État fixant les prio- rités sectorielles sur un horizon temporel qui varie entre 3 et 5

ans. La programmation doit se fonder sur des priorités, car on ne peut pas répondre à toutes les demandes sociales en une année, et il faut donc les étaler dans la durée. Cette programmation plurian- nuelle a 3 objectifs : assurer la soutenabilité budgétaire, per- mettre une meilleure allocation des ressources et enfin contri- buer efficacement à la perfor- mance de l’action publique, tout en consacrant la transversalité de celle-ci. Le défi réside, pour le département du budget, de trou-

ver le juste équilibre entre rigueur et flexibilité. L’approche hybride adoptée chez nous doit permettre de garantir une gestion financière respon- sable et une réactivité suffisante face aux enjeux émergents. Désormais, la Loi de Finances doit être adossée à un objectif de réduction de l’endettement (pré- vision de 69% du PIB en 2025 et un déficit budgétaire de 3,5%). Le PLF 2025 proprement dit a été conçu autour de quatre axes majeurs : il y a d’abord la pour- suite de la consolidation de l’État

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demande d’un vivier de 1,6 million de personnes, auquel s’ajoutent environ 300.000 nouveaux diplômés chaque année. La mise en œuvre effective de la politique de régionalisa- tion avancée est également un chantier gigantesque qui est en train d’être déployé dans notre pays. A cet effet, la part des collectivités locales dans le produit de la TVA devrait passer de 30 à 32% dans le présent PLF. En ce qui concerne le qua- trième axe, il s’agit bien enten- du du travail sur la soutena- bilité de la dépense publique, qui est une constante dans tout PLF. Dans cette optique, le gouvernement actuel compte maintenir le déficit des dépenses publiques entre 3,5 et 4% du PIB dans les pro- chaines années. Les dépenses de fonctionnement de l’État représentent 58% du budget général de l’État, les dépenses d'investissement 23% et le service de la dette 19%. Autant dire que les établisse- ments et entreprises publics sont très budgétivores. C'est pour cela que l'on attend avec impatience les résultats de l'évaluation en cours des 273 entreprises et établissements publics rendue par l’Agence nationale de gestion straté- gique des participations de l’État (ANGSPE). Selon toute vraisemblance, le Trésor public marocain devrait emprunter 125 milliards de dirhams en 2025 (65 en interne et 60 grâce à des sorties à l'international), pour permettre l’équilibre du budget général de l’État. Pour ce qui est du salariat, une révision du barème de l’impôt sur le revenu (IR) va être réali- sée. La réforme de l’IR sera l’un des points nodaux de la pré- sente Loi de Finances. Ainsi, le taux le plus élevé (dit taux marginal) a été revu à la baisse de 38% à 37%. Cette décision est accompagnée d’un relève-

ment de la tranche exonérée de 30.000 à 40.000 DH par an. Quant au seuil du revenu exonéré d’IR, il a été doublé de 3.000 DH brut, à 6.000 DH brut. Par ailleurs, les retraités ont été inclus dans cette exo- nération. Ainsi, les pensions et rentes viagères versées dans le cadre du régime de retraite de base seront exonérées de l’IR en deux phases : 50% en 2025 et 50% en 2026. Au Maroc, il est de notoriété publique que 30% des recettes de TVA sont redistribuées par l’État aux collectivités locales, pour aider à leur financement intrinsèque. Ce taux va passer dans la Loi de Finances 2025 à 32%. La baisse tendancielle du taux d’inflation et le relèvement de ce genre de seuils d’exoné- rations devraient avoir des répercussions intéressantes sur les plus bas revenus, en termes de renforcement de pouvoir d’achat. F.N.H. : Grâce à des exo- nérations ciblées, quelles pourraient être les retom-

bées de cette réforme sur les entreprises ? Et dans quelle mesure cette refonte pourrait-elle encourager la création d’emplois formels ? Kh. D. : Ces exonérations ou réductions d’impôts accor- dées à certains contribuables soit pour des raisons sociales, soit en vue d’incitations éco- nomiques, s’appellent dans le jargon des spécialistes, des dépenses fiscales. Si elles sont parfois autorisées, elles doivent être sujettes à des évaluations ex-ante et ex-post, pour ressortir avec une étude d’impact objective et scienti- fique qui, bien entendu, doit être réalisée par des équipes qui n’ont pas elles-mêmes conçu ces exonérations. L’abandon de ressources fis- cales doit générer un véritable

retour de croissance dans les territoires où ils sont permis. Ce retour de croissance sup- pose que l’on arrive à conci- lier une réhabilitation ou une refondation du système fiscal qui puisse répondre à plus de justice fiscale et de justice sociale. Les dépenses fiscales sont passées de près de 38 mil- liards de DH en 2022 à 35,4 milliards de DH en 2023. En 2024, une nouvelle baisse est attendue grâce à la réforme de la TVA proposée par le pro- jet de Loi de Finances 2024. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, l’informalité est définie très souvent de façon formelle. Elle désigne l’ensemble des flux écono- miques qui échappent à la législation en vigueur. Pour information, le secteur infor- mel coûterait à l’État un manque à gagner fiscal de 34 milliards de DH par an. Les TPME représentent, selon les sources, entre 95% et 98% du tissu économique maro- cain. Quant au secteur infor- mel, il est estimé aux alen-

Pour qu’une politique fiscale soit fructueuse, il faut que tous les contribuables consentent à un impôt qu’ils ne jugent ni inique, ni exagérément pénalisant.

 Le secteur informel coûterait à l’État un manque à gagner fiscal de 34 milliards de DH par an.

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