FNH N° 1176

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JEUDI 5 DÉCEMBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

BOURSE & FINANCES

La flambée des prix qui s’en est suivie, a frappé de plein fouet les ménages maro- cains. Le litre d’huile d’olive, qui coûtait environ 70 à 80 dirhams, dépasse aujourd’hui les 120 dirhams, rendant ce produit de base inaccessible pour de nombreux consom- mateurs. Bien évidemment, la défense du consomma- teur marocain est primordiale quand les pouvoirs publics jugent que certaines filières doivent être défendues contre vents et marées. A mon humble avis, deux types de considération doivent être prises sérieuse- ment en considération par le régulateur marocain, à savoir la nécessité de défendre cer- taines filières de production nationale en termes d’em- plois, et la défense du pouvoir d’achat des ménages, quitte à subventionner certaines filières de manière directe ou indirecte. L’établissement des straté- gies d’approvisionnement spécifiques à notre pays (pro- duction nationale ou recours à l’importation) doit, en tout état de cause, renforcer la coo- pération entre les adminis- trations fiscale et douanière pour, d’une part, défendre le tissu productif national et, d’autre part, essayer de défendre notre souveraineté énergétique et alimentaire, à chaque fois que cela est objectivement possible et souhaitable. Si à certains moments de notre histoire économique, le recours «tactique» ou conjonc- turel à la baisse des barrières tarifaires s’avère nécessaire pour répondre à la défense du pouvoir d’achat des ménages et à la préservation de la paix sociale, ou au comblement d’un déficit de production domestique passager, il faut envisager le recours à l’arbi- trage des marchés d’exporta- tion étrangers. ◆

 Pour accroître l’étendue de l’assiette fiscale globale, il faut appliquer des taux acceptables et non prohibitifs.

favoriser la préférence natio- nale et la politique de subs- titution des importations par de la production nationale, à qualité égale, la seule véri- table question qui devrait se poser sur la baisse ou l’annu- lation des droits de douane et taxes assimilées, à certaines périodes, est de savoir si ces mesures sont conjoncturelles, ou si elles sont structurelles. Dans la continuité de la question précédente sur la défense du pouvoir d’achat des ménages marocains et de certaines corporations par rapport à des produits de pre- mière nécessité ou matières premières stratégiques, il faut savoir que l’utilisation intel- ligente de la fiscalité est pri- mordiale pour la défense de certaines filières qui peuvent avoir des répercussions directes sur le panier de la ménagère. La viande rouge, l’huile d’olive et le miel sont des produits consommés à hauteur de 17kg/hab/an (22,8 kg par ménage pendant Aïd Al-Adha pour la viande rouge), 4,1Kg/

hab/an pour l’huile d’olive et 250 g/hab/an pour le miel. Contribuant à la garantie de la sécurité alimentaire du pays en assurant la satisfac- tion de près de 98%, la filière viandes rouges joue un rôle très important aux plans éco- nomique, social et nutrition- nel. Le développement de la filière a permis la création de 44 millions de journées de travail à tous les niveaux de la chaîne de valeur de la filière (production, transformation, commercialisation et distribu- tion de la viande et des pro- duits de la viande). Le secteur des viandes rouges joue éga- lement un rôle principal dans l’approvisionnement du sec- teur de l’industrie et de l’arti- sanat en matière première, à savoir la laine et le cuir.

Face à une situation deve- nue périlleuse pour le pou- voir d’achat des ménages, une intervention urgente a été réclamée de toutes parts afin de pouvoir juguler l’envolée des prix des viandes rouges. En ce qui concerne la baisse des droits de douane de 40% à 2,5% sur le miel de table, les apiculteurs sont en colère et avancent que cette décision non fondée, selon eux, risque de mettre en péril 36.000 emplois de la filière apicole, et profiter à 20 entreprises maro- caines qui en importent déjà. Face à une baisse de produc- tion de 40%, le Maroc sus- pend les droits de douane sur l'huile d'olive et se tourne vers le Brésil. Traditionnellement, le Maroc figure parmi les prin- cipaux producteurs mondiaux, avec une production annuelle moyenne dépassant les 140.000 tonnes. Cependant, les conditions climatiques défavorables ont réduit cette capacité à environ 95.000 tonnes, créant un déséquilibre entre l’offre et la demande sur le marché intérieur.

La défense du consommateur marocain est primordiale quand les pouvoirs publics jugent que certaines filières doivent être défendues contre vents et marées.

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